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mardi 31 octobre 2017

Abigaël de Magda Szabó


Éditions Viviane Hamy
traduit du hongrois par C. Philippe
★★★★★ (J'ai adoré)

De certains livres, on sait qu'on ne les oubliera jamais...
Pour moi, Abigaël fait partie de ceux-là, de mes livres cultes qui ont ce quelque chose de fascinant, de mystérieux, de grave qui les place au-dessus des autres.
C'est pour le 100e anniversaire de la naissance de Magda Szabó (1917- 2007) que les Éditions Viviane Hamy publient ce roman d'initiation devenu un classique beaucoup lu en Hongrie, notamment par les jeunes, et pour la première fois traduit en français.
Peut-être connaissez-vous du même auteur La Porte, prix Fémina étranger en 2003 ? Si ce n'est pas le cas : courez chez votre libraire !
Dans Abigaël, nous sommes à Budapest pendant la Seconde Guerre Mondiale. Georgina Vita, jeune fille choyée et gâtée, mène une existence heureuse avec son père, un général veuf qu'elle aime d'un amour fusionnel, et Marcelle, sa gouvernante française obligée de regagner rapidement son pays. Gina doit donc entrer en pension. C'est la décision de son père et elle est irrévocable. L'adolescente fait tout pour y échapper, propose de rester avec sa tante Mimó qui s'occupera d'elle. Elle refuse de quitter son lycée Atala Sokoray, toutes ses amies et le jeune lieutenant dont elle est secrètement tombée amoureuse. Non, ce n'est pas possible !
Mais son père demeure inflexible et Gina ne comprend pas pourquoi cet homme plein d'amour pour sa fille semble soudain vouloir l'éloigner … A-t-il une maîtresse ? Oui, c'est sûrement ça, pense Gina, il veut se remarier.
« Ne dis au revoir à personne, amie ou connaissance, ni même au personnel. Tu ne dois pas dire que tu quittes Budapest. Promets-le-moi ! » lui souffle son père avant de la quitter. Pourquoi tant de mystères ?
C'est ainsi que Gina sera conduite à Árkod, au Nord-Est du pays, au bout du monde pour elle et son nouvel établissement scolaire, la sévère institution calviniste Matula, l'effraie terriblement. « Massive, austère, blanche. Les fenêtres sont petites, la porte cochère renforcée de ferrures, et il y a des grilles aux fenêtres. Cet endroit doit être très vieux et ne ressemble pas à une école, mais à autre chose. A une forteresse. » On a envie d'ajouter : à une prison !
Pourquoi son père l'abandonne-t-il ainsi sans lui donner aucune explication ?
La jeune fille est prise en charge par sœur Zsuzsanna, la préfète d'internat, qui lui demande tous ses objets personnels avant de lui remettre une triste blouse sans ornements…. C'est le désespoir !
Il va lui falloir maintenant se faire de nouvelles amies, accepter des jeux qui ne lui sont pas familiers, se plier à une discipline de fer et à une vie austère dont elle n'a pas l'habitude.
À la limite, Gina serait prête à faire un effort si au moins elle savait pourquoi son père qu'elle aime tant la laisse seule et si loin de lui.
Et, croyez-moi, la jeune fille est loin d'être au bout de ses peines: elle va devoir se plier à la vie en communauté, s'intégrer au groupe des jeunes filles, accepter des règles très strictes, apprendre à connaître et à respecter chacun de ses professeurs, être capable de dépasser les apparences, cesser d'être une petite fille fière, impatiente et capricieuse… autrement dit, grandir...
Pas si simple !
En est-elle capable ?
Et si fuir s'avérait finalement être LA solution ?
Heureusement, au fond du jardin, se cache une statue de jeune fille que tout le monde surnomme Abigaël et qui a un don : oui, elle fait des miracles, on peut lui confier ses peines sous forme de messages écrits, elle fera tout pour réconforter, consoler, apaiser celle qui souffre.
Mais qui se cache derrière cette statue ? Qui est toujours là pour soulager la peine des pensionnaires ? Qui est Abigaël ? Encore un autre mystère…
Je le dis clairement : ce livre est un pur délice, vous allez partager le quotidien des Matuliennes, découvrir des personnages fascinants, des portraits extraordinaires, il vous faudra tenter de percer des mystères épais comme les murs de Matula !
Le suspense omniprésent et l'intrigue captivante m'ont tenue éveillée bien tard : j'ai adoré l'atmosphère mystérieuse et inquiétante de ce livre, ce huis clos un peu étouffant élèves/professeurs, l'évocation de la vie quotidienne dans ce pensionnat et la présence angoissante de la guerre qui menace et se rapproche chaque jour de Matula…

Mes enfants auront eu leur Harry Potter, moi j'ai mon Abigaël… et il est… génial !

                                       

5 commentaires:

  1. On vient de m'offrir La porte (avec la très belle couverture de poche), je vais donc bientôt découvrir cette auteure.

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  2. Ton avis me donne bien envie de lire ce livre!
    Daphné

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  3. Valérie, tu vas te régaler avec ce livre... Tiens-moi au courant!
    N'hésite pas, Daphné, c'est un texte fascinant que tu n'oublieras pas...

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  4. Alors , de cet auteur , je vous recommande chaudement "la balade d'Iza" , un livre cruel et tellement subtil...

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