J’ai connu Marie-Hélène Lafon avec « L’Annonce » (prix des libraires en 2010) et son écriture m’avait immédiatement séduite. Et à en relire rapidement quelques pages, je trouve que cette écriture avait, à cette époque, un souffle, une vigueur, une forme d’impertinence qu’elle a perdue. Pour aller droit au but, j’ai été vraiment déçue par la lecture de ce dernier roman « Les Sources » et je comprends mal l’enthousiasme qu’il a suscité. La phrase, certainement pour dire l’ennui, le silence, se veut simple, sobre, dépouillée. Mais je finis par la trouver terne, trop sage, trop tenue surtout quand elle sert un sujet comme celui de la violence conjugale. Parfois certaines formules se veulent crues mais l’on a l’impression que cette brutalité soudaine est fausse, fabriquée, pesée, placée là parce que c’est le moment et dans le fond, ce vocabulaire, on ne le sent pas sien. Disons-le franchement : le sujet ne convient pas à l’autrice. M-H Lafon me semble s’être emparée d’un thème dans l’air du temps, mais elle ne parvient pas à en exprimer toute l’horreur, toute l’abomination. Elle lâche ici et là quelques mots plus durs. Mais ça ne prend pas. Tout est trop bridé, réfléchi, irréprochable dirait-on. Trop classique peut-être. Et l’on sait que ce texte, on l’oubliera bien vite.