Si vous aimez le cinéma de Rohmer
alors, ce livre est pour vous ! Les autres, abstenez-vous : votre
poil risque de se hérisser et vos allergies de refaire surface.
Des jeunes adultes se
retrouvent dans une maison de campagne appartenant aux parents de l’un d’eux
afin de fêter l’anniversaire de leur amie Félicie. Ils y resteront deux jours à
discuter, s’observer, boire, manger…plus quelques activités annexes.
C’est tout ? Oui, c’est
tout ! Et pourtant, j’avoue que je n’ai pas lâché le roman. Bon, c’est
vrai, j’aime beaucoup Rohmer et je crois que c’est un livre qu’il aurait aimé
adapter au cinéma.
La narratrice Sara est en
quatrième année de thèse mais elle veut tout plaquer : « j’avais
décidé de tout arrêter pour ouvrir un bar. Ou pour vendre des fleurs. ».
On sent quelqu’un d’assez tourmenté, un peu perdu. Elle a vingt-neuf ans, l’âge
où il faut se décider : quel métier, quelle vie, quel conjoint, quel
endroit ? Pas simple en effet. Tout est à construire, à créer, à mettre en
place. Et pour combien de temps ? Quand on y pense, ce ne sont pas les
années les plus faciles de la vie : trop de décisions à prendre !
La voiture de Félicie et d’Alex
arrive enfin. Ils semblent contrariés. Ça commence bien ! Sara apprend
qu’en plus des copains prévus, Valérie et Gabriel, il y aurait Etienne et Hugo.
Hugo Forest, celui qui l’a quittée il y a quelques années, la plongeant dans
une douleur insondable.
Partagée entre l’appréhension de
le revoir et la curiosité de le redécouvrir, elle se sent en miettes, s’interroge
inlassablement sur son comportement et celui des autres, observe le moindre
déplacement, analyse dans le détail des propos qui pourraient paraître
parfaitement insignifiants, cherchant à comprendre qui elle est vraiment et qui
sont ces gens qu’elle nomme ses amis.
Tout est décortiqué, passé à la
moulinette : telle intonation, tel rire, tel sous-entendu, tel soupir.
L’alcool aidant, les pensées s’emballent, le mal-être aussi. S’installe comme
une impression de vacuité : « J’avais l’impression qu’on parlait
autour de quelque chose et qu’on riait à l’écho de nos propres répliques. »
Faut-il être sincère ? Peut-on
cacher ses émotions ? « Je taisais ce que je pensais la moitié
du temps et j’édulcorais le reste. » Pas faciles les relations humaines
surtout quand on est très sensible comme l’est Sara : « Il n’y
avait sans doute que moi qui traînais les marques du moindre tressaillement pendant des
années. »
Certains ont recours à
l’hypocrisie ou au mensonge, a-t-on le choix ? « Les gens dansent
parfois ensemble. Mais personne ne pense à personne. » Doit-on faire
semblant d’aimer, semblant d’être heureux, semblant d’être tout court ?
Questions qui donnent le vertige,
qui font douter…
Au-dessus d’un petit groupe parti
en promenade, semble planer comme une menace incarnée par des rapaces qui volent
dans les airs, inquiétant fortement les jeunes filles. D’ailleurs, les
cadavres d’animaux pullulent dans l’oeuvre jetant sur cette jeunesse l’ombre de
la mort ou en tout cas, l’idée qu’ils ne vont pas s’en sortir comme ça. Mauvais
présage en tout cas.
Un roman peut-être pas si léger
qu’il en a l’air…
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