Éditions de Minuit
★★★★☆ (J'ai beaucoup aimé)
Voici
une nouvelle pépite de la rentrée littéraire de janvier : je
vous le dis tout net, ce roman proche d'un thriller est impossible à
lâcher. Vous allez être happé par la voix du narrateur
Laurent Malèvre. Qui est Laurent ? « Un homme sans
histoire », comme il se présente dès la première page,
enfin, « jusque là » corrige-t-il très vite.
C'est un jeune homme que le lecteur découvre petit à petit au
détour d'une conversation, d'un silence gêné, d'un geste
maladroit, d'un regard posé sur les gens et les choses (tout est
décrit de son point de vue).
C'est
aussi une famille qui se dévoile peu à peu, celle de Laurent :
sa mère qu'il n'a pas revue depuis fort longtemps et qui l'accueille
en lui disant « Tiens ? Un revenant. » et l'on
sent qu'il y a comme un mystère derrière tout ça, des secrets,
mais quoi précisément ?
Chacun s'observe, s'épie, s'évite On
ne cesse de s'interroger tout au long de la lecture, d'émettre des
hypothèses, de tenter de rassembler les pièces du puzzle familial.
L'ambiance
est pesante, oppressante, le suspense omniprésent. Chaque page
apporte son lot de malaise. On est comme embarqué dans quelque chose
que l'on maîtrise mal. J'ai tourné les pages la gorge serrée, me
demandant ce que j'allais découvrir à la page suivante.
Laurent n'a
visiblement pas envie de retrouver ce qui reste de sa petite famille
qu'il va revoir au mariage de sa cousine. En attendant, il doit, tout
à fait à contrecoeur, retourner dans le village où il a passé
une partie de son enfance. On est au bout du monde, à
Saint-Fourneau, un trou paumé.
Claire,
la future femme de Laurent, est présentée à la famille sous le nom
de Constance : « Je lui désignais Claire de la main.
Je te présente Constance. » dit Laurent à son oncle venu
les accueillir. Le mystère s'épaissit encore.
L'atmosphère
va être de plus en plus irrespirable, suffocante (au sens propre
aussi car c'est un mois d'août étouffant), on sent les tensions,
les non-dits, le malaise de plus en plus palpable de Laurent tandis
que les mouches mortes jonchent le parquet ou se débattent collées
à un rouleau de papier suspendu en l'air.
L'écriture
s'attache aux moindres détails, les descriptions sont précises,
minutieuses, très cinématographiques. Elles créent une tension
terrible. Franchement c'est un texte très fort, on se sent comme
pris au piège dans quelque chose de malsain dont on devine
progressivement les contours.
Et
quelle fin ! J'en suis restée le souffle coupé !
Impressionnant !
A
lire absolument !
J'avais eu un coup de cœur pour le précédent, je le note!
RépondreSupprimerIdem, j'avais beaucoup aimé Un été... où l'auteur démontrait une belle capacité à camper un univers en quelques traits de plume bien ciselée.
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