lundi 25 mars 2019

Écorces vives d'Alexandre Lenot


Éditions Actes Sud
★★★★☆☆


Me voici bien embêtée. Embêtée mais pas surprise. En effet, j'ai terminé ce roman il y a une petite semaine et je me rends compte qu'il me reste essentiellement une atmosphère : l'évocation de terres gelées, de montagnes enneigées, d'arbres et de ronces, de lumières et de vent. Quelques burons, des éoliennes, au milieu de nulle part, au coeur du Massif Central. Des personnages qui souffrent aussi. En silence. Le tout plongé dans une semi-obscurité. Écorces vives est assurément un beau texte, bien écrit, travaillé, très travaillé même. Un texte serré et dense qui relève presque de la poésie et qui exige une lecture lente. La nature, sauvage et belle, semble ici tenir le premier rôle.
Du coup, je crains que le lecteur, amateur de romans noirs, soit un peu déçu et ne s'y retrouve pas vraiment. Car finalement, d'intrigue, il n'y en a guère, de suspense non plus d'ailleurs.
Et j'avoue que, victime moi-même des lois conventionnelles du genre, j'ai attendu assez longtemps que ça démarre, je me suis même ennuyée un peu. C'est dommage parce que la prose est belle. J'ai beaucoup aimé le personnage du capitaine Laurentin qui m'a fait penser à Langlois dans Un roi sans divertissement de Giono : son côté mystérieux, taiseux, en retrait, subissant la vie plutôt que la vivant pleinement. Les autres personnages, notamment Éli et Louise, deux amochés eux aussi, m'ont semblé plus convenus, plus dans l'air du temps. Pas loin du cliché, donc.
Tout commence avec un homme, Éli, qui arrive sur les terres du Cantal et met le feu à la maison (vide) de son amie Siskiyou, là où il avait rêvé de construire sa vie, d'élever ses enfants, d'être heureux. Il sera trouvé sur le côté de la route par une jeune femme, Louise, qui, après avoir subi un viol, a tout quitté et a trouvé refuge chez un couple de retraités américains qui vivent dans une ferme. Elle s'occupe des chevaux et dort dans un four à pain rénové. Elle aide aussi au potager.
Laurentin doit enquêter : y a-t-il un pyromane dans le coin ? Tout le monde a une idée sur la personne qui a commis cet acte, un voisin à dénoncer, un parent à accuser… Les rancoeurs, les jalousies, les haines ancestrales remontent à la surface… Certains semblent prêts à tout pour régler leurs comptes. Tous sont à vif, aucune plaie n'est refermée et le sang risque de couler encore…
Un premier roman très prometteur et un auteur à suivre donc...

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