Édition La fosse aux ours
(traduit de l'italien par Patrick Vighetti)
★★★☆☆ J'ai bien aimé
Bon,
évidemment, ça ne remplace pas notre virée estivale à Tallinn,
annulée pour cause de Covid, mais quand même, cette petite
déambulation dans la capitale estonienne aux côtés du commissaire
Marko Kurismaa fut bien agréable… Un vrai guide touristique ce
roman ! (Même si l'auteur est italien et le récit écrit dans
la langue de Dante …)
J'aurais
vraiment aimé le lire sur place afin de me rendre dans tous les
lieux décrits par l'auteur… Croisons les doigts pour qu'on puisse
effectivement aller y faire un tour prochainement… D'ici là,
d'autres titres d'Arno Saar (pseudo d'un certain Alessandro
Perissinotto) seront peut-être traduits en français et
m'accompagneront dans le dédale des rues pavées de la vieille ville
entourée de remparts d'où l'on découvre des points de vue que
j'imagine magnifiques sur la mer Baltique et la colline de Toompea…
Et la cathédrale Nevsky, les petits restaus, les bars à bière, les
façades pastel de style baroque, le port et ses brise-glaces…
J'arrête là, je vais pleurer… Restons digne et adulte, ça sera
pour une autre fois… Mais quand même...
Ah,
cet inspecteur Kurismaa… Trente ans de métier, un caractère bien
trempé, aimable quand il y pense, pas psychologue pour un sou,
détestant tout ce qui a à voir avec les nouvelles technologies,
narcoleptique (pas facile à vivre quand on est flic), détestant le
sport (même s'il est un ancien champion de ski de fond) et «
tout ce qui a trait au froid, aux bâtons et au mouvement »
- il est servi !
Mais
ce qu'il exècre le plus au monde, c'est le communisme qui lui a
raflé son père (un opposant au régime soviétique, arrêté par
les hommes du KGB) et par la même occasion, son enfance…
En
effet, les traces de cette période (l'Estonie fait partie de l'URSS
de 1944 à 1991) apparaissent à chaque coin de rue.. . Sachant
que la ville est sous domination russe depuis que Pierre Le Grand en
1710 a repoussé les Suédois, vous imaginez bien que ce passé est
plus qu'omniprésent. Bien sûr, les gens sont bilingues : le
russe est la langue maternelle de plus de 40 % de la population
- l'immigration russe ayant été très importante lors de la Seconde
Guerre Mondiale… Bref, ce passé soviétique colle aux pattes et
aux esprits et prend l'allure d' un cauchemar dont on a bien du mal à
se remettre… J'avoue que c'est l'aspect du roman qui m'a le plus
intéressée, non que l'intrigue - somme toute assez classique - soit
sans intérêt (on se laisse ferrer par cette enquête sur le meurtre
d'une escort girl biélorusse) mais cette superposition passé/présent
extrêmement forte à Tallinn est vraiment passionnante.
Et
puis parcourir cette capitale recouverte d'une neige épaisse qui
complique tous les déplacements est assez dépaysant, il faut bien
l'avouer... et même poétique lorsque celle-ci prend la forme de
légers flocons tourbillonnant dans la lueur des réverbères...
« Cependant,
comme chaque fois qu'il essayait de les ignorer, les façades des
maisons, le cours sinueux des ruelles, l'absence de voitures et de
bruit, s'emparèrent de lui et l'obligèrent à ralentir le pas. Non,
Vanalinn, la Vieille-Ville, n'était en rien un parc à thème, en
rien un piège à touristes : c'était la beauté à l'état
pur, l'élégance, l'âme balte. Et elle était vivante, même durant
les jours, comme aujourd'hui, où les passants étaient rares, et
même surtout ces jours-là, quand les toits étaient blancs, quand
la neige qui n'avait pas encore été déblayée gisait en tas contre
les murs, quand Tallinn recommençait à appartenir
exclusivement à ses habitants... »
Ah…
quand j'entends parler d' « âme balte », je
fonds… pas vous ?
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