Entre nous, ce récit de Désérable, je n’y ai pas cru une seule seconde. Je ne peux pas vous dire pourquoi. Une impression, une vague intuition, un sentiment diffus. Et je vais vous avouer que je me suis même demandé s’il y avait vraiment mis les pieds, là-bas, en Amérique du Sud, entre Buenos Aires et Caracas.
Bon, maintenant, je vous préviens tout de suite, cela ne m’a absolument pas dérangée. Bien au contraire! J’ai trouvé ce texte dé-li-cieux, j’ai adoré suivre l’auteur dans ses aventures rocambolesques et je conseille à tous de lire cette épopée sur les pas du Che.
Alors d’où vient cette impression ?
D’abord Désérable ne décrit pas ou peu les lieux qu’il traverse. Il le dit lui-même à plusieurs reprises. J’ai d’ailleurs fait pas mal d’allers-retours entre le livre et mon portable pour voir un peu à quoi ressemblaient les paysages évoqués. « Nous vîmes les chutes d’Iguazú, que je ne décrirai pas : ne me viendraient que des superlatifs sans intérêt, qui ne diraient rien à qui ne les a jamais vues. » S’ensuit une très longue prétérition dans laquelle, finalement, il décrit rapidement ces fameuses chutes. On pourrait d’ailleurs lui souffler que c’est un peu le rôle d’un auteur que de trouver les mots pour décrire ce qu’il voit, et ce, sans utiliser des « superlatifs sans intérêt. » Bref, ces chutes, je suis allée les contempler sur le petit écran de mon portable. Mais pourquoi pas.
En fait, Désérable parle surtout des gens. Ce sont toujours des rencontres incroyables (précisément) et elles arrivent quasiment toutes les quatre pages, pour notre plus grand plaisir de lecteur, il faut bien le dire! Généralement elles foutent un peu la trouille mais elles se terminent bien et comme Désérable a le sens de la formule, on finit par en rire. Un vrai plaisir ! Il est vraiment doué Désérable pour se trouver là où il faut au bon moment. Mais, impossible de croire à tant de coïncidences folles, hasards étonnants, imprévus abracadabrants, concours de circonstances exceptionnels, veine surprenante. Impossible. Mais ce n’est pas grave, on adore, on frémit, on rit. On se souviendra beaucoup plus des bidonvilles de Lima grâce à l’anecdote qu’il nous raconte que s’il nous avait décrit les lieux de long en large de façon impersonnelle. Non, l’anecdote, elle restera dans notre mémoire ! D’ailleurs, une minuscule note de la page 178 nous révèle que oui « parmi toutes les scènes de ce récit, l’une d’elle est fictive. » Une seule vraiment ? Allez, allez…
Parfois j’ai même pensé qu’il n’avait peut-être même pas quitté sa Butte Montmartre. Un plan des lieux, Wiki & compagnie et beaucoup d’imagination : voilà le tour est joué. L’auteur aime Romain Gary. Je le soupçonne d’avoir lui aussi ce petit côté espiègle, un peu farceur sur les bords et ça serait plutôt rigolo de bluffer génialement tout le monde de cette façon, non ?
Une autre chose : j’ai écouté plusieurs interviews de Désérable au sujet de ce livre. Eh bien il raconte toujours exactement les mêmes épisodes, jamais un autre, un nouveau, un truc qu’il aurait vécu, qu’il n’aurait pas mentionné dans le livre et qui lui serait revenu là, juste au moment de l’interview. Non, toujours exactement les mêmes souvenirs et souvent racontés avec les mots mêmes utilisés dans le livre. Comme si ces souvenirs n’étaient que littérature. Comme s’il récitait une leçon bien apprise.
Oui mais les quelques photos du livre. Alors là, on sait qu’une photo ne prouve plus rien.
Bref, c’est un super bouquin, je l’ai adoré ! Peu importe qu'il y soit allé ou pas d'ailleurs. Dans le fond, on s'en fout ! Il m’a quasiment donné envie de découvrir l’Amérique du Sud où je ne rêvais vraiment pas d’aller. C’est vous dire...
UN JOUR PLUS TARD:
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