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dimanche 18 octobre 2020

Histoires de la nuit de Laurent Mauvignier


Mauvignier m'a tuer...


Et plus précisément, sa première phrase, celle qui m'a empêchée de poursuivre ma lecture, celle qui m'a fait douter de l'auteur que j'aimais tant, celle qui m'a donné l'impression qu'il se foutait littéralement et littérairement de ma gueule. Insupportable, abjecte, abominable première phrase, espèce de vague pastiche difforme et laid d'un Claude Simon ou d'un quelconque Nouveau Romancier qui a fait son temps... Et que diriez-vous si Soulages se mettait à peindre à la façon des Impressionnistes ? Out le noir ! Remplacé par de jolies petites touches colorées … Ce serait mignon tout plein, hein ? Non mais je rêve : c'est Mauvignier qui nous fait ça ??? C'est Mauvignier qui se met à singer je ne sais qui ? Mais POURQUOI ? On lui demandait seulement de faire du Mauvignier et pas d'imiter ceux d'avant !

Et je l'attendais depuis si longtemps ce roman...

Non, je ne suis pas parvenue à dépasser cette horrible première phrase parce que j'ai eu le sentiment d'avoir été trahie, dupée, moquée. Alors, j'ai refermé le roman. TANT pis, j'attendrai que Mauvignier redevienne qui il est. Si je veux lire Claude Simon ou Robbe-Grillet, je sais où les trouver dans ma bibliothèque !

Mais je veux lire du Mauvignier.

C'est tout.

Et puis, tiens, comme je suis de très sale humeur, j'en profite pour dire que des romans sans écriture (je ne parle pas de « style », on ne sait même plus ce que ça veut dire...), j'en ai refermé plus d'un depuis septembre et que j'en ai MARRE des soi-disant « auteurs » qui ne savent pas écrire, des éditeurs qui ne font aucun tri, des prix littéraires qui récompensent n'importe quelle niaiserie, oui j'en ai ras-le-bol de tous ceux qui pensent que ce qui compte, c'est l'histoire avant tout, peu importe l'écriture. Eh bien non, ce n'est pas ça la littérature. Ce n'est pas « l'histoire »,  le « sujet », le « de quoi ça parle » mais le rythme des phrases, la fulgurance des images, l'harmonie des sonorités… Allez, je ne vous fais pas un dessin mais il y a comme une dimension esthétique là-dedans...

Je ne lis jamais les 4es de couverture : elles sont commerciales et ne me disent rien de l'écriture du roman... Non, je fais confiance à la première phrase, celle qui contient en germe toute la beauté du livre, celle qui ne sent pas l'atelier d'écriture ni le réchauffé, celle qui a la forme d'une promesse et non d'une tromperie…

Mauvignier, si tu m'entends...



8 commentaires:

  1. C'est triste d'être déçue à ce point.

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    1. Non, ça arrive! Mais je suis d'autant plus déçue que j'aime cet auteur! Pas grave, je passe mon tour, c'est tout! L'as-tu de ton côté? Et si oui, qu'en as-tu pensé?

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  2. Très très sale humeur, je dirais ! Mais quelquefois il suffit de pas grand chose, un mot de trop, une phrase trop longue... Les phrases à n'en plus finir m'agacent aussi. Un bon écrivain doit savoir faire court. J'ai beaucoup aimé " Continuer ", un peu moins " Autour du monde ". Celui-là ne me tentait pas trop. Je verrais ce que vaut la deuxième phrase...

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    1. Moi aussi j'avais vraiment beaucoup aimé "Continuer", je me souviens de scènes très fortes (moi qui ai la mémoire courte!)

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  3. Finalement je l'ai lu. La première, la deuxième, la troisième phrase... Après, impossible de s'arrêter, on devient accro ! c'est magique ! Un suspens incroyable qui ne décroît jamais de la première à la dernière page ( et pourtant, il y en a 635 ! ). Et quand c'est terminé, on en redemande... Mauvignier a réalisé là un véritable tour de force en transformant une situation, malheureusement banale,en un véritable thriller.

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    1. Incroyable qu'on ait des avis si différents! Et tant mieux! Je vais quand même tenter de le relire... Peut-être ne l'ai-je pas lu au bon moment, on verra! Merci en tout cas pour ton message qui permettra aux lecteurs de lire deux avis opposés!

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  4. D'accord avec vous, c'est le premier livre de Mauvinier que je lis et à part quelques longueurs, j'ai vraiment été moi aussi tenue en haleine par cette histoire de gens simples. Beaucoup de tristesse dans ce livre mais une analyse très juste des comportements...

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