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lundi 27 février 2023

Les Sources de Marie-Hélène Lafon

 

Édition Buchet-Chastel
★★☆☆☆

 J’ai connu Marie-Hélène Lafon avec « L’Annonce » (prix des libraires en 2010) et son écriture m’avait immédiatement séduite. Et à en relire rapidement quelques pages, je trouve que cette écriture avait, à cette époque, un souffle, une vigueur, une forme d’impertinence qu’elle a perdue. Pour aller droit au but, j’ai été vraiment déçue par la lecture de ce dernier roman « Les Sources » et je comprends mal l’enthousiasme qu’il a suscité. La phrase, certainement pour dire l’ennui, le silence, se veut simple, sobre, dépouillée. Mais je finis par la trouver terne, trop sage, trop tenue surtout quand elle sert un sujet comme celui de la violence conjugale. Parfois certaines formules se veulent crues mais l’on a l’impression que cette brutalité soudaine est fausse, fabriquée, pesée, placée là parce que c’est le moment et dans le fond, ce vocabulaire, on ne le sent pas sien. Disons-le franchement : le sujet ne convient pas à l’autrice. M-H Lafon me semble s’être emparée d’un thème dans l’air du temps, mais elle ne parvient pas à en exprimer toute l’horreur, toute l’abomination. Elle lâche ici et là quelques mots plus durs. Mais ça ne prend pas. Tout est trop bridé, réfléchi, irréprochable dirait-on. Trop classique peut-être. Et l’on sait que ce texte, on l’oubliera bien vite.  




dimanche 5 février 2023

Je serai jamais morte de Fabien Drouet

Éditions Les Lisières
★★★★☆

 Et, hop, une de plus, dans ma besace… Je les collectionne les histoires de grand-mère, il faut dire, j’adore ça… Tiens je me souviens de « La grand-mère de Jade » de Frédérique Deghelt… qu’est-ce que j’avais aimé ce roman… Dans tout ça, c’est sûr, je dois rechercher celle que j’aimais tant… Bon, en tout cas, la mémé de l’auteur, Fabien (Fabé), elle n’est pas piquée des vers. Un sacré caractère comme on dit ! Celle qui pense que « les vieux, ça devrait mourir avant d’être vieux », a bien fait de tenir le coup parce que franchement, elle est marrante et attachante avec son franc-parler, ses remarques pleines de vérité, sa parlure bien à elle et son p’tit côté intrusif… Un vrai personnage de roman… Mais attention, ne lui dites pas ça, elle refuse le statut de « personnage inventé » même si elle admet qu’elle a quelque chose que les autres n’ont pas … Mais quoi ?

Des petits récits, des bribes d’existence qui alternent entre le passé, une enfance à Oujda au Maroc, un mari chef de gare et toujours à l’heure pour aller tailler une p’tite bavette avec la voisine… et le présent plein de fantaisie et de petits problèmes qui cassent bien les pieds : tiens, la télécommande qui ne marche plus par exemple (manquerait plus qu’on manque « Questions pour un champion »!), le whisky qu’on prend pour du vin, les regrets pour le charcutier de l’Intermarché de Meyzieu (ohhh, les rillettes!), le titre « Mes années passées » qui aurait été un bien meilleur titre que « Je serai jamais morte » (là, je suis pas sûre, mémé, vraiment pas sûre...), tous les canards tués pour rien à cause de la grippe aviaire et que l’on n’a même pas pu manger….

Heureusement, il y a le petit coup de pinard et les tandooris/ frites qui remontent le moral !

« Tu les racontes à personne ces histoires parce que si…. Non mais si, tu peux les écrire finalement c’est bon ils sont tous morts. »

Un récit sensible, tendre, vivant où la poésie vient se glisser très souvent au détour d’une phrase… par petites touches. Enfin, c’est juste mon ressenti parce que pour Mémé : « personne a jamais aimé pour de vrai les poèmes d’ailleurs, c’est pas vrai ce que je dis ? »

Pure vérité, Mémé, pure vérité !

En tout cas, Mémé, poésie ou pas, c’est réussi et c’est un rudement beau portrait ! Il y en a qui ont de la chance !