La Manufacture de livres
★★☆☆☆ (bof, bof)
Il
était une fois une famille de pauvres paysans : le père, la
mère et les quatre filles. Un jour, le père décida de vendre son
aînée à un homme riche qui en fit son esclave. Le père regretta
son geste et voulut récupérer sa fille mais…
Né
d'aucune femme est un conte, noir, cruel, sombre, qui utilise
tous les archétypes du conte : un cadre spatio-temporel
imprécis ; des personnages nettement caractérisés : les
gentils (héros ou héroïnes), les méchants (les opposants) et ceux
qui aident les gentils (les adjuvants). Pas de profondeur
psychologique : c'est normal puisque dans un conte les
personnages répondent à une fonction. Le schéma narratif est celui
du conte : une situation initiale (ils sont pauvres mais heureux
sans le savoir), un événement perturbateur (la vente), quelques
péripéties (le père veut récupérer sa fille…), un élément de
résolution et une situation finale. On a aussi le château, la
chambre interdite, la femme prisonnière...
Né
d'aucune femme répond donc aux critères du conte, sans
originalité particulière sinon la longueur. Il m'a semblé
d'ailleurs que tout était prévisible, attendu : dans
l'ensemble, aucun événement ne m'a surprise. Le conte se déroule
tranquillement, on sait où l'on va et l'on y va. Pas franchement de
suspense et beaucoup de longueurs donc…
Par
ailleurs, j'ai depuis longtemps passé l'âge de pleurer sur des
personnages de contes : ni Rose, ni son père ni qui que ce soit
ne m'ont particulièrement émue, j'ai suivi le déroulé de
l'histoire sans jamais m'attacher aux personnages à qui il aurait
bien pu arriver n'importe quoi, peu m'importait dans la mesure où,
la situation étant invraisemblable, les personnages l'étaient tout
autant.
Pas
d'originalité non plus dans l'entrée en matière : un prêtre
trouve un cahier écrit par une femme. La lecture de ce cahier sera
l'objet du conte. Rien de nouveau sous le soleil.
Une
écriture assez plate sur les trois quarts du livre puisque c'est
Rose qui est censée parler.
Bon.
Pourquoi
pas ?
Des
longueurs, de l'ennui, aucune surprise…
Tout
ça pour dire que je suis très étonnée par les louanges
dithyrambiques lues ici ou là sur ce roman. Comme je l'ai déjà
dit, je ne vois aucune originalité dans la forme ou dans le fond.
Tout est attendu et cousu d'un fil blanc bien épais.
Mais
en plus de cela, certaines choses m'ont franchement énervée :
d'abord le côté mélo. Certes, cela peut se rattacher au genre
choisi, mais là, vraiment, ça dégouline de partout, on se croirait
parfois dans les pires romans-feuilletons du XIXe… Et que je t'en
remette une couche et encore une (que c'est lourd, appuyé)… Oui,
cette affaire est bien triste, très triste même, on l'a compris,
pas la peine d'en rajouter… Que de pages pour faire pleurer dans
les chaumières…. Quelle surenchère dans le misérabilisme...
Autre
point (qui m'a déplu) : imaginez une pauvre gamine de 14
ans, séparée de sa famille, qui arrive dans une demeure tenue par
deux étrangers qui la séquestrent. Elle parvient tout de même à
échanger un peu avec un homme à tout faire (un gentil lui). Eh
bien, la petite chérie, qui vient d'avoir ses règles et qui, donc,
est devenue une femme, se sent soudain tout émoustillée par le dos
du beau jardinier… Tiens donc… Et que je te le reluque… Oh
qu'il est beau le gredin…. Là, je me suis soudain demandé où
l'auteur nous emmenait. Tout cela m'a paru complètement saugrenu vu
la situation (même si rien n'est vraisemblable dans un conte… il
y a quand même des limites, non?) Malaise… S'agit-il d'émoustiller
le lecteur ?
Non,
ce ne sont pas les scènes violentes qui m'ont gênée, j'en ai lu
d'autres et des bien pires, ce sont plutôt ces scènes d'éveil des
sens qui m'ont semblé artificielles et m'ont mise mal à l'aise.
Alors
non, je ne partage pas l'enthousiasme général, loin de là.
Mais
ce n'est que mon petit avis !
Eh bien, on peut dire que tu lui règles son compte, à celui-là :-D
RépondreSupprimerJ'ai l'impression que c'est de moins en moins pointu. Grossir le ciel m'avait fait forte impression. Ensuite, ça n'a cessé de se dégrader. Glaise m'avait carrément déçue. Moi qui croyais qu'il avait redressé la barre avec ce nouvel opus!
RépondreSupprimerEt bien merci! J'étais comme vous très déçu par le livre et je ne comprenais pas les critiques dithyrambiques lues ici où là et me sentais bien seul.
RépondreSupprimerVous avez mis les mots qui conviennent au malaise que j'ai ressenti lors de cette lecture, merci !Je me sens moins seule au milieu des vivas et des bravo. Bien cordialement.
RépondreSupprimerRoman noir... oui... trop noir... que d'accumulations! Que de couches rajoutées pour tenir le lecteur! Mais trop, c'est trop... Moi, je vais réussir mon évasion aux 2/3 du roman....
RépondreSupprimerOn est bien d'accord, Danielle... Fuyons!
SupprimerBien décevant..
RépondreSupprimerje suis d'accord : un très pâle remix de "La Terre" de Zola, de romans des sœurs Bronté et de nouvelles de Maupassant, avec un parti pris langagier fatiguant et pauvre, qui fait douter de la capacité d'analyse critique de lecteurs aussi enthousiasmés...
RépondreSupprimerje suis bien contente de vous lire, Madame. J'ai détesté ce livre, je me croyais bien seule. Comment le qualifier sinon de malsain. L'intrigue m'a paru rocambolesque. La langue, parfois inappropriée : en particulier dans le journal de Rose.
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