Éditions Finitude
C’est après la mort de son père
en 1815 que l’auteur du Moine
part découvrir les terres qui lui reviennent dans les Indes Occidentales. Le
voyage dure quatre mois. Il écrit lors de ce périple le Journal d’un propriétaire
des Indes Occidentales. Est-ce à cette même période qu’il rédige l’Anaconda ? Certainement.
L’histoire commence dans un salon
bourgeois anglais. Mrs Jane Milman accuse Everard Brooke, un homme à la tête
d’une fortune colossale, de s’être enrichi de façon crapuleuse lors de son
voyage aux Indes. Le frère de Jane, le vieil Elmwood, refuse de partager ce
point de vue. Il considère que sa sœur ne profère que des calomnies et que ses
propos ne sont aucunement fondés. Mais lorsqu’elle lui apprend que Mirza, le
petit serviteur ceylanais d’Everard, certifie que son maître est un dangereux
criminel et qu’il a effectivement assassiné une femme, une certaine Nancy
O’Connor, en lui fracassant la tête avec une massue, le pauvre Elmwood est
particulièrement secoué, anéanti même. On le serait à moins : il a promis à ce « criminel » sa fille en
mariage. Alors, évidemment, une pure angoisse le saisit.
Elmwood est désormais convaincu :
le mariage d’Everard avec sa fille Jessy doit être annulé. Informée de
l’accusation qui pèse sur son fiancé, la jeune fille refuse de croire un seul
mot de ce que dit sa tante.
Lorsque Everard Brooke franchit
le seuil de la maison ce soir-là, un lourd silence tombe sur toute l’assemblée
réunie: famille et amis sont prêts à écouter son récit. Il doit se
justifier. Everard Brooke va donc
prendre la parole dans un silence religieux pour expliquer ce qui s’est réellement
passé lors de son voyage. Et l’aventure commence… sur l’île de Ceylan.
Inutile de vous dire que, comme
les invités, vous serez pendus aux lèvres d’Everard Brooke. Vous goûterez
chaque mot de son récit. La langue est absolument délicieuse, le travail de la
traductrice, Pauline Tardieu-Collinet, remarquable. J’ai eu l’impression de me
retrouver dans un de ces récits de Maupassant où, par une froide soirée d’hiver,
alors que le feu rougeoie dans la cheminée, un homme prend soudain la parole
pour raconter ce qu’il a vécu quelques années auparavant. Le suspense est
intense, rendu plus dense encore par le silence des convives et le clair-obscur
de la pièce. Quel délice… Bien sûr, je ne vous dirai rien de l’intrigue qui va
vous plonger dans le décor exotique de la jungle indienne !
Quant à l’objet livre, il est
d’une grande beauté, c’est une œuvre d’art pour bibliophiles !
Une excellente idée que de nous
proposer cette somptueuse traduction et de nous faire redécouvrir un texte
rare !
À lire, donc ;-) merci pour cette chronique. Je découvre un auteur : «Vous goûterez chaque mot de son récit.», ça donne envie.
RépondreSupprimerJe viens de le finir et vraiment ce que vous en dites est exactement ce que j'ai ressenti : j'étais moi aussi suspendu aux lèvres d'Everard Brooke !
RépondreSupprimerWow, ça c'est de la critique qui donne envie ! Et si en plus Cécile aime aussi... Illico noté; merci.
RépondreSupprimer