dimanche 30 juillet 2017

Le 1 "Nouvelles", hors-série, été 2017



Des nouvelles, encore des nouvelles, toujours des nouvelles… Une passion naissante ?
Oui et non, en réalité, je lis en ce moment un pavé (798 pages) qui me tue les bras et les poignets et qu'il m'est impossible de trimbaler dans tous mes déplacements. Alors, l'envie m'est venue d'acheter un poids plume facile à transporter : c'est Nicole du blog motspourmots qui m'en a donné l'idée ! Il s'agit d'un hors-série du journal « Le 1 » : des nouvelles sur le thème de « l'ailleurs ».
Et ça tombe plutôt bien car l'été, souvent, on va effectivement voir « ailleurs », histoire de se changer les idées, de se reposer, de rencontrer d'autres gens et de rompre avec le train-train quotidien.
Évidemment, ce sujet a retenu mon attention car il faut que je vous avoue une chose : j'ai un mal fou à m'extirper de chez moi. Bien sûr, en théorie, je trouve les voyages intéressants, enrichissants, instructifs et en effet, lorsqu'il m'arrive d'être « ailleurs », je cours dans tous les sens, photographie tout ce qui bouge ou ne bouge pas, cherche à goûter l'inconnu sous toutes ses formes.
Mais voilà, le problème, c'est qu'il faut s'arracher, sortir de son trou, prendre la voiture (embouteillages + chaleur + risques d'accidents), l'avion (beurk, archi beurk, terreur ab-so-lue), le bateau (= mal de mer), le train (c'est encore ce que je supporte le mieux même si j'ai horreur des gares) et sur place… d'autres réjouissances commencent : de nouveau, la chaleur (bon, je n'ai qu'à aller dans le nord, me direz-vous!), les touristes en grand nombre, les moustiques et autres dangers naturels, les vols (oui, les papiers, l'argent…), la fatigue, les péripéties en tous genres, très amusantes à raconter APRÈS mais qui demeurent un calvaire PENDANT.
(Et si en plus vous voyagez avec des enfants, vous passez tout votre temps à chercher des toilettes ou à faire la queue pour acheter des glaces - le bonheur...)
Fondamentalement, je suis très oblomovienne (au fait, avez-vous lu Oblomov de Gontcharov ??? Non ??? Pas possible !!! Un indispensable, incontournable, essentiel chef- d'oeuvre de la littérature russe ! A lire ab-so-lu-ment !)
Donc, je reviens au sujet principal de mon article, ces onze nouvelles sur le thème de l'ailleurs, écrites par de grandes pointures de la littérature contemporaine, avaient tout pour retenir mon attention et c'est avec délice que j'ai lu pour commencer celle de Lydie Salvayre (oh, comme j'aime ce qu'elle écrit !!!) : sa nouvelle s'intitule « Je déteste l'ailleurs », ah, ça commence bien, non ?
« J'ai pour ma part la religion de l'immobilité.
Voici comment je la pratique.
C'est simple. Je me fixe quelque part. Un lit peut faire l'affaire. Ou un fauteuil douillet. Je baisse mes paupières. Et voici que les océans s'ouvrent, que se dressent les monts, que se creusent les vaux, voici que l'Amérique déroule ses tapis et m'accueille, ou le Belize (sans ses moustiques), ou la Chine (sans ses fumées)…
J'ai la religion de l'immobilité. Elle a, entre autres vertus, celle de ne point fatiguer et celle, surtout, de se marier parfaitement avec ma religion de la lecture. Essayez de lire en marchant, ou à bord d'un bateau qui tangue, ou en escaladant une paroi des Alpes, ou en vous extasiant devant les ruines de Pompéi. Vous constaterez que c'est tout à fait impossible. »
Oh comme tout cela me plaît ! Ce n'est pas pour rien que mon blog s'appelle Lire au lit !
Sympa aussi la nouvelle de Véronique Ovaldé qui n'est pas sans points communs avec celle de Lydie Salvayre d'ailleurs, vous verrez !
Et puis, vous trouverez les « beaux récits » : celui de J.M.G. Le Clézio qui met en scène des gamins des rues qui rêvent de passer une frontière pour aller vers un ailleurs plus riche ou celui de Nathacha Appanah : trois hommes, pauvres eux aussi, rêvent le soir sur une jetée d'un avenir meilleur, ailleurs…
Karine Tuil, quant à elle, évoque de façon très touchante la mort de son père trois jours après la parution de son excellent roman L'Insouciance, un homme qui s'en est allé ailleurs : magnifique portrait de père… Un autre très beau portrait, celui de la grand-mère de Valentine Goby qui toute sa vie et pour des raisons bien indépendantes de sa volonté n'a jamais pu vraiment se fixer ; alors, pour elle, l'ailleurs est synonyme d' « arrachement, de mouvement perpétuel et de manque. Il est le contraire d'un «chez soi» - une expression dont la douceur déborde dans sa bouche : elle évoque la chaleur d'un foyer, l'espérance d'un lieu sûr . Ailleurs, c'est nulle part. »
C'est avec beaucoup d'humour aussi et d'autodérision que Tonino Benacquista raconte un retour Melbourne - Bangkok - Amsterdam virant au cauchemar (de toute façon, pour moi, même dans d'excellentes conditions, ce genre de voyage EST un cauchemar!)
Et l'on retrouve avec plaisir le style de Catherine Poulain dans une très belle nouvelle intitulée : La mouche, le chevreuil et le poulain fou.
Pour ma part, j'ai été peut-être un peu moins conquise par les nouvelles d'Erik Orsenna, de Kenneth White et de Metin Arditi mais à vous de vous faire votre avis !
Allez, que cet article ne vous retarde pas et ne vous fasse pas oublier de finir votre valise (ah oui, j'avais oublié une autre de mes saintes horreurs : faire des valises…)
Bon, j'arrête mes lamentations et me replonge dans mon ailleurs actuel : ah oui, j'ai oublié de vous dire que depuis une semaine... je suis à Venise...
Vous connaissez certainement Venise ?
C'est le printemps dans la Venise que j'arpente chaque jour…
Le printemps 1516.
Et l'épais et délicieux pavé qui me conduit à lire des nouvelles quand je me déplace (pas loin, rassurez-vous!) s'intitule Les enfants de Venise de Luca Di Fulvio.
Un sacré voyage !
Dépaysement assuré !

Je ne ramènerai pas de photos mais des images, pour sûr, j'en ai plein la tête !

                                     

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