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jeudi 10 juin 2021

Manuwa Street de Sophie Bouillon

Éditions Premier Parallèle
★★★★★

Bon, je vais rester discrète sur la zone géographique où d'emblée je plaçais le Nigeria (je vous rappelle que j'ai eu Mme P. en espagnol en 4e/3e (voir post précédent) et M. L. (dit « Lacouille », paix à son âme) en hist/géo), bref, s'il n'y avait eu que moi, le Nigeria, placé où je le plaçais, n'aurait manqué ni d'eau, ni de terres agricoles et finalement, il ne s'en serait que mieux porté…

En attendant, là où il est, le Nigeria, c'est pas la joie : 200 millions d'habitants (la capitale, Lagos, 20 millions d'habitants, 120 000 de plus tous les ans), des ultra-pauvres et des ultra-riches, pas une goutte d'eau, pas grand-chose à manger, pas trop d'électricité, une production intensive de pétrole, une corruption impitoyable, des injustices et des inégalités sans limites, une pollution hors norme, d'énormes bidonvilles… Je vous laisse ajouter là-dessus une épidémie de COVID et le désastre s'installe…

Et pourtant, c'est dans ce pays que la journaliste Sophie Bouillon décide de s'installer en 2016 : elle devient directrice adjointe du bureau de l'AFP. Elle aime ce pays pauvre et vivant, désespérant et fou, où les gens s'abreuvent de musique et de bruit, de mer et de surf, de danses et de chants, où l'on sourit malgré l'adversité, où l'on naît poète, peintre, musicien ou chanteur…

Tandis qu'au début de l'épidémie tous ses collègues quittent le pays pour se réfugier là où le système de santé a des chances de tenir le coup devant le raz-de-marée qui s'annonce, Sophie Bouillon décide de rester et d'assister à un confinement qui va mettre à plat un système économique bien fragile et surtout, qui va empêcher les gens qui vivaient grâce aux petits boulots de rue de subvenir à leurs besoins.

« Manuwa Street » offre une véritable plongée au coeur du Nigeria, dans le monstre Lagos : on y est, on sent la folie et l'énergie de ce peuple avide de vivre, de s'enrichir, de tout réinventer, on respire la poussière et les gaz des pots d'échappements, on entend le bruit assourdissant de la rue, les cris, la musique, on partage le désespoir de ceux qui n'ont rien, qui ont tout perdu du jour au lendemain et qui finiront, dans un dernier sursaut, par se révolter.

C'est magnifique.

Moi je vous le dis, si mon prof d'hist/géo m'avait fait lire ça, à 14 ans, non seulement, j'aurais su situer ce pays incroyable sur une carte mais, me connaissant, chiante comme j'étais, j'aurais fait des pieds et des mains pour partir…  

                                                                   



 

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