« Lydia est morte mais ils
ne le savent pas encore. »
Qui se cache derrière ce
« ils » ? Les membres de la famille Lee : le père James
d’origine asiatique, professeur d’histoire américaine à l’université de
Middlewood, la mère Marilyn, femme au foyer contrariée, ayant dû renoncer à des
études de médecine, le frère Nathan, passionné d’astronomie et inscrit à
Harvard et Hannah, la petite sœur, si petite que personne ne la voit, surtout
pas ses parents, obnubilés qu’ils sont par la réussite de leur fille aînée
Lydia.
Tous les espoirs de ses parents
reposent en effet sur les frêles épaules de la jeune fille : elle
deviendra médecin et saura réussir là où sa mère a échoué. Dans sa chambre, les
livres s’accumulent déjà : L’Atlas
en couleurs de l’anatomie humaine, Les
Pionnières de la science… Un
stéthoscope est accroché à l’étagère. Ce sont les cadeaux qu’on lui a offerts
et qu’elle a soigneusement rangés, sans omettre de remercier, avec le sourire,
toujours le sourire… Elle saura ne pas souffrir de ses origines asiatiques et
se fondre dans la masse, ressembler aux autres et surtout avoir des amis, ce
que son père n’a jamais vraiment réussi à faire dans cette Amérique des années
soixante-dix peu ouverte aux mariages mixtes et au métissage. Elle, elle saura.
Et puis, il y a ce frère qui veut
absolument la protéger de ce maudit voisin, Jack, un sale gamin livré à
lui-même et Hannah, la petite sœur qui voit tout, cachée sous la table ou dans
un recoin de la pièce et qui analyse.
Mais Lydia n’est plus là.
Et c’est en étudiant très
finement chacun des membres de cette famille que l’on va tenter de s’approcher
de la vérité : qui a tué Lydia ?
Ce roman interroge sur ce qui
fait de chacun de nous ce qu’il est, ce qu’il est devenu, le chemin qu’il a
suivi malgré les circonstances. Finalement, on se surprend à penser que la part
de liberté dans une vie est peut-être somme toute assez limitée, qu’il faut
faire avec, avec notre héritage génétique, social et donc culturel. Et un jour
viendra où ce sera à notre tour de transmettre tout cela à nos enfants :
quelles seront nos attentes vis-à-vis d’eux ?
Je repense à la dernière
chronique que j’ai écrite sur Rouge de Carl Aderhold, très beau livre
dans lequel le père, communiste, voulait que son fils devienne la mémoire de la
famille. Lourd fardeau s’il en est…
Si nos enfants ont besoin de nous
à leurs côtés, c’est pour que nous les aidions à trouver leur propre voie qui
n’a peut-être rien à voir avec celle que nous avions imaginée pour eux. Et
c’est par le dialogue qu’ils sauront nous convaincre qu’ils savent ce qu’ils
aiment et ce qu’ils souhaitent. Si l’on sait les écouter…
Cette œuvre de Celeste Ng
s’apparente davantage à un roman psychologique qu’à un roman policier, je le
précise pour les lecteurs qui s’attendraient à une réelle enquête policière. En
fait, on comprend très vite ce qui s’est passé et l’on ne se trompe pas. Le
titre, pas forcément très heureux, en dit long sur la problématique qui nous
renvoie à cette période difficile, fragile qu’est l’adolescence, période où tout
est à construire, tout est en devenir et où, en tant que parents, il faut être
là, présents, à l’écoute et, en même temps, capables de se mettre en retrait
afin de leur laisser cet espace de liberté indispensable à leur épanouissement,
en restant conscients du fait qu’ils ne sont pas là pour prolonger notre vie et
faire ce que nous n’avons pas fait.
Ils sont autres, ils sont eux. Et c’est tant
mieux !
Pour moi c'est un bon roman psycholgique
RépondreSupprimerOui, oui, je suis bien d'accord avec toi!
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