Jeudi, vendredi : Olivia,
Sophie, Georgia, Fanny, Lucie vaquent à leurs occupations. L’une s’agite pour
sa campagne électorale, l’autre fabrique des cadres dans son atelier, une
troisième se bat pour que son mari garde les filles ce week-end.
Elles sont les Women Fly Fishing
et vont se retrouver comme d’habitude au chalet de pêche. Elles ne louperaient
ce rendez-vous pour rien au monde ! Enfin une pause pour oublier un
quotidien pas toujours terrible, des soucis qui vous rongent l’âme, lentement
mais sûrement….
Pêcher, ça vide la tête. Elles en
ont besoin ! Ah, le grand air ! Et puis, on rit avec les copines…
Enfin toutes réunies ! Ouf !
Elles déballent leurs affaires et s’installent au chalet. Le week-end peut
enfin commencer. « Elles entrent
dans un autre rythme, un autre temps, un autre espace. Il y a quelque chose de
fascinant à les voir se transformer, comme lorsque l’on se prépare pour un bal
masqué ou une première d’opéra. »
La rivière gronde, « les
herbes hautes, les graminées éparses, les amorces de digitales et d’épilobes
frôlent les jambes et le bord de l’été. »
Se taire, s’imaginer « algue
au fond de l’océan se laissant traverser par la fluidité de l’eau »,
oublier qui l’on est, se laisser porter…
Georgia murmure « Vous devez devenir eau, vous
devez devenir poisson, vous devez devenir ciel et rivière. »
Silence.
« Le temps plane au-dessus
des flots. Il y a de la grâce, il y a de la magie. Les soies dessinent des
arabesques. Une écriture s’inscrit dans les airs, des hiéroglyphes
racontent. »
Mais l’apaisement ne vient pas.
« Les solitudes rôdent les
unes collées aux autres. »
Les non-dits, les violences
contenues, les mensonges étouffés, les souffrances tues et refoulées refont
surface. Olivia vomit. Fanny détourne le regard. Le bruit de la tronçonneuse
« la percute, la déchire », Georgia pense à son fils. Elles pleurent,
dissimulent leurs blessures et leur haine…
« La nuit, elles rêvent
d’assassinats, de tortures, elles trouent le corps des autres, elles les
lacèrent. »
La tension est de plus en plus
palpable. « Un coup de tonnerre, proche. »
Comment trouver les mots pour
traduire les émotions que j’ai ressenties à la lecture de ce livre ?
L’écriture poétique et sensuelle m’a littéralement envoûtée, je me suis sentie
intimement liée à ces femmes, dans leurs douleurs intimes, leur solitude
profonde au milieu de cette nature à la fois apaisante et hostile. J’ai fait
corps avec elles. La tension m’a tenue jusqu’au bout, prisonnière que j’étais
du drame imminent, pressenti et redouté.
Un texte vraiment éblouissant, accompagné de
références musicales dans les marges pour un plaisir total, absolu…
SUPERBE !
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