Éditions Mercure de France
★★★★★ (magnifique)
Une
seule histoire, on a tous une seule histoire d'amour. D'autres
rencontres, d'autres émotions, d'autres baisers, mais une seule
histoire.
Celle
de Paul commence alors qu'il est encore un très jeune adulte un peu
désoeuvré. Sa première année d'université vient de s'achever et
il s'ennuie vaguement entre papa et maman dans sa gentille banlieue
résidentielle londonienne. On est dans les années soixante, pas de
portable pour joindre les copains, pas de réseaux sociaux pour se
croire moins seul. Il reste à dormir le plus longtemps possible le
matin, pour tuer le temps.
C'est
là que la mère (elles ont toujours des idées géniales, les
mères...) lui propose d'aller faire un tennis. Pas uniquement pour
le tennis mais peut-être pour qu'il rencontre une jeune fille de
bonne famille. Elles sont nombreuses à fréquenter le club, les
jolies Caroline du coin. En bon fils, Paul obéit… Et
fait semblant de s'investir dans des activités qui l'ennuient
vaguement...
Jusqu'à
ce que se profile un tournoi amateur double mixte et des partenaires
tirés au sort : notre Paul se retrouve à jouer avec une
certaine Mrs Susan Macleod, quarante-huit ans, mariée à un certain
Gordon Macleod (dit Mr Elephant Pants, gentil surnom donné par sa
femme), deux filles universitaires : Miss G. et Miss N.S., et
une vie bien rangée.
Un
truc a lieu, le courant passe, comme on dit...
Paul
va fréquenter régulièrement la maison des Macleod, pour un thé,
une discussion avec Susan ou son mari. Quelquefois, ils rendent
visite à une amie de Susan, une certaine Joan, une originale au
caractère bien trempé, un peu portée sur le gin (un personnage
extraordinaire!)…
Et
puis, un jour, le premier baiser… Et une histoire d'amour, la
première pour Paul - c'est moins sûr pour Susan - naît entre ce
jeune adulte encore étudiant en droit et cette femme mûre... deux
êtres que beaucoup de gens et de choses opposent…
Mais
Paul
n'avait
pas imaginé
de quoi l'avenir serait fait,
et
quel serait le mal qui rongerait Susan…
Est-il
possible de penser au
pire
quand on est jeune et qu'on n'a aucune expérience de l'existence ?
Ce
qui est sûr, c'est qu'à
jamais sa vie sera marquée
par ce premier amour : « Un
premier
amour détermine une vie pour toujours : c'est ce que j'ai
découvert au fil des ans. Il n'occupe pas forcément un rang
supérieur à celui des amours ultérieures, mais elles
seront toujours affectées par son existence... »
Finalement,
vaut-il mieux avoir connu l'amour, la passion au risque d'y laisser
sa jeunesse et de beaucoup souffrir ou n'avoir jamais aimé ?
Est-il préférable « d'aimer moins pour moins souffrir ?»
Au fond, a-t-on le choix ?
«…
je me remémore le passé, je ne le reconstruis pas. Alors il n'y
aura pas beaucoup d'arrangements de décor. Vous pourriez en préférer
davantage. Vous pourriez être habitué à plus. Mais je n'y peux
rien. Je n'essaie pas de vous raconter une histoire
imaginée ; j'essaie de vous dire la vérité.»
C'est
effectivement ce qui m'a frappée dans cet admirable texte empreint
d'une profonde mélancolie, à savoir ses accents de vérité, de
sincérité, de vécu. Cette histoire d'amour - non dénuée d'humour
- nous est relatée dans le détail, avec beaucoup de minutie et de
subtilité, ce qui la rend très crédible : des grands bonheurs
du début jusqu'à la découverte d'une réalité terrible qui vient
tout bouleverser et la fin, la terrible fin de l'amour qui se délite
et finit par se perdre, comme rattrapé par le quotidien...
Beaucoup
de sensibilité dans les mots de ce narrateur qui jette un regard en
arrière pour contempler sa vie, l'histoire de son amour avec Susan
et l'impact du temps sur ses sentiments.
Un
texte bouleversant qui dit simplement ce qu'est la vie, sans
illusions.
Magnifique.
J'ai beaucoup aimé et ça m'a rappelé mon premier amour, dramatique également à la fin puisque nous avions fait un accident de voiture et elle y avait laissé sa vie.
RépondreSupprimerJe comprends ta peine, Mekfouldji et à quel point ce roman a dû te toucher...
SupprimerComme souvent tes articles donnent envie ! Je te jalouserais presque, d'écrire aussi bien !
RépondreSupprimerJe viens de finir "L'homme sans ombre" de Joyce Carol Oates... Histoire d'un amour impossible (même d'amours...). Je te le conseille vivement.
Bon bout d'an. Je nous souhaite de belles lectures encore et encore.
Je note avec plaisir ton conseil, Christine: j'aime beaucoup Joyce Carol Oates! Je te souhaite une très bonne année et de très belles découvertes littéraires!
SupprimerLe premier Barnes que j'ai aimé - tout fini par arriver ;-D
RépondreSupprimerCe texte est absolument superbe et j'y pense souvent depuis que j'ai achevé ma lecture...
SupprimerCe que j'aime avant tout chez Julian Barnes c'est son écriture ( même si c'est une traduction ). J'ai donc bien aimé ce livre-là, mais il ne m'a pas touchée autant qu' " Une fille qui danse " qui a été pour moi un immense coup de cœur, un livre dont je parle souvent et que je relirai sans doute plus d'une fois !
RépondreSupprimerThanks greatt blog
RépondreSupprimer