Éditions Noir sur Blanc
★★★★☆ (j'ai beaucoup aimé)
Sept
chapitres écrits dans une très belle prose poétique et lyrique
nous plongent au coeur du Borgo Vecchio, quartier populaire de
Palerme, où nous rencontrons une poignée de personnages hauts en
couleur : Giovanni, charcutier prêt à tout pour économiser
quelques grammes de mortadelle, son fils, Mimmo, le gamin des rues
qui traîne avec le pauvre Cristofaro, le gosse qui reçoit tous les
soirs sa dérouillée et dont les cris de douleur résonnent dans
tout le faubourg...
Il y
a aussi Carmela, la prostituée au corps de lumière et de feu qui a
disposé le manteau d'une vierge au-dessus de son lit et a repeint le
plafond en bleu pour que ses clients s'imaginent au paradis. Elle a
une fille, la Carmela, une belle Celeste qui attend patiemment sur
son balcon que sa mère ait cessé de rendre les hommes un peu
heureux, la belle Celeste dont Mimmo est fou d'amour…
Complétons
le tableau avec Totò, le
pickpocket, qui range son couteau dans ses chaussettes pour éviter
de couper trop souvent la gorge des belles dames du centre ville...
Même que le Mimmo aimerait bien s'en servir, de ce couteau, pour
l'enfoncer entre les deux côtes du père de son copain Cristofaro.
Et
Nanà, le cheval à qui l'on parle, à qui l'on explique au creux
d'une oreille de velours ce qu'est l'amour, à qui l'on confie tout
le poids des lourds secrets et qui, dans le silence de sa douce
nature animale, bat des cils pour dire qu'il a compris et qu'il ne
répétera jamais les tendres mots qu'il a recueillis au fond de son
coeur.
Et
tout ce petit monde pleure et rit, embrasse et tue, vole et donne, se
donne aux autres, à la vie, au soleil qui fait taire tout le monde
aux heures lourdes de l'après-midi.
Et
cette vie est palpable dans l'écriture de Giosuè Callagiura et
c'est là que se trouve toute la magie de ce texte, dans le coeur qui
bat, la veine qui palpite, le corps qui frémit et l'esprit qui
tremble. Cette VIE, elle est là, dans l'odeur du pain chaud qui se
répand doucement, délestant les épaules de l'ivrogne de tout le
poids d'un monde qu'il peinait à porter, ralentissant le pas des
belles dames et de leur ombre sur les murs ocres du quartier.
Et
puis il y a Dieu, ici, là, partout, nulle part, dans les coeurs et
dans l'air, dans le sang et les larmes, dans la vie et la mort, ici,
là, partout, nulle part.
Chaque
page est un autre jour dont il faudra atteindre la nuit, vivant si
possible, heureux ce serait mieux, mais à Borgo Vecchio on n'en
demande pas tant.
Intense,
beau et frémissant d'humanité…
Ce que tu dis de ce titre me tente beaucoup, sauf dieu qui est partout, mais je verrai bien ! Allez, il est noté !
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