Éditions Inculte
★★★★★ (ATTENTION : immense coup de coeur ++++)
Si
mes chroniques littéraires devaient un jour servir à quelque chose,
eh bien ce serait à faire connaître des livres comme celui-ci. Car,
oui, vraiment, ce roman est une splendeur et je pèse mes mots… Le
récit tendu à l'extrême est servi par une écriture intense,
sensuelle et poétique de toute beauté… Dès les premières
lignes, on est saisi et l'on comprend que l'oeuvre que l'on commence
à peine va nous emporter, nous tenir en haleine jusqu'au bout…
Franchement, lisez-le, lisez-le, lisez-le… Je vais tenter de vous
convaincre mais mes mots seront bien pauvres par rapport à la force
de ce texte et à la puissance qui s'en dégage.
En
fait, nous entrons dans un monde tragique où, d'une certaine façon,
la règle des trois unités est parfaitement respectée : unité
de temps, six années dont les tensions s'exacerbent autour d'une
fête : la saint Barthélemy (24 août) où l'on déguste la
traditionnelle soupe au pistou ; unité de lieu : un petit
village du Sud, entre mer et montagne : Ségurian, quatre cents
habitants ; unité d'action : un certain Guillaume
Levasseur qui, après avoir baroudé à droite à gauche, arrive au
village avec un projet bien précis en tête : construire de ses
propres mains une bergerie et s'installer comme berger.
Seulement,
Ségurian est depuis toujours une terre de chasseurs à la tête
desquels règne la dynastie des Anfosso, notamment Joseph, l'aîné,
chasseur de sangliers, bâtisseur de la quasi totalité des maisons
du village, un gars du pays, un enraciné, un du cru à qui on
n'impose rien, à qui on ne la fait pas. À qui on obéit.
« Ségurian, un village de chasseurs donc, avec une grande
famille de chasseurs et un chef chasseur. »
Alors
évidemment, l'arrivée de ce néo-berger, de cet étranger, titille
fortement le Joseph… Parce que, non content de s'installer sur une
terre qui n'est pas la sienne, ce Guillaume en impose : il est
beau, grand aussi… Mais pas seulement… Il est aussi courageux,
déterminé, méthodique, bosseur acharné et en plus, il sait
parler, il serait même un peu intello sur les bords… Il sait mener
son projet à bien, en restant réglo avec la loi, tout lui sourit à
ce gars...
« Au
village, Joseph se moquait un peu du berger quand le berger n’était
pas là, mais il lui fallait cacher en même temps une certaine
admiration. Au fond de lui, il reconnaissait des valeurs communes –
le travail, l’abnégation, la détermination – et subodorait tout
à la fois d’autres qualités qu’il craignait de ne pas avoir. Le
berger dérangeait l’ordre des choses. Il redistribuait les
cartes. »
Et
ses premières bêtes, de belles bêtes, triées sur le volet et avec
amour, une cinquantaine de moutons et de brebis, paissent
tranquillement dans la montagne comme si elles étaient chez elles…
Insupportable
pour le gars Joseph, vraiment insupportable… D'autant que la
bergerie du gars Guillaume, elles est juste au-dessus de la maison de
Joseph… Elle domine en quelque sorte...
Il y
en a bien eu un berger au village, un certain Jacquou, mais ça fait
des lustres qu'il est mort, on n'en parle plus… Alors, qu'est-ce
qu'il vient faire là, ce type, pour qui il se prend ?
Il
va falloir qu'il les range, ses bestioles parce que les chiens
pourraient bien, par accident hein, bien sûr, en saisir une ou deux
à la gorge, comme ça, en passant, histoire que le berger comprenne
qu'il n'est pas chez lui... Ça ferait mauvais effet tout ce rouge
sang sur la blancheur immaculée de la bête… (Ceux qui connaissent
ma passion pour Un Roi sans divertissement de Giono
sauront à quel point ces contrastes me saisissent...)
Deux
mondes, des valeurs opposées, des incompréhensions mutuelles, des
tensions terribles…
Vous
verrez : tandis que les clans s'affrontent dans un silence plein
de haine, de détestation et de fureur, le choeur des villageois
essaie tant bien que mal de maintenir une paix devenue impossible,
cependant que le fou du village annonce, à travers d'étranges
paroles sibyllines et prophétiques, des choses imminentes que l'on
sent redoutables…
L'écriture
à la fois imagée et réaliste, poétique et crue, sensuelle et âpre
dit parfaitement la folie et la bêtise des hommes, leur
impossibilité de calmer leur passion, leur jalousie, leur haine au
point de redevenir des brutes, des sauvages, des bêtes.
Un
roman noir, très noir...
Un
IMMENSE coup de coeur, un très très grand texte que vous pouvez, à
défaut du format papier, vous procurer dès à présent (comment
attendre?) en epub sur le site des éditions Inculte. Vous allez
vraiment être saisi par ce roman et vous régaler, allez, allez,
foncez !
Malgré ton coup de coeur, je ne vais pas passer à la version numérique, mais je le note sur mon carnet. Le tragique, le monde rural, ça me tente ....
RépondreSupprimerTu ne seras pas déçue, ce texte est une splendeur, l'écriture est magnifique... Il ne faut pas hésiter, crois-moi!
SupprimerAutant d'enthousiasme ! Ça donne une forte envie d'y aller voir de plus près. Merci
RépondreSupprimerOui oui, Luocine, c'est un texte magnifique!
SupprimerEn tous cas, tu es très convaincante, je note !
RépondreSupprimerIl faut le lire, il est superbe...
SupprimerCe billet donne tellement envie qu'il me le fallait là, maintenant, tout de suite, et en papier... J'ai trouvé ! lalibrairie.com que je recommande. J'ai hâte de me plonger dans ce coup de coeur.
RépondreSupprimerMerci ! Oui en effet un grand et beau texte, je confirme.
RépondreSupprimerCela signifie que tu as aimé, Christine... J'en suis vraiment ravie! Oui, c'est vraiment un texte superbe... Il faut le faire connaître!
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