Éditions du Rouergue noir
★★★★★ (magistral!)
IMMENSE,
IMMENSE coup de coeur pour ce polar absolument génial de Colin
Niel ! Je suis vraiment très impressionnée par le travail
considérable de documentation qu'il suppose, par la qualité de
l'écriture dont il témoigne et par une intrigue super bien ficelée
qui nous captive jusqu'à la dernière ligne.
Comment
vous dire ? Franchement, avant la lecture de ce roman, je
n'aurais pas pu vous raconter grand-chose de la Guyane : un
département français, un centre spatial (Kourou), un bagne
autrefois, un climat équatorial étouffant, des moustiques voraces
(dengue, chikungunya ?…) Quant à citer précisément tous les
pays frontaliers… hum, hum…
Autant vous dire que je ne savais rien ou à peu près. Eh bien maintenant, je sais TOUT… non, bien sûr, je plaisante ! Mais en revanche, je crois que je n'ai jamais eu autant le sentiment de voyager, de découvrir, grâce à un livre, un territoire si différent du mien et d'en comprendre un peu les problématiques actuelles. Bref, j'ai l'impression de revenir d'un périple incroyable et ultra-dépaysant.
Autant vous dire que je ne savais rien ou à peu près. Eh bien maintenant, je sais TOUT… non, bien sûr, je plaisante ! Mais en revanche, je crois que je n'ai jamais eu autant le sentiment de voyager, de découvrir, grâce à un livre, un territoire si différent du mien et d'en comprendre un peu les problématiques actuelles. Bref, j'ai l'impression de revenir d'un périple incroyable et ultra-dépaysant.
Bon,
d'abord, il faut quand même que je vous avertisse, vous allez perdre
vos repères, votre petite zone de confort… Tout est très très
exotique : les noms… des personnages mais aussi des lieux,
des plats, de la flore, de la faune, des fêtes traditionnelles et
j'en passe, ils nous sont évidemment très étrangers et participent de
ce dépaysement dont je vous parlais plus haut. Au début, on tâtonne
un peu mais ça va vite, on prend ses repères, on s'acclimate quoi…
Sachez donc que vous allez goûter au cachiri (bière
traditionnelle), au manioc, à la patate douce et au poisson boucané,
vous allez rencontrer iguane, engoulevent, piaye écureuil (un
oiseau!) et jaguar « l'animal-roi » si vous êtes
chanceux (façon de parler!) et contempler fromagers, bananiers et
papayers… (ça fait rêver!)
Une
carte, au début du roman, permet aussi de se repérer,
géographiquement parlant. J'ai complété par des recherches sur
Internet afin de voir des photos des lieux décrits.
Quand
je vous dis que j'ai VRAIMENT eu l'impression de faire un VOYAGE !!!
Alors,
le sujet : le roman commence par une arrestation plutôt musclée
d'un certain Eduardinho, un chef de bande armé jusqu'aux dents que
l'on soupçonne de rançonner les garimpeiros (chercheurs d'or
clandestins) brésiliens qui pillent le sol de la Guyane sans se
soucier de l'impact dévastateur de leur activité sur l'environnement.
Dans
les pirogues, avec quelques gars du GIGN, attendent le lieutenant
Cédric Vigier, un « métro » chef de brigade à
Maripasoula, le capitaine André Anato, Ndjuka, Noir-Marron en quête
de ses origines (un Noir-Marron est un descendant d'esclave noir
révolté), et l'adjudante Angélique Blakaman, une Aluku
Noire-Marron, elle aussi, originaire de Maripasoula. C'est elle qui a
eu les infos. Blakaman est revenue de l'Hexagone défigurée. Décorée
mais défigurée. Et mutique sur ce passé douloureux. « Une
chieuse disaient certains » mais impeccable et surinvestie
sur le plan du boulot. Elle se sent, depuis son séjour en métropole,
presque étrangère à son pays et aux siens.
C'est
une prostituée brésilienne qui l'a mise sur la piste des
trafiquants mais aussi un certain Tapwili Maloko, un Wayana dont
Blakaman est peut-être secrètement tombée amoureuse. Ce Tapwili,
habitant de Wïlïpuk (on est dans le sud de la Guyane), lutte
farouchement et depuis fort longtemps contre l'orpaillage (orpillage
comme on dit parfois!), un vrai fléau écologique à cause du
mercure qui empoisonne le sous-sol guyanais. Il lutte sans merci
pour la protection des espaces naturels du Haut-Maroni et sa très
riche biodiversité. Il souffre de voir son fils Tipoy se
désintéresser de plus en plus des coutumes amérindiennes pour se
tourner vers les mirages de l'Occident.
Or,
un appel survient à la brigade de Maripasoula : le fils de
Tapwili Maloko a disparu. Départ immédiat de la brigade. Deux
heures de pirogue pour arriver dans ce village amérindien du
Haut-Maroni! Avec une Blakaman prête à tout pour ramener le fils de
cet homme qui la fascine et dont elle est peut-être secrètement
amoureuse !
A
cette mystérieuse et très inquiétante disparition (un suicide ?,
c'est tellement fréquent chez les ados amérindiens) s'ajoute une
insécurité galopante : homicides, vols à main armée,
violences entre bandes, braquages à domicile où l'on retrouve des
victimes ligotées avec les câbles de leur box Internet… Bref, la
police est sur les dents.
Sur
le ciel effondré est un roman extrêmement riche par la
variété des sujets qu'il aborde : il nous fait découvrir une
géographie, Maripasoula et la région du Haut-Maroni, le long du
fleuve Maroni, frontalier avec le Suriname, au beau milieu d'une
forêt amazonienne d'une telle densité que les orpailleurs peuvent
développer leurs exploitations sans être inquiétés. Ce livre met
aussi en scène un peuple (terme que l'on est presque tenté de
mettre au pluriel) composé d'hommes et de femmes d'origines
géographiques, communautaires et ethniques très différentes, ce
qui entraîne une cohabitation difficile, d'autant que les croyances
sont, elles aussi, multiples, allant du chamanisme au catholicisme en
passant par un culte évangélique qui se propage très vite.
Les
problèmes socio-économiques sont eux aussi au coeur même de ce
roman : un chômage galopant : « le désastre des
trois 50 %: 50 % de jeunes dans la population, 50 %
sans diplômes, 50 % au chômage », une
grande misère, des gens qui survivent grâce au RSA, un
désoeuvrement qui tourne à la violence, alcool, drogue et un État
français implanté bien trop loin et qui comprend mal les problèmes
rencontrés par les autochtones. Par ailleurs, les mœurs et les
traditions ancestrales se perdent à la vitesse grand V : les
jeunes sont attirés par ce qu'aiment tous les adolescents de la
planète : les téléphones portables, les jeux vidéo, la mode
et la musique. Et les générations ont bien du mal à communiquer
entre elles !
Bref,
c'est un roman passionnant et je ne vous ai pas parlé des nombreuses
intrigues et du suspense omniprésent qui nous tient en haleine
jusqu'au bout !
Un
pavé de 500 pages qui s'avale d'un coup !
TRES TENTEE !!!! J'aime beaucoup cet auteur : il faut vraiment que je fasse entrer ce titre dans ma PAL !
RépondreSupprimerExcellente idée! Tu ne seras pas déçue, crois-moi!
SupprimerC'est dommage que l'intrigue ne m'emballe pas du tout, car tout enthousiasme fait plaisir à lire.
RépondreSupprimerMoi c'est pareil, on m'aurait résumé l'intrigue, je n'aurais pas été spécialement attirée et pourtant... quel voyage! Quels personnages puissants!
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