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mercredi 25 mai 2016

Manifeste pour la librairie... et les lecteurs! de Denis Mollat


Tous les matins, quand je pars au travail, je passe devant un ancien café qui a fermé depuis quelque temps et tous les matins, je le transforme en…librairie.
J’imagine l’emplacement des étagères, la disposition des tables, le thème de la vitrine (que je change presque chaque jour), le rangement de mes œuvres fétiches que je placerais bien en vue, la lumière douce qui éclairerait les nouveautés, deux trois fauteuils pour se poser et réfléchir et puis, peut-être, de quoi servir un thé ou un café… Bref, je la vois ! Elle est là : MA librairie !
Alors quand j’ai découvert ce Manifeste pour la librairie… et les lecteurs !, je me suis jetée dessus ! La librairie Mollat, qui ne connaît pas ? Même moi qui n’ai jamais mis les pieds à Bordeaux, je fréquente leur site et suis bien souvent leurs judicieux conseils de lecture.
Cette grande librairie est une histoire de famille, d’un arrière grand-père latiniste et helléniste qui fonde une librairie en 1896. Transmise de génération en génération, elle fait travailler les nombreux membres d’une même famille jusqu’à ce qu’un certain Denis Mollat en devienne le directeur. Après avoir achevé ses études de médecine, il décide de reprendre la librairie, « une obligation plus qu’une sollicitation ». Petit à petit, il faut s’adapter à la concurrence, très forte dans ces années 80/90.  La librairie s’agrandit : 1400 mètres carrés de rayonnages, (si j’avais ça près de chez moi, je serais ruinée !), 57 libraires aux petits oignons qui vous connaissent, qui prennent le temps de parler, de conseiller. Des rencontres, des échanges… 
Les reproductions des photos de la librairie font rêver…
Après s’être présenté, Denis Mollat laisse la parole à ses invités : F. Brugère, philosophe, rappelle que la littérature, en ces temps difficiles, nous aide à prendre soin de nous, elle est « un antidote au trauma » et a un réel pouvoir « de réparation et de consolation ». Elle ouvre des perspectives et en cela, nous fait rêver. Elle lutte aussi contre l’ignorance, nous détourne d’un monde trop terre à terre fondé sur l’économie et la rentabilité. Elle permet aussi de lutter et de faire évoluer les idées. Bref, comme le disait C. Dantzig dans son essai Pourquoi lire ?, « D’une certaine façon, il faut lire parce que ça ne sert à rien. Je parle de la lecture de la littérature. On la lit, me semble-t-il, à cause de son absence de vocation utilitaire. La véritable fonction de la littérature est de nous maintenir en vie dans un monde brutal. »
 Henri Causse, directeur commercial des Editions de Minuit, évoque quant à lui un libraire « créateur de son », celui qui prend des risques, misant sur un livre un peu difficile ou sortant des sentiers battus. Si le livre a du succès, le libraire devient un « amplificateur de son ». Il est vrai que la surproduction de livres nécessite que l’on soit guidé, conseillé. Un bon libraire tentera de mener son client sur des chemins où ce dernier ne se serait peut-être pas risqué seul. « Une librairie, c’est un orchestre, il faut que ça sonne. Dans les librairies, les livres sont la partition, les vendeurs, les musiciens qui la lisent… »
 J-M Laclavetine, de son côté, se souvient de sa fascination, enfant, pour la bibliothèque de quartier et des heures qu’il passe à lire à tel point que sa mère l’emmène chez un psychiatre de Bordeaux pour qu’il le délivre du mal ! J. Savigneau avoue regretter une presse écrite qui laissait de la place aux critiques littéraires. Elle se désole par ailleurs de l’apparition d’un nouveau lecteur qui lit deux trois pages puis consulte sa tablette ou son iPhone. Ah, la concentration sur le long terme, les après-midi de lecture, qui vit encore cela ?
D’autres articles de M. Onfray, B. Racine et J.P Toussaint viennent enrichir l’ouvrage.
Que j’aime les livres qui parlent des livres, des lecteurs, des éditeurs, des libraires, de ceux qui partagent cette passion, et la transmettent au quotidien ! Et puis, je pense aussi à mon métier, car, tous les matins, après avoir dépassé mon café-librairie idéal, je poursuis mon chemin à travers la campagne et retrouve mes élèves…

Finalement, c’est encore à eux que je parle le plus longuement de ce que j’aime le plus au monde: la littérature…

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