Les Éditions de Minuit
★★★★★☆ (J'ai beaucoup aimé)
La
très belle Tippi Meyer est morte : sa luxueuse berline a quitté
la route et a dévalé jusqu'au fond du ravin. Kowalzki, son amant,
arrivé très tôt sur les lieux, observe la police et les
secouristes s'affairer. Le mari de Tippi, Salvatore Meyer, débarque
à son tour. Il voit, au loin, l'amant au regard perdu.
Cet accident
ne l'étonne pas vraiment : sa femme roulait vite, elle aimait
foncer sur les routes autour de Santa-Clarica (Californie), les
cheveux et le foulard dans le vent, comme une héroïne
hitchcockienne. Elle était partie en pleine nuit, sans prévenir
personne, sans dire où elle allait et ce qui est bizarre, c'est
qu'elle n'a ni freiné ni contrebraqué.
Oui, l'inspecteur Costa
Martin Lopez, sur les lieux lui aussi, a remarqué cela et il
s'interroge. Suicide ? Meurtre ? Il a appris que Salvatore,
le mari, venait de se disputer avec sa femme. C'est ce que lui a dit
le père de Tippi, un certain Bruce Cazale, directeur d'une
entreprise de démolition industrielle où travaille Salvatore. Le
juge risque donc d'ouvrir une instruction. Pourquoi ? demande le
mari, surpris. A cause de cette dispute, la veille, lui répond
l'inspecteur…
Salvatore a l'air perdu, sous le choc. Une dispute,
est-ce une preuve ?
Il veut voir le corps de sa femme et on le
lui interdit. Il a beau supplier, rien n'y fait. Il l'aimait, cette
femme, et maintenant, il va devoir continuer sans elle…
Pas
facile de parler sans rien dévoiler d'un livre qui s'apparente à un
roman policier. Mais, c'est promis, vous ne saurez rien….
Sinon
que toute cette histoire est racontée du point de vue de Salvatore,
le mari. Ce qui signifie que l'on n'est pas forcément bien placé
pour comprendre les tenants et les aboutissants, comme on dit. Il a
quelque chose de Meursault, ce type. Il semble complètement étranger
à tout ce qui se passe, il comprend mal les nombreux assauts de
l'inspecteur Costa qui ne le lâche pas d'une semelle.
A vrai dire, depuis le début, on a comme l'impression que tout le monde s'est un peu moqué de
Salvatore, l'a vaguement manipulé, que ce soit sa femme qui
rejoignait sans aucune gêne son amant (pour ça, Salvatore n'était
pas dupe!) et qui s'était même autorisée à installer son père
chez eux pour une sympathique vie à trois !
Tippi l'avait dit
très clairement à Salvatore: « le soir même, lors d'une
discussion orageuse, Tippi avait répondu que, si son père me
traitait comme un moins que rien, c'était parce que je n'étais pas
à la hauteur. » Et l'inspecteur, quant à lui, se permet de
lui souffler à l'oreille : « vous m'êtes très
sympathique, mais je crois percevoir chez vous certaines failles.
J'ai quand même le sentiment, passez-moi l'expression, que vous vous
êtes fait avoir. »
Un pauvre type, ce Salvatore, l'anti-héros
par excellence.
Et
maintenant, il va devoir supporter les mille questions de
l'inspecteur Costa, lui qui ne souhaiterait qu'une seule chose :
se retrouver seul avec ses pensées, avec Tippi.
J'ai
bien accroché à ce livre lu d'une traite avec ce titre en tête
« Pas dupe » qui m'a titillée tout le long de ma lecture.
Qui n'est pas dupe ? Le lecteur ? Je crains pourtant d'être
bien tombée dans le panneau (pas dans le ravin, c'est déjà ça!) Salvatore, lui-même ? Costa, l'inspecteur ? Kowalski,
l'amant ? Cazale, le beau-père ? La voisine ? (oui,
oui, il y a une voisine, Gladys Lamarr, qui a des yeux et des
oreilles, qui voit tout et qui sait tout… à moins qu'elle n'ait
rêvé, ça elle ne sait plus très bien…)
Et cet inspecteur qui
revient toujours à l'attaque : je dois avouer que, dès le
début, je lui ai collé les traits de Columbo - impossible de faire
autrement - avec son carnet, son faux air naïf, ses questions
inattendues, apparemment anecdotiques et sa façon d'apparaître là
où on ne l'attend pas vraiment. Un inspecteur « incapable de
laisser des cases vides dans ses enquêtes... » A-t-il bien toute sa
tête, celui-là ?
Qui
est dupe ? Qui se fait gentiment berner ? Qui manipule ?
Qui est manipulé ? Qui avait intérêt à ce que Tippy
disparaisse ? Tous ? Oui, tous d'une certaine façon, si
l'on y réfléchit bien…
Allez,
je n'en dis pas plus...
Le
problème avec les romans de Ravey, c'est que quand on en a goûté
un, il est difficile de résister à ceux qui suivent… Et de ça,
je ne suis pas dupe !
Je suis complètement d'accord avec ta conclusion.
RépondreSupprimer-" Vous reprendrez bien un petit Ravey ? "
- " Oh oui avec plaisir ! "
Le dernier que j'ai dégusté c'est " Trois jours chez ma tante ". Je guette la disponibilité de celui-ci à la médiathèque...