mardi 9 février 2016

La petite lumière d'Antonio Moresco


C’est une petite pépite que je viens de découvrir un peu par hasard car je n’avais lu aucune critique à son sujet. Ce court roman tient du conte ou de la fable métaphysique mais peut-être vaut-il mieux éviter de le classer…. Ce qui est sûr, c’est que sa lecture vous laissera pensif, dans un état second…
« Je suis venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant. » nous apprend d’entrée le narrateur. L’homme semble s’être retiré du monde et l’on ne saura pas pourquoi. Il vit dans sa petite maison de pierre d’où il contemple le monde végétal et animal. Il observe avec étonnement et effroi, le travail incessant de la nature qui le fascine. Il s’interroge : pourquoi toute cette vie toujours en mouvement, cette prolifération végétale qui s’empare de chaque ruine pour l’envahir, l’étouffer, la dévorer, de chaque interstice entre deux pierres pour se répandre, se propager et pourrir ensuite. Tout naît, inlassablement et meurt pour laisser place à une nouvelle vie : une branche s’élève vers la lumière en livrant une lutte acharnée aux autres végétaux, les bêtes  se reproduisent infiniment et grouillent sans cesse, la terre tremble régulièrement. « Pourquoi tout ce grouillement de corps qui tentent d’épuiser les autres corps en aspirant leur sève de leurs mille et mille racines déchaînées et de leurs petites ventouses forcenées… Où je peux bien aller pour ne plus voir ce carnage, cette irréparable et aveugle torsion qu’on a appelée vie ? »
Ce spectacle fascinant et effrayant de l’intarissable foisonnement plonge le narrateur dans une méditation vertigineuse sur le sens de la vie.
Or, un soir, il remarque, de l’autre côté de la montagne, une petite lumière dans les bois. Qui peut bien habiter dans un lieu si désolé, si loin de toute vie ? Cette petite lumière qui s’allume tous les soirs à la même heure l’intrigue : il descend au village pour mener sa petite enquête et, finalement, décidera de s’y rendre lui-même… Et là, oh, surprise…
Ce texte poétique est vraiment magnifique, l’évocation de la nature, rendue de façon saisissante, est d’une force prodigieuse. Elle nous invite à penser : qui sommes-nous ici dans ce grand tout auquel nous participons? Et tout ceci a-t-il un sens, un sens que nous ne percevons pas tellement nous sommes impliqués ?
Que de questions…

C’est certain, je porterai longtemps en moi cette petite lumière…

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