Éditions Hervé Chopin
★★★☆☆ (J'ai aimé, sans plus)
C'est
le sujet du livre qui m'a tentée : Jean-Gabriel Lesparres,
écrivain renommé (vingt-quatre romans traduits en trente-trois
langues, un prix Goncourt, un Grand prix du roman de l'Académie
française, une chronique hebdo dans Le Monde des livres etc,
etc...), est à bout de souffle : son inspiration est en berne,
et il n'ose pas avouer à son éditeur qu'il ne parvient pas à finir
le manuscrit sur lequel il travaille depuis plusieurs années :
Le vol du gerfaut.
Il
décide donc de faire croire qu'on le lui a volé et monte tout un
scénario pour que le vol ait lieu effectivement. Jean Contrucci
s'est certainement inspiré de la mésaventure qui est arrivée à
François Nourricier en juillet 1994, à l'aéroport
Marseille-Marignane : il s'était fait voler sa mallette
contenant son dernier manuscrit. Sa photocopieuse étant en panne, il
n'en possédait aucun autre exemplaire. Un avis de recherche avait
été lancé et Jean Contrucci s'était chargé lui-même de
l'article pour le journal Le Provençal !
Dans
notre roman, l'écrivain, septuagénaire, genre
vieux-beau-très-friqué (est-on si riche quand on est écrivain?)
évolue dans un monde de bobos parisiens: lui-même possède une
« bergerie provençale retapée à prix d'or », un
vaste appartement rue Raynouard dans le 16e avec du
personnel, une femme de 35 ans bronzée qui lit Vanity Fair
etc, etc. Est-ce cet univers clinquant et superficiel, un brin puant
disons-le, qui m'a tenue à distance ? Je n'ai éprouvé aucune
sympathie pour aucun des personnages, même pour ce pauvre Jean-Gab
avec sa peur de vieillir, son corps avachi, ses rides et son
impuissance. Il est vrai que dans mon esprit, un écrivain a d'autres
valeurs que le fric et la frime et ce monde de gens très paradeurs
m'a un peu paru en contradiction avec le personnage même du
romancier. Mais je suis bien naïve, me direz-vous...
Est-ce
parce que je me figurais que l'écrivain en détresse évoquerait sa
panne d'inspiration, son angoisse de la page blanche en des termes
plus sombres, un brin tragiques ? J'imaginais un être plus
torturé, oui, c'est ça, et peut-être aussi une réflexion sur
l'acte même de création. (Bon, je sais, je réécris l'histoire.)
Est-ce
parce que finalement, je m'attendais à tout autre chose sur une
tonalité plus grave que j'ai été un peu déçue par ce roman qui
est, au contraire, plutôt léger, amusant, très rocambolesque mais
pas franchement crédible ?
En
revanche, si vous souhaitez découvrir les coulisses du monde de
l'édition, tout est révélé avec beaucoup d'ironie et de
férocité : cette dimension de l'oeuvre m'a plutôt bien
amusée.
Une
lecture agréable et divertissante, ce qui n'est déjà pas si mal !
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