Éditions Folio (Gallimard)
★★★☆☆ (J'aurais aimé aimer)
C'est
pêchu Pourchet : surtout qu'ici elle fait parler un ado
rebelle, insolent, subversif et bien déprimé, Fabien, tête à
claques de 14 ans (redondance?), Fabien Bréckard, né le 4 janvier
1978 à Troyes, 5eB au moment des faits. Il a fait une connerie, le
gosse, une grosse paraît-il…
Depuis,
il vit dans un centre de repos (un asile psychiatrique) d'où il ne
sortira que lorsqu'il aura raconté à sa psy le comment et le
pourquoi de ses actions. La thérapie par l'écriture, pourquoi
pas...
C'est
lui le Champion du titre ? Non, Champion, c'est son loup
imaginaire qu'il trimbale avec lui, espèce de ça ou de surmoi ou de
double (la psychanalyse et moi…)
Bref,
Fabien Bréckard doit écrire et, si possible, la vérité : il
nous livre ainsi - et très très à contre-coeur, je vous l'avais
dit que c'était un sale gosse hypersensible - sous la forme de six
cahiers, le quotidien de ses dernières années dans son petit
collège catholique, les copains timbrés, les profs lourdingues, ses
parents distants et violents, l'internat refuge, les week-ends où on
préférerait rester collé au collège plutôt que de se taper des
claques ou des gueules de dix pieds de long en famille, les conneries
à gogo… Il a l'esprit vif, le morpion, il comprend vite, pas
besoin de lui faire un dessin. Il est lucide et son regard acéré
sur la société le pousserait bien à renouveler l'exploit de cesser
de respirer un peu plus longtemps que la dernière fois… Il
finirait bien par y passer avec un peu de patience… Mais, il y a ce
projet de partir en Amérique qui le tient en vie.
Que
cherche-t-il dans le fond ? A nous éclairer VRAIMENT ou à nous
perdre, nous tromper ? Nous apporte-t-il la vérité sur un
plateau ou sème-t-il autour de lui des leurres dans lesquels on se
prendra les pieds ? Sème-t-il des petits cailloux pour nous
conduire sur la voie de la vérité ou pour nous égarer ?
Aura-t-il les mots pour dire pourquoi ses parents ont eu une attitude
pour le moins étrange à son égard… Hein, le poids de la
culpabilité qu'on traîne et qui nous tue à petit feu... Il
maîtrise la langue, le môme, justement où nous mène-t-il ?
Oui,
c'est pêchu Pourchet (elle est pas belle, mon allitération?) :
chaque phrase « pulse », claque, pique, pétille, le jeu
de mots surgit, la bonne formule jaillit, on se dit qu'elle a
l'esprit vif, l'autrice, du répondant, le sens de la répartie :
elle m'épate, moi qui mets du temps pour tout, qui ai l'esprit de
l'escalier et la fulgurance de l'escargot. Elle connaît les
expressions des kids, leurs tournures, leurs tics de langage… Il y
a un p'tit côté brut, direct, cash qui me plaît beaucoup. Un
exemple, première page : « La saison, c'est l'hiver, le
décor, on s'en fout.Une ville bâclée autour d'un fleuve
marron... » On s'en fout peut-être de la description mais ça
y est, elle nous l'a posée là, à travers deux adjectifs :
« bâclée » et « marron ». Pas besoin
d'aller plus loin, vous êtes chez Pourchet. « L'époque, c'est
1992, c'est assez ennuyeux, 1992. Je m'ennuie...» (Tiens, ça me
rappelle le style du Giono des chroniques, vous savez, Un Roi…
Laissez, je suis assez obsédée par Giono, j'dis peut-être des
conneries). Bref, c'est drôle, intelligent, rythmé, original, plein
de sensibilité, ça en envoie pas mal, oui, ça décape…. mais
mais mais, (fait chier d'être honnête - parce que je l'aime bien,
Pourchet), allez, j'avoue, il a fini par me saouler un peu le
Bréckard, je l'ai trouvé un peu longuet son récit, j'ai eu
l'impression qu'on patinait un peu souvent dans la semoule.
Franchement ? Pour moi, c'est l'histoire qui ne tient pas la
route (sur 250 pages) et j'ai eu beau m'accrocher des deux mains à
l'écriture, il m'est arrivé de frôler l'abandon… Aaahhh, je
n'aime pas dire ça parce que c'est pêchu Pourchet, oui, j'avais
tellement aimé Toutes les femmes sauf une, tiens, je vous
mets le lien, cliquez sur le titre, il vous emmènera au paradis…
Si,
franchement, c'est bien Pourchet...
Et
puis, allez, faites-vous votre avis et on en discutera, hein ?
J'ai bien aimé lire ce billet à propos d'un livre qui ne me tente pas du tout.
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