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lundi 13 septembre 2021

La fille qu'on appelle de Tanguy Viel

Éditions de Minuit
★★★★☆

Bon, et moi qui passe mon temps à râler parce que la plupart des textes, il faut bien le dire, ne sont pas « écrits », dans le sens où il n'y a plus vraiment de travail sur la forme (ah, le style!)... Ils sont lisibles, certes, mais ça s'arrête là. Donc, je beugle, m'époumone, vitupère, peste, grogne, geins et larmoie (allez, arrête, n'en fais pas trop quand même!) Mais ici, que nenni, nul besoin de se mettre dans tous ses états : une écriture, il y en a une (qu'on aime ou qu'on n'aime pas) mais elle est bien là. Je trouve d'ailleurs qu'il y a du Proust là-dedans, dans le côté « débordant » avec des phrases « grandes marées » et des vagues qui ratissent large, des mots qu'on ne contient plus et dont on devine la tempête, pleine de furie, qu'ils renferment… Une langue impétueuse donc, rageuse, frénétique, nerveuse, violente même. Bref, une langue qui est là, puissante, intense et qui creuse, fouille, pénètre, va au fond des êtres, jusque dans leur silence, au coeur de leurs blessures. Et il faut bien le dire, Tanguy Viel, avec cette langue-là, pourrait bien nous parler de n'importe quoi, qu'on marcherait, qu'on courrait même, emporté par sa prose.

Et pourtant.

Pourtant, (comme diraient mes gosses « tu pinailles tout le temps »), oui pourtant, j'ai eu l'impression malaisante (ils disent ça les kids) de relire un texte que j'avais déjà lu (une sorte d' « Article 353 du code pénal » bis) avec, dans le fond, les mêmes thématiques ( en vrac -et à la façon liste de courses-  : revanche sociale ; emprise ; puissants vs petits ; coupables vs victimes), la même forme (une audition), avec des personnages méchants (les dominants) et des gentils (les dominés) (tous assez caricaturaux d'ailleurs…) (oh, le boxeur, un peu gros, non ? -pas lui, hein, le procédé… ), une histoire platounette à la Simenon (dont on devine l'issue dès le début d'ailleurs…)

C'est juste dommage. J'aurais préféré qu'il aborde un sujet nouveau… Avec l'écriture qu'il a, il peut tout se permettre !

Qu'il en profite donc, tonnerre de Brest!


 

2 commentaires:

  1. Effectivement l’écriture de Tanguy Viel est un pur plaisir pour peu qu'on ait envie de s'accrocher à ses phrases " grandes marées" comme tu le dis si bien ! Et avec cet opus je n'ai vraiment pas eu l'impression de relire " le même texte " ( il est vrai que je n'ai pas tout lu de lui ). J'ai trouvé ce texte très fort, qu'il parlait de façon admirable du harcèlement en posant le problème de la sidération et du consentement. La lecture de ce livre m'a apporté un véritable éclairage sur le sujet et notamment la subtilité des rapports harceleur/harcelée, et donc je mets les 5 ***** sans hésiter !

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  2. Je suis moins généreuse que vous pour la notation! J'aurais moi aussi mis cette note pour son précédent roman "Article 353 du code pénal" mais pas pour celui-ci...

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