dimanche 31 janvier 2016

Le Voyage de M.de Balzac à Turin de Max Genève


Saviez-vous qu’au mois de juillet 1836, Balzac quittait Paris en calèche pour se rendre à Turin avec une jeune femme déguisée en page ?
Cet épisode pour le moins romanesque est le sujet du dernier livre de Max Genève : Le Voyage de M. de Balzac à Turin.
Non, cette jeune femme n’est pas George Sand, elle s’appelle Marcel, de son vrai nom Caroline Marbouty, elle est mariée, a deux enfants et elle écrit à une époque où les publications des femmes sont rares.
En décembre 1835, Balzac directeur de La Chronique de Paris  avait commandé une nouvelle qu’elle avait signée Marcel. Il lui en demandera d’autres et en lui proposant cette petite escapade, il espère obtenir davantage encore de cette jolie jeune femme. Seulement, Balzac est prudent, il ne veut pas que le grand amour de sa vie Mme Hanska, ainsi que ses autres maîtresses parisiennes Mme de Berny et Mme Guidoboni-Visconti apprennent qu’il voyage avec une jolie jeune femme, d’où ce déguisement qui, en réalité, ne trompe personne.
 Ce voyage tombe à pic ! Balzac croule sous les dettes: son journal fait faillite; sans cet appui, ses vues politiques n’ont aucune chance de se concrétiser, le Lys dans la vallée se vend mal, et l’écriture de ses romans l’a épuisé.                       
Par chance, ses amis, les Guidoboni-Visconti lui demandent de les représenter à Turin pour une affaire de succession un peu compliquée : le romancier a quelques notions de droit, cela fera l’affaire !
Et nous voilà partis sur les routes avec Balzac et son petit page : Chambéry, la Grande Chartreuse, le Mont-Cenis, Turin. Les visites de la ville le long du Pô, dans les petites ruelles bien fraîches où flotte l’odeur des figuiers et des lauriers sont délicieuses. On pénètre dans les jardins de l’avocat Luigi Colla à Rivoli, on grimpe jusqu’à l’église Santa Maria del Monte dei Cappucini et l’on chevauche jusqu’à Superga pour découvrir les tombeaux des princes de Savoie. Les soirées, dans les belles villas aristocratiques, où Balzac est reçu en invité de marque, ont tout autant de charme…
C’est sans conteste un périple très documenté, agréable pour le lecteur qui découvre la ville aux côtés d’un Balzac devenu compagnon de voyage. Parenthèse peu connue de la vie de l’écrivain qui n’est pas représenté comme on a l’habitude de le voir : penché sur sa table de travail, même si cela finit par lui manquer. Quel homme !
J’avoue que j’aurais tout de même aimé en savoir plus sur cette femme, « Marcel », qui demeure trop souvent au second plan : qui était-elle vraiment ? Comment a-t-elle vécu cette aventure dans sa vie ? L’épilogue se recentre sur elle mais le mystère demeure… finalement, elle reste dans l’ombre du génie… 

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