Si certains aiment Adam lorsqu’il
décrit la Bretagne, j’avoue que j’ai un faible pour l’évocation sinistre des
zones pavillonnaires de banlieue, des lotissements sans âme, des villes-dortoirs
aux maisons mitoyennes maison-garage-maison-garage, des périphéries en somme.
C’est là que vivait Antoine, le
narrateur. Petite existence tranquille, « soirées télé après le
boulot », pelouse à tondre le week-end à moins que l’on aille faire
quelques courses chez IKEA… Un père peu communicatif ne souhaitant qu’une seule
chose : « qu’on lui foute la paix » et donc un brin violent si
l’on outrepassait les règles instituées et une mère bonne ménagère-bonnes
manières, bien mise, propre sur elle, tenant ses fils à distance de la racaille
des HLM d’en face.
Cette petite vie aurait pu
(aurait dû ?) se poursuivre bien tranquillement si le maire de la ville n’avait
pas proposé à Madame -mère d’Antoine- de devenir sa collaboratrice, son
adjointe aux affaires scolaires. Pourquoi ? Pas besoin de vous faire un
dessin ! « Le queutard insatiable », sénateur-maire, ministre
délégué (eh oui, tout ça !), à l’ego surdimensionné va détruire tous les êtres
qui de près ou de loin se trouvent sur son passage : ses collaboratrices,
les familles de celles-ci évidemment, ses électeurs qui iront voter ailleurs,
sa propre famille et ce, en toute impunité ou presque.
Antoine a dû fuir pour survivre,
simplement tenter d’exister ; son frère Camille est parti avant lui. La
violence de ce qu’il a subi, alors qu’il était adolescent, est innommable, impossible
à gérer. Une tragédie. Il s’est retrouvé sali, humilié, traîné dans la boue,
sans l’aide de ses parents, indifférents, englués dans leurs histoires, leurs
tromperies, leurs perversités.
Qui étaient-ils, d’ailleurs, ces
parents ? Antoine avec le recul dira de sa mère : « Sans
doute s’était-elle composé un masque, un costume, dont toutes les coutures ont
fini par craquer. » Il avait donc vécu toutes ces années avec une
étrangère ?
Le temps a passé mais, apprenant
le décès accidentel du « dragueur impénitent », la douleur
resurgit et le narrateur se livre à une introspection avec plus de maturité :
il analyse les faits, son attitude d’alors, s’interroge sur cette famille,
craint parfois de s’être trompé dans ses analyses : « …je
déforme peut-être. La mémoire est la chose la moins fiable qui soit. Surtout la
mienne. »
J’ai aimé ce texte qui dénonce le
comportement dangereusement irresponsable d’adultes pères de famille et hommes
politiques qui profitent de leur pouvoir et sont prêts à écraser les autres, les souiller, les
manipuler, transformer les femmes en objets sexuels parce que ça leur chante,
pour leur petit plaisir et puis après, poubelle. Et l’on s’en tire en payant
grassement des avocats renommés.
Adam a les mots qu’il faut pour
dire cette violence, cette capacité de destruction qu’ont certains êtres
monstrueux aveuglés d’eux-mêmes… Heureusement, les descriptions de la Bretagne
sont là, pour apaiser, et elles font du bien !
Comme toi, j'aime Adam lorsqu'il parle de la banlieue (pas que), même si celui-ci n'est pas mon préféré.
RépondreSupprimerJe suis en train de le lire et j'aime beaucoup...
RépondreSupprimerJe l'ai adoré, un des meilleurs Adam pour moi.
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