vendredi 12 février 2016

La renverse d' Olivier Adam


Si certains aiment Adam lorsqu’il décrit la Bretagne, j’avoue que j’ai un faible pour l’évocation sinistre des zones pavillonnaires de banlieue, des lotissements sans âme, des villes-dortoirs aux maisons mitoyennes maison-garage-maison-garage, des périphéries en somme.
C’est là que vivait Antoine, le narrateur. Petite existence tranquille, « soirées télé après le boulot », pelouse à tondre le week-end à moins que l’on aille faire quelques courses chez IKEA… Un père peu communicatif ne souhaitant qu’une seule chose : « qu’on lui foute la paix » et donc un brin violent si l’on outrepassait les règles instituées et une mère bonne ménagère-bonnes manières, bien mise, propre sur elle, tenant ses fils à distance de la racaille des HLM d’en face.
Cette petite vie aurait pu (aurait dû ?) se poursuivre bien tranquillement si le maire de la ville n’avait pas proposé à Madame -mère d’Antoine- de devenir sa collaboratrice, son adjointe aux affaires scolaires. Pourquoi ? Pas besoin de vous faire un dessin ! « Le queutard insatiable », sénateur-maire, ministre délégué (eh oui, tout ça !), à l’ego surdimensionné va détruire tous les êtres qui de près ou de loin se trouvent sur son passage : ses collaboratrices, les familles de celles-ci évidemment, ses électeurs qui iront voter ailleurs, sa propre famille et ce, en toute impunité ou presque.
Antoine a dû fuir pour survivre, simplement tenter d’exister ; son frère Camille est parti avant lui. La violence de ce qu’il a subi, alors qu’il était adolescent, est innommable, impossible à gérer. Une tragédie. Il s’est retrouvé sali, humilié, traîné dans la boue, sans l’aide de ses parents, indifférents, englués dans leurs histoires, leurs tromperies, leurs perversités.
Qui étaient-ils, d’ailleurs, ces parents ? Antoine avec le recul dira de sa mère : «  Sans doute s’était-elle composé un masque, un costume, dont toutes les coutures ont fini par craquer. » Il avait donc vécu toutes ces années avec une étrangère ?
Le temps a passé mais, apprenant le décès accidentel du « dragueur impénitent », la douleur resurgit et le narrateur se livre à une introspection avec plus de maturité : il analyse les faits, son attitude d’alors, s’interroge sur cette famille, craint parfois de s’être trompé dans ses analyses : « …je déforme peut-être. La mémoire est la chose la moins fiable qui soit. Surtout la mienne. »
J’ai aimé ce texte qui dénonce le comportement dangereusement irresponsable d’adultes pères de famille et hommes politiques qui profitent de leur pouvoir et sont  prêts à écraser les autres, les souiller, les manipuler, transformer les femmes en objets sexuels parce que ça leur chante, pour leur petit plaisir et puis après, poubelle. Et l’on s’en tire en payant grassement des avocats renommés.

Adam a les mots qu’il faut pour dire cette violence, cette capacité de destruction qu’ont certains êtres monstrueux aveuglés d’eux-mêmes… Heureusement, les descriptions de la Bretagne sont là, pour apaiser, et elles font du bien !

3 commentaires:

  1. Comme toi, j'aime Adam lorsqu'il parle de la banlieue (pas que), même si celui-ci n'est pas mon préféré.

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  2. Je suis en train de le lire et j'aime beaucoup...

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  3. Je l'ai adoré, un des meilleurs Adam pour moi.

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