Éditions Philippe Rey
traduit de l'anglais (États-Unis) par Claude Seban
✦✦✦✦✧ (J'ai beaucoup aimé)
Andrew
J.Rush, 53 ans, est fier de lui : écrivain reconnu et adulé,
on peut dire qu'il est heureux ! Auprès de sa femme Irina, il
mène une petite vie tranquille dans sa belle maison du New Jersey où
il peut écrire ses « romans à énigmes et à suspense,
pimentés d'une touche de macabre qui se vendent bien » en
admirant un paysage absolument magnifique. Rien de choquant dans ses
romans, non, ce n'est pas son genre. « Jamais d'obscénité
ni même de sexisme. » Des romans qui se terminent bien :
les méchants sont punis comme il se doit. La moralité est sauve !
Il est d'ailleurs surnommé le « Stephen King du
gentleman ».
Mais
comme vous le savez, les êtres sont complexes et Andrew, derrière
ses allures de romancier « propre
sur lui », écrit d'autres textes nettement moins
recommandables qu'il publie sous un pseudo « Le valet de
pique » et ces textes pourraient aller jusqu'à inspirer
dégoût et répulsion à certains lecteurs… Tout se passe comme si
notre Andrew était un être double, une espèce de Docteur Jekyll et
Mister Hyde de la littérature, qui se laisserait aller à tous ses
plus bas instincts, à l'immoralité la plus totale et au Mal avec
une majuscule lorsqu'il se livre à la rédaction de ses romans
signés « Le valet de pique » .
D'ailleurs,
ce sont des romans qu'il écrit la nuit dans un état quasi
hypnotique et souvent sous l'emprise de l'alcool. Tandis qu'il peine
à écrire sous son vrai nom, il remplit de façon frénétique
dans un élan d'exaltation intense voire de démence fébrile un
nombre incalculable de feuillets sous son pseudo diabolique. Bien
sûr, aucun des membres de sa famille n'est au courant de sa double
vie, de cette part de ténèbres qui s'épanouit en lui et c'est
peut-être mieux car ils découvriraient un homme pas forcément
recommandable, même si, se rassure Andrew, il ne lui viendrait
jamais à l'idée de faire du mal à quelqu'un, non, ce n'est
vraiment pas son genre ! Et pourtant, de plus en plus souvent,
une petite voix (son double ? son inconscient?) lui chuchote des
choses pas terribles à l'oreille notamment depuis qu'une voisine un
peu folle a déposé plainte contre lui, l'accusant de vol et de
plagiat ! De vol, lui ? Il ne connaît même pas cette
voisine. Alors la petite voix lui dit qu'il ne faut pas se laisser
embêter comme cela, qu' il faut se débarrasser des gêneurs. Il
faut être tranquille pour écrire, non ? Mais, les problèmes
ne s'arrêtent pas là : la propre fille d'Andrew découvre en
lisant un roman signé « Le valet de pique » des
références à la vie de sa propre famille ! Elle en est
indignée et avertit au plus vite son père. Décidément, Andrew est
de plus en plus dérangé dans son travail… Il va falloir remédier
à cela, lui suggère son double qui prend, il faut bien le dire, de
plus en plus de place dans la vie du romancier !
Tout
de suite, deux aveux : c'est mon premier Joyce Carol Oates. Je
savais que c'était un bon auteur mais voilà, la rencontre n'avait
pas eu lieu ! Deuxième aveu : je n'ai jamais lu un livre
de Stephen King que J. C. Oates semble beaucoup apprécier et je
compte bien me rattraper dès cet été !
Alors,
que dire de Valet de pique ?
J'ai beaucoup aimé ce roman et l'ai lu d'une traite, happée
par le suspense, inquiète pour le pauvre Andrew de plus en plus
dépassé par la situation.
L'écriture est fluide et très agréable. Un bon thriller
psychologique qui parle d'écrivain, de littérature, de création,
de double ne pouvait que me séduire ! C'est fait !
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