« Et mon père et ma mère et mes cousines et mon grand-père et les tantes et le cousin du beau-frère et les amis de mes parents et ma sœur. Et moi et moi et moi... » Allez, je suis méchante mais franchement, c’est quoi ce travail ? Non, là, Manu, t’as franchement abusé. Ok, t’avais chopé de la matière, beaucoup de matière (les cinq « copieux dossiers », les « monographies reliées, chapitrées, illustrées d’arbres généalogiques… de cartes, de gravures ou de photos »), t’avais écumé le bureau du padre, relu une avalanche d’archives familiales. Je conçois que ça n’a pas dû être évident de traiter cette orgie d’information, la trier, l’organiser, la mettre en forme. Moi, je pense qu’on n’est pas obligé de tout garder, de faire un recensement complet des gens de la famille sur quatre générations (quelle ampleur chronologique!), de remonter à la nuit des temps avec la branche des uns et celle des autres … Tu vois, il y a des trucs dont on se moque un peu (je t’avoue que parfois j’avais l’impression que tu écrivais à usage interne, genre soirée diapos en famille) Pour nous lecteurs, il y a des pages… comment dire… un peu longuettes avec des anecdotes dont on se fout un peu… Pourquoi t’as voulu tout garder? Faut que je t’avoue d’ailleurs qu’arrivée à la 50e page, j’étais bien paumée dans qui était qui, qui faisait quoi. Je naviguais à vue… Alors tes « souvenez-vous », assez récurrents, m’ont bien fait rire. T’as dû quand même vaguement le sentir qu’il y avait un problème. Et, puis, je ne sais pas où tu étais dans près de la moitié du bouquin. Perdu parmi tes ancêtres ? Écrasé par cette histoire familiale peu commune ? Je voulais t’entendre (ton humour, Manu, ton humour!) mais je ne lisais que des pages un peu froides, très factuelles, dans lesquelles je n’entrais pas… Finalement, je t’aimais mieux dans ta dimension horizontale...
Bien sûr, il y a des personnages auxquels on s’attache : ton père et Nicolas! Bien sûr, j’ai fini par TE retrouver ici et là. Parce que quand même, je ne sais pas si tu le sais, mais tu fais partie des écrivains que j’aime plutôt beaucoup. Tu me fais rire, t’as tout pigé de l’âme russe et t’as des sorties génialissimes. Mais là, je n’ai pas accroché (malgré ma grand-mère russe qui a quitté la Russie à la Révolution pour se réfugier à Nice).
Et je vais même te dire, quand tu étais là, je ne te retrouvais pas vraiment. Je t’ai senti vaguement fils à papa (ou à maman) de bonne famille, content enfin de remettre les pieds dans ses chaussons. Oui, toi !!! Incroyable ! C’est bizarre hein. Je n’avais jamais ressenti ça avant ! L’âge peut-être… Fais gaffe quand même, Manu… Je t’ai connu plus méchant.. L’apaisement te va mal. Je t’aimais mieux torturé…
C’est pas toujours bon de faire kolkhoze en littérature.
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