C’est une petite pépite que je
viens de découvrir un peu par hasard car je n’avais lu aucune critique à son
sujet. Ce court roman tient du conte ou de la fable métaphysique mais
peut-être vaut-il mieux éviter de le classer…. Ce qui est sûr, c’est que sa
lecture vous laissera pensif, dans un état second…
« Je suis venu ici pour
disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul
habitant. » nous apprend d’entrée le narrateur. L’homme semble s’être
retiré du monde et l’on ne saura pas pourquoi. Il vit dans sa petite maison de
pierre d’où il contemple le monde végétal et animal. Il observe avec étonnement
et effroi, le travail incessant de la nature qui le fascine. Il s’interroge :
pourquoi toute cette vie toujours en mouvement, cette prolifération végétale
qui s’empare de chaque ruine pour l’envahir, l’étouffer, la dévorer, de chaque
interstice entre deux pierres pour se répandre, se propager et pourrir ensuite.
Tout naît, inlassablement et meurt pour laisser place à une nouvelle vie :
une branche s’élève vers la lumière en livrant une lutte acharnée aux autres
végétaux, les bêtes se reproduisent
infiniment et grouillent sans cesse, la terre tremble régulièrement.
« Pourquoi tout ce grouillement de corps qui tentent d’épuiser les autres
corps en aspirant leur sève de leurs mille et mille racines déchaînées et de
leurs petites ventouses forcenées… Où je peux bien aller pour ne plus voir ce
carnage, cette irréparable et aveugle torsion qu’on a appelée vie ? »
Ce spectacle fascinant et effrayant
de l’intarissable foisonnement plonge le narrateur dans une méditation
vertigineuse sur le sens de la vie.
Or, un soir, il remarque, de
l’autre côté de la montagne, une petite lumière dans les bois. Qui peut bien
habiter dans un lieu si désolé, si loin de toute vie ? Cette petite
lumière qui s’allume tous les soirs à la même heure l’intrigue : il
descend au village pour mener sa petite enquête et, finalement, décidera de s’y
rendre lui-même… Et là, oh, surprise…
Ce texte poétique est vraiment
magnifique, l’évocation de la nature, rendue de façon saisissante, est d’une
force prodigieuse. Elle nous invite à penser : qui sommes-nous ici dans ce
grand tout auquel nous participons? Et tout ceci a-t-il un sens, un sens que
nous ne percevons pas tellement nous sommes impliqués ?
Que de questions…
C’est certain, je porterai
longtemps en moi cette petite lumière…
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