Éditions Métailié
★★☆☆☆ (J'ai moyennement aimé)
Bon,
autant le dire tout de suite, j'ai eu du mal à mener à bout cette
lecture et il me semble tout simplement que le sens profond m'a
complètement échappé.
Et
pourtant, le titre m'avait vraiment attirée. Pour la petite
histoire, Lucia est le surnom que des copains anglais m'ont
donné en référence aux livres de E. F Benson : le cycle de
Mapp et Lucia - publié de nouveau récemment chez Payot- (oh, si
vous ne connaissez pas… C'est un pur délice, très très anglais…)
Bref, avec une copine, MAP, nous allions tous les étés à Londres
faire les quatre cents coups… Quant à l'âme russe, j'ai déjà
raconté ici et là, (j'ai tendance à radoter un peu) que ma
grand-mère paternelle était russe. Bref, Lucia et l'âme
russe, c'était forcément pour moi ! En plus, sur la 4e
de couv, il est question d'un de mes romans russes préférés :
Le Maître et Marguerite de Boulgakov.
Donc
imaginez mon attente et du coup, ma déception !
Le
sujet, hum, hum, ça coince (beau début de chronique). Une vieille
femme, Lucia Binar, immobilisée
chez elle pour cause de clavicule cassée lors d'un accident
de bus, attend que les services sociaux lui livrent son repas. Mais
rien ne vient, et lorsqu'elle parvient enfin à joindre le service
d'urgence sociale, une employée un peu débordée se moque d'elle et
l'invite à manger les biscottes ou les gaufrettes qui traînent dans
son placard. Très bien, se dit Lucia, elle ne perd rien pour
attendre, celle-là !
Arrive
ensuite un étudiant, membre de l'association « Non au
racisme dans nos rues » : il souhaite que la rue des
Maures Mohrengasse soit rebaptisée la rue des Carottes
Möhrengasse, ce qui fait évidemment beaucoup rire Lucia,
elle qui est née et a toujours vécu dans cette rue de Vienne. Elle
a traversé tout le XXe siècle dans cet appartement et elle ne le
quittera que les pieds devant. « Lorsque notre rue fut
pavoisée de croix gammées, j'avais cinq ans. Lorsque les derniers
juifs de notre quartier ont été déportés, j'en avais neuf ;
lorsque sont tombées les premières bombes, j'en avais dix ;
durant la bataille de Vienne et à la fin de la guerre, peu de temps
après, j'en avais douze ; quand l'Autriche a été de nouveau
libérée, j'en avais vingt-et-un ; quand les premiers
travailleurs immigrés sont arrivés dans notre quartier, j'en avais
trente-trois. » Mais l'immeuble est de plus en plus mal
fréquenté : des squatters y vivent et le propriétaire trouve
cela très bien car au fond, il souhaite le départ de ses occupants
afin de récupérer son immeuble. Lucia va devoir se battre pour
rester…
Le
XXIe siècle ne se présente pas très bien pour elle...
Puis,
un autre personnage entre dans le roman : Alexander, un jeune
émigré russe. Il se retrouve plus ou moins coincé dans un
ascenseur fou avec une jeune femme, Élisabeth. Cet incident les
rapprochera et un peu plus tard, Alexander se mettra à lui raconter
sa vie, la mort de sa tante, sa rencontre avec un certain Viktor
Viktorovitch, une espèce de charlatan-magicien qui veut créer une
entreprise pour aider les gens à se découvrir et à voyager dans
l'âme russe, ses relations avec ses demi-sœurs Ludmilla et Polina,
ses mésaventures avec son beau-frère… La pauvre Élisabeth qui
l'écoute raconter ses histoires est d'une patience… Elle en
redemande même…
J'avoue
que, de mon côté, j'ai vite été rassasiée par les propos
d'Alexander, me suis perdue dans le sens général du texte, à la
recherche d'une unité et d'une réelle progression narrative et rien
ne m'a vraiment amusée dans cette histoire un peu forcée.
J'ai
bien compris tout de même que Vienne apparaît comme une ville où
les gens sont racistes, xénophobes, antisémites, que la modernité
fait peur à certains personnages qui semblent avoir du mal à faire
le lien entre leur vie d'autrefois et les grands changements actuels
(ère du numérique etc, etc...)
J'ai
cependant trouvé le personnage de Lucia attachant : ancienne
institutrice et dévoreuse de livres, elle cite régulièrement des
œuvres, connaît des vers par coeur et l'on sent que la littérature
l'aide à surmonter les difficultés de l'existence. « Ma
soif de mots est plus forte que mon désir de m'alimenter d'une
nourriture plus substantielle que des poèmes. » J'aurais
aimé que le roman soit davantage centré sur ce personnage plein
d'humour et n'ayant pas l'intention de se faire dicter une ligne de
conduite quelle qu'elle soit…(J'ai eu l'impression de retrouver un
peu Aaliya Saleh, le personnage d'Une vie de papier de
Rabih Alameddine.)
Oui,
bien sûr, c'est une oeuvre originale, étrange, excentrique à
souhait, bien déjantée, les événements improbables et les
rencontres folles s'accumulent mais l'on peine (moi en tout cas) à y
voir clair. Si quelqu'un peut me venir en aide… Je suis disposée à
prendre en compte toutes les interprétations que vous me
proposerez...
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