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mercredi 9 août 2017

Trois saisons d'orage de Cécile Coulon


Éditions Viviane Hamy
★★★★☆ (J'ai beaucoup aimé)

Mon premier Cécile Coulon, Prix des Libraires 2017, waouh, belle référence ! Généralement, j'aime beaucoup les livres récompensés par ce prix, des valeurs sûres que je lis chaque année.
Alors…
Incontestablement, Cécile Coulon a du talent, une écriture, un style. Son récit est puissant, décidé, abrupt, tranché. Il a en lui de l'énergie, de la vigueur, une forme de violence aussi. Cela dit, on frôle parfois une certaine froideur dans la présentation des lieux mais aussi dans celle des personnages : on ne s'y attache pas, on les voit de loin, comme des petites marionnettes manipulées par le destin... C'est cette « distance » qui m'a peut-être un peu gênée au départ, ce côté « détaché » de l'écriture, sans émotion, qui, cependant, à y bien réfléchir, sert parfaitement le propos : les personnages, comme les lieux évoqués, gardent leur part de mystère, préférant confier au silence leur sentiments, leurs craintes, leurs obsessions et leurs passions.
Comme dans une tragédie, on sait à l'avance que tout va mal se terminer ou à peu près : le village nommé « Les Fontaines » est dominé par un massif effrayant « les Trois-Gueules », « un défilé de roche grise, haute et acérée, divisé en trois parties, en trois sommets successifs qui ressemblent à s'y méprendre à trois énormes canines. » Une menace semble planer créant une tension dramatique plus présente dans la seconde partie du récit. Difficile de savoir quelle forme le mal prendra mais la bête est là, prête à bondir...
Après la Seconde Guerre Mondiale, l'entreprise d'extraction de minerai Charrier Frères s'est implantée dans ce lieu où la pierre est d'une qualité exceptionnelle. Les ouvriers au visage blanc de poussière sont surnommés « les fourmis blanches ». Ils s'installent au village et grossissent les rangs des quelques agriculteurs natifs du pays. Les cent cinquante habitants passent rapidement à mille. Pourtant, cette nature effrayante fait peur aux gens de la ville : elle noie, brûle, asphyxie, tue, elle est magique et sublime, hostile et superbe, un paradis mêlé d'enfer ou bien l'inverse. Certains hommes de la ville disent « qu'il ne faut pas aimer la vie pour vivre aux Trois-Gueules . »
C'est là, qu'un médecin originaire de Lyon, André, vient s'installer dans une maison somptueuse « La Cabane » qui domine le village. Il y passera sa vie. Bien sûr, il connaît les histoires effrayantes qui planent sur ces terres de légendes et de superstitions d'un autre âge, refusant de trop y croire, et pourtant…
Trois saisons d'orage est l'histoire d'André, de son fils Benedict qui deviendra lui aussi médecin, de sa belle-fille Agnès et de la fille qu'ils auront Bérangère ; c'est aussi l'histoire de Valère, fils de paysans, de natifs de la région, de gens qui ne sont pas nés en ville, qui sont d'ici.
Un récit tragique raconté par Clément, un homme d'église qui n'a pas d'histoires à lui mais qui connaît celles des autres, les secrets, les mystères, qui observe, écoute et sait se taire car toutes les vérités ne sont pas faciles à entendre.
Encore une fois, un texte au premier abord à l'image des lieux et des gens dont il parle, austère, un peu froid, comme distant et qui, au fur et à mesure de la lecture, s'ouvre, se révèle dans toute sa splendeur, sa beauté et sa puissance.

Une très belle lecture que l'on n'oublie pas !

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