Éditions du Rouergue
★★★★☆ (J'ai beaucoup aimé)
Bon,
allez, en ce début d'été, je vous emmène dans l'archipel des
Hébrides et plus précisément sur l'île de Lewis et Harris
(nord-ouest de l'Écosse) : un vol Paris - Stornoway via
Manchester et Inverness - pas de direct, vous croyez quoi, vous ?
Et n'allez pas oublier la polaire, l'épais coupe-vent et les bonnes
chaussures de marche, voire les bottes. Prêt ? C'est parti !
(J'ai évidemment réservé au Crown Hotel de Stornoway – pour
l'arrivée, car après : camping !)
Même
si le roman commence à Paris - et vous découvrirez tout seul
pourquoi - c'est essentiellement sur cette île du bout du monde que
nous promène Peter May. Et quelle balade ! Cet auteur a
vraiment le don de nous immerger (à prendre au pied de la lettre!)
dans un lieu, une atmosphère, des traditions et, il faut bien le
dire, c'est ce que j'ai préféré dans ce roman !
En effet, ce Peter May a toute une palette de mots pour décrire les mille nuances de la mer tourmentée, les vents formidables qui décoiffent landes, bruyères et tourbières, les pluies insensées et les tempêtes extraordinaires, les multiples reflets du soleil sur les nuages : tout est lumière, couleur, souffle, tout est changement, transfiguration, métamorphose. Le grand soleil peut disparaître en un clin d'oeil et laisser place à des vents violents, des vagues rageuses et une terre boueuse sur laquelle il devient impossible d'avancer.
La sensation de vivre semble être multipliée à l'infini sur ces îles, tellement la nature est là dans toute sa puissance et sa force et l'on se sent petit, très petit même, face à une telle fureur !
Et Peter May place tous nos sens en alerte : on sent l'odeur de la mer et du vent ! Je me suis régalée de ces éléments en furie d'autant que je n'avais pas à les vivre, vautrée que j'étais dans mon lit ou ma chaise longue. Voilà à quoi sert la littérature : nous transporter et c'est certain, je l'ai été avec ce texte !
En effet, ce Peter May a toute une palette de mots pour décrire les mille nuances de la mer tourmentée, les vents formidables qui décoiffent landes, bruyères et tourbières, les pluies insensées et les tempêtes extraordinaires, les multiples reflets du soleil sur les nuages : tout est lumière, couleur, souffle, tout est changement, transfiguration, métamorphose. Le grand soleil peut disparaître en un clin d'oeil et laisser place à des vents violents, des vagues rageuses et une terre boueuse sur laquelle il devient impossible d'avancer.
La sensation de vivre semble être multipliée à l'infini sur ces îles, tellement la nature est là dans toute sa puissance et sa force et l'on se sent petit, très petit même, face à une telle fureur !
Et Peter May place tous nos sens en alerte : on sent l'odeur de la mer et du vent ! Je me suis régalée de ces éléments en furie d'autant que je n'avais pas à les vivre, vautrée que j'étais dans mon lit ou ma chaise longue. Voilà à quoi sert la littérature : nous transporter et c'est certain, je l'ai été avec ce texte !
Après
les paysages, les traditions et les coutumes qui font l'identité
d'un pays : vous allez être plongé dans l'univers du tissage
et de la fabrication des textiles, le Harris Tweed ou le Ranish
Tweed, les anciennes fabriques de Shawbost et de Carloway, les vieux
métiers à tisser comme le Hattersley remplacé par le Griffith
double largeur, sans parler des tisserands et de leurs gestes
ancestraux. Écoutez donc : « Le tissu était
doux, somptueux, presque sensuel sous mes doigts. Mais c'étaient ses
couleurs qui me fascinaient le plus. - C'est magnifique. Ça
me fait penser à la découpe de la tourbe sur Pentland Road par un
jour ensoleillé. Toutes ces teintes différentes. Les
premières nouvelles pousses au milieu des herbes de l'hiver. Vert et
rouge. Le brun des racines de bruyère, le bleu du ciel qui se
reflète dans tous ces petits trous d'eau. » Pure poésie,
non ? L'auteur précise d'ailleurs, en exergue, que « Le
Harris Tweed est le seul tissu au monde à être décrit par une loi
du Parlement. Cette loi de 1933 le définit ainsi : « Tissé
localement à la main par les habitants des Hébrides extérieures,
fini sur le sol des Hébrides extérieures, fait de pure laine vierge
teinte sur le sol des Hébrides extérieures. » C'est
clair, non ? Une espèce de super Label Rouge quoi !
