Éditions Quidam
★★★☆☆ (j'ai bien aimé)
Kwe' !
Envie
de sortir des sentiers battus ? Pas d'hésitation, je vous
emmène à la rencontre des Indiens mi'gmaq, réserve de Restigouche
(Listuguj), Québec. Et ce roman va vous en apprendre des choses !
D'abord,
sachez qu'« en langue mi'gmaq, on nomme taqawan un saumon qui
revient dans sa rivière natale pour la première fois » et en
juillet, les mi'gmaq pêchent beaucoup de taqawan.
Bon,
vous connaissez deux mots : "mi'gmaq" et "taqawan", c'est un bon début ! Encore
un ? Oh, vous êtes doué en langues ! Voici
« toboggan » qui signifie luge en mi'gmaq.
Ajoutez maintenant
« miskwessabo » (vous
pouvez vous le permettre vu votre aisance)
et vous connaîtrez
le nom de la soupe aux huîtres (pas d'inquiétude, page
104, l'auteur vous en fournit la recette pour dix personnes - ah,
vous êtes cinq ? Divisez par deux!)
Quand je vous sentirai plus
à l'aise, nous aborderons la phrase : proverbe
mi'gmaq : « Mutt
sangewite'lm'g moqwa' wen gesatgit nmu'j negmewei. » Quoi, vous
avez reconnu du breton ? Faut arrêter le chouchen. Pas de
traduction, ce n'est pas dans l'air du temps quand on apprend une
langue ! Vous
comprendrez quand vous parlerez mi'gmaq,
vous
y êtes presque !
(Autrement la traduction se
trouve
page 189 !)
Bon,
maintenant un peu d'histoire : « Dans les livres
d'histoire
anglais, il est écrit quelque part que John Cabot ramena trois
Mi'gmaq en Angleterre en 1497. Dans les livres du Québec, le premier
contact d'un Européen avec les Mi'gmaq date de 1534. »
Quelques
bribes de géo… écoutez bien, après, interro !
« On
sait que les Mi'gmaq sont des nomades arrivés en Amérique par le
détroit de Béring, depuis le cap Dejnev jusqu'en Alaska. »
Étude
de mœurs : ils pêchent le saumon. Depuis
toujours.
Des
faits : le
11
juin 1981, le ministère québécois
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche
a envoyé trois cents policiers de
la Sûreté du Québec
en Gaspésie sur la réserve de Restigouche (Lestuguj)
pour contraindre
les Mi'gmaq à restreindre de façon drastique leur quota
de pêche.
Rien ne s'est fait en douceur, vous l'imaginez bien, et les filets
ont été saisis dans
la violence.
Précisons
que les Mi'gmaq
pêchaient six tonnes de
saumons
par an, les pêcheurs sportifs de l'est du Canada huit cents tonnes
et les bateaux-usines
trois mille tonnes sans
que ces derniers soient inquiétés.)
Y aurait-il eu
un motif politique derrière tout ça ? Un conflit entre le
Québec et le Canada ? P'têt'
bien !
« Au
Québec, on a tous du sang indien,
dit
un vieil homme,
si ce n'est pas dans les veines, c'est sur les mains. »
Il
nous faudrait aborder maintenant l'aspect philosophique du problème :
« Il
faut se méfier des mots. Ils commencent parfois par désigner et
finissent par définir. Celui qu'on traite de bâtard toute sa vie
pour lui signifier sa différence ne voit pas le monde du même œil
que celui qui a connu son père. Quel monde pour un peuple qu'on
traite de sauvages durant quatre siècles ? »
Vous avez quatre heures.
Allez,
je n'en
dis pas plus et vous laisse
découvrir
ces
soixante-sept courts chapitres très
rythmés et
passionnants qui
mêlent pour notre plus grand plaisir une foultitude d'infos et
de réflexions
sur … les Mi'gmaq (langue,
histoire passée et présente, mythologie, mœurs, langues,
croyances...),
les
conséquences tragiques de tout acte de colonisation, le
saumon évidemment évoqué
aussi bien en termes scientifiques que poétiques,
le
sirop d'érable (humm),
le caviar (pas
mal non plus),
l'orignal (jamais
goûté),
la
mouche sèche (jamais goûté non plus),
Céline
Dion (je ne savais pas où la placer dans ma liste - après les
saumons, ça n'était pas terrible...) (je
n'en ai pas goûté non plus, il
va sans dire),
le Chieftain 1976…
le
tout agrémenté d'un
vrai roman policier
avec quatre
personnages de
fiction :
une indienne violée, un garde-chasse qui a démissionné, un indien
qui a quitté la réserve et vit seul depuis des années, une
jeune instit' française.
Mélangez le tout et vous aurez un livre
divertissant,
passionnant,
engagé comme on les aime,
plein
de suspense et
qui se lit d'une traite !
Et
en plus, la couverture est belle !
Nmu'ltes
app !
Kwe' ntutem,
RépondreSupprimerJe découvre ce blog par hasard. Il est à découvrir.
Merci pour ce commentaire positif concernant Taqawan.
J’y ai collaboré humblement pour quelques dictons et phrases.
App nmul’tes aq mi'watm