En 1972, quatre jeunes scientifiques, spécialistes de mathématiques, économie et informatique, réunissent leurs compétences pour publier une étude intitulée « The Limits to Growth» (Les Limites à la Croissance) : les activités de l’homme sur la terre détruisent la planète. Voilà, c’est dit. Il faut donc renoncer non seulement à la croissance économique mais aussi démographique au risque d’un effondrement général vers 2050 c’est-à-dire demain.
Des choses qu’on sait et qu’on vit maintenant, chaque jour. Notre modèle de société actuel épuise les ressources de la terre, perturbe le climat, crée des inégalités. Il faut donc redéfinir un nouveau modèle économique, freiner la surconsommation et l’usage abusif des matières premières, sinon nous connaîtrons crises, famines et conflits.
Abel Quentin précise dans une note aux lecteurs que si le « rapport 21 » dont il parle dans « Cabane » s’inspire de celui de 1972, les personnages, eux, ont été inventés de toutes pièces. On se doute que l’auteur a dû s’intéresser de près à Donella et Dennis Meadows, William Behrens et Jørgen Randers pour créer le couple américain du roman : Mildred et Eugene Dundee, le Français Paul Quérillot et le Norvégien Johannes Gudsonn.
Nous découvrons la façon dont le rapport a été élaboré et les tensions qu’il a provoquées au sein du groupe des scientifiques. (Quand on pense que ça fait 53 ans qu’on dispose d’informations claires et nettes sur le sujet et que nous peinons à enrayer le phénomène, j’avoue que cela laisse pantois.) Bref...
Mais l’originalité du roman réside surtout dans le fait qu’il s’intéresse à la façon dont les quatre protagonistes ont réagi lorsqu’ils ont pris conscience du terrible constat que leur étude venait de mettre à jour. En effet : comment fait-on pour continuer à vivre normalement quand on a 25 ans et que l’on vient de découvrir que la planète ne va pas tenir le coup encore bien longtemps, et ce à une époque où la terre entière n’en a absolument rien à faire (pire que maintenant, c’est dire!) ? J’ai adoré les portraits de ces personnages que je trouve tragiques dans la mesure où ils sont détenteurs d’une horrible vérité et donc d’une trop lourde responsabilité pour eux.
Chacun d’eux réagira à sa manière...
« Cabane » est un roman passionnant, terrible, satirique, qu’on lit comme un roman policier et qui donne vraiment envie de réagir. On apprend plein de choses sur l’histoire de l’écologie et Abel Quentin est un génial vulgarisateur qui nous donne accès à des concepts scientifiques, philosophiques et écologiques essentiels. C’est ce type de livre qui donne envie de vivre autrement. Ça calme comme on dit !
Un vrai coup de coeur !
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