Plus
anecdotique par rapport au sujet principal de l'histoire mais
néanmoins très amusante, j'ai beaucoup aimé l'évocation de
la tradition du vol de portail le soir d'Halloween! Un truc
comme ça, ça ne s'invente pas !
Et
puis, il y a la langue : d'abord, dès le début, une page sur
« la prononciation des mots gaéliques » : exemple
« Amhuinnsuidhe » se prononce « av-anne-soué ».
Répétez après moi ! Facile, non ? Allez, pas de frayeur,
je suis tellement douée pour les langues que j'ai très vite
abandonné et me suis fait un petit gaélique perso et tout s'est
très très bien passé ! Ah, cette langue, elle fait vraiment
partie du dépaysement : la mamaidh, les midges (beurk), le
bothag, le machair, les balanisrachs, la tairsgear et n'oublions pas
les noms propres : les Macfarlane, Ruairidh (personnage
principal) qu'il faut prononcer Rou-are-i.
Découvrir
cet univers m'a ravie, really ! Un vrai voyage dans l'espace et
le temps que l'on retrouve immanquablement dans les romans de Peter
May...
Maintenant,
l'intrigue : bien sûr, il s'agit d'un roman policier dans la
mesure où il y a une enquête mais on sent qu'au fond là n'est
peut-être pas l'essentiel. Bon, deux mots, pas plus : Ruairidh
et sa compagne Niamh, fondateurs de l'entreprise de tissu Ranish
Tweed, sont venus à Paris pour participer au salon Première Vision.
Mais Niamh soupçonne son mari d'avoir une liaison avec la créatrice
russe, Irina Vetrov. C'est d'ailleurs une information qu'elle vient
de recevoir via un mail anonyme. Alors, lorsque son mari lui annonce
qu'il se rend à une réunion chez Yves Saint Laurent, elle a des
doutes, le suit et tente de le rattraper… sans savoir que, dans
quelques minutes, son destin va prendre un chemin imprévu et
totalement basculer. STOP, pas plus - j'aurais peur que vous
m'étrangliez! Comme je vous le disais, si je n'ai pas lâché mon
bouquin avant de savoir le nom de l'assassin, preuve que le suspense
est là et que ça marche, au fond, l'intrigue me semble être le
prétexte à la découverte des hommes qui habitent cette terre, des
paysages qui sont les leurs, des coutumes qu'ils respectent encore :
c'est toute une époque, finalement, qui nous est racontée à
travers l'histoire de Niamh et de Ruairidh, personnages dont on
découvre petit à petit le passé et la vie sur cette île où
chacun garde ses secrets et ses rancoeurs.
C'est
certain, je n'oublierai jamais la maison de Ruairidh et et Niamh et
les vues imprenables qu'elle offre sur l'océan les soirs de tempête,
je la garderai longtemps au fond de moi comme un petit refuge du bout
du monde…
J'avais bien aimé sa trilogie qui se déroulait aussi sur cette île de Lewis, mais avec un enquêteur récurrent. Je retournerai volontiers dans cette atmosphère, finalement, en été, c'est tentant ....
RépondreSupprimerDe cet auteur je n'ai lu qu'un seul livre : " Les disparus du phare " Longtemps après, je garde encore des images de l'île de Lewis et même si l'intrigue policière était très bien ficelée, c'est surtout cette ambiance de bout du monde qui m'a séduite dans ce roman.Et c'est avec plaisir que j'y retournerais...
RépondreSupprimerIl ne faut vraiment pas hésiter à découvrir ce roman très dépaysant! Vous allez aimer, c'est certain! Peter May + les éditions du Rouergue = des valeurs sûres!
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