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mercredi 14 avril 2021

Les Grandes occasions d'Alexandra Matine

Éditions Les Avrils
★★☆☆☆

Si « l'intrigue » est pour vous essentielle dans un roman, alors attendez un peu pour lire cette chronique…

Pour les autres, allons-y :

Esther attend ses quatre enfants et leur famille pour un repas qu'elle veut « rassembleur ». Comme souvent, la jalousie des uns, l'égoïsme des autres, l'éloignement du troisième et l'indifférence du benjamin entraînent inévitablement tensions, aigreurs, rancoeurs : bref, on n'a plus envie de se voir, de s'entendre, de se supporter et on est ENFIN dispensés de le faire ! Les rencontres s'espacent petit à petit. Seule la mère rêve encore aux réunions d'autrefois, il y a si longtemps. Esther a donc tout arrangé pour que la table soit belle, le repas parfait, que l'harmonie revienne enfin et elle attend maintenant avec impatience l'arrivée des enfants…

Le thème avait tout pour m'intéresser mais hélas, la construction narrative m'a semblé trop attendue : le premier enfant ne vient pas, le second non plus… On se doute très vite de ce qui va se passer ensuite !

Par ailleurs, le portrait de chacun des enfants apparaît de façon un peu mécanique : le premier appelle, il ne vient pas et ZOUP, l'autrice en profite pour le décrire, de l'enfance à l'âge adulte, même chose pour le second etc, etc. L'ensemble manque un peu d'audace, de légèreté, d'originalité… Cette structure un peu rigide et trop systématique aurait mérité d'être cassée et assouplie.

Et puisque, que «sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur», je vais encore ajouter deux remarques pas très sympathiques : l'écriture, dans l'air du temps, phrases courtes et nominales de préférence, j'en ai marre.

J'en ai marre aussi de ces portraits de femmes qui déambulent dans Paris la tête en l'air, heureuses de se sentir libres et qui pleurnichent après parce qu'elles ont des enfants et qu'elles ne peuvent plus s'adonner à leurs délicieuses errances. Franchement, je ne vois pas comment ça peut être autrement. Tout le monde sait que c'est chiant les mômes, qu'on s'en prend pour un bout de temps et qu'un jour, ils vont partir. C'est triste mais c'est comme ça. Faut juste réfléchir intensément avant de les faire.

(J'en profite pour préciser aux quatre miens - qui de toute façon ne lisent jamais ce que j'écris - que je les autorise à ne pas venir me voir s'ils n'en ont pas envie... Je pleurerai juste toute l'après-midi…)

Enfin, vous connaissez ma sainte horreur des clichés… Alors, la belle Esther qui rencontre le beau Lawrence en pantalon blanc, «professeur de littérature en Angleterre»… j'ai eu un peu de mal... (j'adore la précision qui suit et qui est à hurler de rire : « Pas à Londres. Ailleurs. Une petite ville.» On sent que l'autrice se dit « faut pas que j'en fasse trop quand même!) Et Esther de se pavaner nue à ses côté (ah oui, j'ai oublié de vous dire qu'ils ont acheté - Esther et son mari médecin - une maison secondaire : «Ils ont trouvé une grande maison dans le sud, sur la Côte d'Azur. Sur une falaise.» La suite est pas mal non plus : «Les murs sont rose pâle. Les volets sont de ce turquoise des villas de Provence. Il y a une grande terrasse qui se jette dans le maquis et disparaît sous les buissons de romarin qui embaument l'air et les murs jusqu'aux draps dans les chambres.»

No comment.

Pas un coup de coeur donc.


 

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