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vendredi 11 octobre 2019

une rentrée littéraire en demi-teinte...

          


Bon, une rentrée littéraire en demi-teinte pour moi cette année : autant le dire, rares sont les romans dont j'ai dépassé la vingtième page.
Je me suis forcée à finir ceux pour lesquels j'étais engagée dans un prix littéraire. Pour les autres, j'ai abandonné.
Et je ne dis pas ça comme ça, non ! Jusqu'à présent, je ne pouvais me résoudre à lâcher un livre. J'allais jusqu'au bout. Coûte que coûte.
Mais maintenant, c'est terminé.
Parce que j'en ai tout simplement assez de lire des romans qui ne sont pas écrits, des textes sans aucun style que l'on essaie de nous vendre comme de purs chefs-d'oeuvre alors qu'ils ne valent rien d'un point de vue littéraire ou pas grand-chose. Je ne veux plus perdre mon temps avec les romans dont on parle, qui font le buzz ici ou là et que l'on oubliera bien vite. Comme disait Tardieu, « je suis vieille et j'suis pressée, laissez-moi passer... »
Alors, que faire ? Retourner aux classiques ?
Oui bien sûr ! Je me dis régulièrement qu'il faut que je me replonge dans "La Recherche" ou "Madame Bovary". Et puis, attendez, je n'ai toujours pas lu « Moby Dick » ni « L'homme qui rit ».
 Et pourtant, je suis bien persuadée qu'il y a eu quelques parutions intéressantes en cette rentrée mais j'ai dû passer à côté… Bon, je n'ai pas encore ouvert « Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon » de Jean-Paul Dubois ni « Le Ghetto intérieur » de Santiago H. Amigorena. Et j'en attends beaucoup… Pour le moment je suis dans « Francis Rissin » de Martin Mongin : l'écriture ne me convainc pas vraiment mais j'aime le ton. Bref, celui-là, je ne l'ai pas encore lâché…
Tout ça pour vous dire deux mots de mes deux dernières lectures « complètes » : commençons par « Eden » de Monica Sabolo. Franchement, et pour dire les choses telles qu'elles sont, j'ai eu la très désagréable impression de lire 275 fois la même page. Les personnages sont inconsistants au possible (je les ai confondus tout le long du roman), l'intrigue complètement tirée par les cheveux (et déjà lue ici et là), les descriptions d'une platitude absolue (c'est impressionnant!)… Tout cela sonne faux, creux… On met dans la casserole un petit mélange de choses qui plaisent : de beaux ados mal dans leur peau, deux trois légendes amérindiennes (décidément, très à la mode les Amérindiens...), la forêt qu'on massacre, des disparitions, de l'ennui, de l'alcool, le tout saupoudré de mots magiques comme « mystérieux », « autre dimension », « chemin spirituel », « éblouissement passager »… Et l'on secoue … Le résultat ? Le « roman envoûtant » décrit sur la 4e de couv ? Non ! Des pages que l'on tourne sans que rien n'accroche vraiment et que l'on oublie à peine le livre refermé… Du moins en ce qui me concerne...
Pour filer ma métaphore culinaire, je vais passer à « Mur Méditerranée » de Louis-Philippe Dalembert. Voilà un texte honnête (sans qu'il y ait véritablement d'écriture, n'en demandons pas trop!), on a même l'impression que tous les « ingrédients » de départ étaient plutôt bons mais au final, le résultat est décevant : on ne s'attache pas aux personnages (je n'ai pas été émue une seule fois, moi qui pleure pour un rien...) et ce, sur un sujet grave, terrible, celui des migrants !
Je pense d'ailleurs que la documentation assez importante dont disposait l'auteur a alourdi le propos et pesé sur la construction du roman, trop didactique pour finir. En dire beaucoup sur un événement, prétendre à une certaine exhaustivité donne rarement lieu à une œuvre réussie. Sans doute vaut-il mieux faire des choix pour proposer un point de vue nouveau, original.
Je persiste à penser qu'une véritable œuvre littéraire est une vision PERSONNELLE, INTIME du monde, une façon bien particulière de percevoir, d'appréhender, de vivre ce qui nous entoure.
On m'accusera d'avoir une vision trop romantique de la création mais je crois qu'écrire doit relever d'une nécessité, rester un acte viscéral, vital même. On ne crée pas sur commande. L'auteur ne doit pas chercher un sujet. Il doit le porter en lui depuis des années. Il doit vivre avec ce fardeau jusqu'au jour où, le trouvant trop lourd, il ne peut faire autrement que de le traduire en mots. Et généralement, cela ne se fait pas dans le bonheur, car écrire est un exercice difficile et exigeant.
Et je crains que ce soit ce qui manque à beaucoup d'écrivains actuellement : écrire pour supporter encore un peu la vie, écrire pour ne pas mourir...
Tant mieux pour eux, me direz-vous…
Oui, mais alors tant pis pour nous...