Éditions Albin Michel
★★★★★ (J'ai adoré +++)
Comment
exprimer le plaisir que j'ai eu à lire ce roman ? Je n'avais
qu'une hâte : que la journée passe pour pouvoir retrouver le
plus vite possible tous les personnages incroyables, si
merveilleusement bien campés et souvent si attachants - ah, Vladi la
Polonaise..., immense coup de coeur aussi pour Robert qui m'a fait
tellement rire! Quel soin d'ailleurs accordé aux personnages
secondaires ! Quand j'y pense, qu'est-ce qu'on s'est fait suer
(pour rester polie) avec le Nouveau Roman et de quels plaisirs on
s'est privé ! Quel fabuleux conteur que ce Pierre Lemaître,
quel « fabricant d'émotions » comme il se définit
lui-même !
Là,
c'est un pur bonheur de lecture, une vraie jubilation : la
langue est vive et pleine d'esprit (quel art de la formule!), les
rebondissements nombreux (quel rythme - aucun temps mort!), les
dialogues cocasses ! Qu'est-ce que j'ai ri, surtout dans la
seconde partie! Quelle maîtrise dans l'art du récit ! Certains
critiques parlent de Dumas, de Balzac : je suis tout à fait
d'accord, et j'ajouterai même une petite ironie flaubertienne bien
piquante et bien mordante qui m'a ravie. Un vrai roman
tragi-comique !
La
scène augurale est magistrale : en quelques pages vous êtes
complètement embarqué !
Que
je vous parle un peu du sujet (j'en dirai le moins possible, c'est
promis, pour ne pas « spoiler » votre lecture!) Ah, une
autre chose que j'ai oublié de vous préciser : je n'ai pas lu
Au revoir là-haut (première partie de ce qui formera
finalement une trilogie). Oui, je sais, je n'en reviens pas moi-même
car ce titre (prix Goncourt 2013 - mais qu'est-ce que je faisais en
2013 pour être passée à côté ?) doit être aussi génial
que le roman dont je vous parle. En tout cas, si vous n'avez pas lu
le premier, aucun problème !
Donc,
nous sommes à Paris en 1927 et nous assistons aux obsèques de
Marcel Péricourt, riche banquier, « emblème de l'économie
française » comme titraient les journaux de l'époque. Sa
fille Madeleine, divorcée, mère d'un petit garçon, Paul, devient
l'héritière d'une fortune colossale et d'un véritable empire
bancaire, elle qui ne s'est jamais intéressée à ces choses
réservées aux hommes (heureusement, les temps ont bien changé!) et
qui est à peine en mesure de signer le moindre chèque ! Tout
le gratin parisien est là, on attend même le Président de la
République, c'est dire. Elle avait pensé épouser le fondé de
pouvoir de la Banque Péricourt, un certain Gustave Joubert, un homme
d'une cinquantaine d'années sérieux et économe mais elle y avait
finalement renoncé. Bonne ou mauvaise décision, l'avenir le
dira ...
En attendant, tout ce petit monde se trouve dans la cour de l'hôtel particulier des Péricourt et l'on commence à s'impatienter d'autant que le froid se fait sentir. Mais il manque encore quelqu'un, celui qui doit se trouver en tête du cortège : le petit Paul. Mais où a-t-il bien pu se cacher ?
En attendant, tout ce petit monde se trouve dans la cour de l'hôtel particulier des Péricourt et l'on commence à s'impatienter d'autant que le froid se fait sentir. Mais il manque encore quelqu'un, celui qui doit se trouver en tête du cortège : le petit Paul. Mais où a-t-il bien pu se cacher ?
Stop,
pas un mot de plus…
C'est
une période étrange que vous découvrirez, celle de
l'entre-deux-guerres : la crise de 29 arrive à grands pas, tous
les coups bas semblent permis et touchent tous les secteurs :
politique, économique, bancaire, journalistique, industriel…
Chacun
semble prêt à faire preuve de la pire hypocrisie et des bassesses
les plus méprisables : trahisons, lâchetés, mensonges,
manigances, médiocrités en tous genres sont à l'honneur. Quels
portrait nous livre Lemaître de l'humanité ! Quelle peinture
effrayante et … si juste ! J'ai beaucoup aimé ce regard
ironique qu'il porte sur les hommes (et les femmes, bien sûr). Que
ne serait-on prêt à faire pour gagner plus, avoir une place en vue,
se faire connaître ? Sur ce plan, je ne suis pas sûre que les
choses aient beaucoup changé !
Ah
la course à l'argent et au pouvoir ! D'ailleurs, certains
sujets abordés comme celui de la fraude fiscale et de l'argent
planqué en Suisse entrent en résonance avec notre époque et nous
laissent penser que l'on n'est pas près de résoudre ces problèmes
certainement immuables.
Là-dessus,
se profile aussi le pire (à l'origine du titre) : la montée du
fascisme et du nazisme, deux bêtes noires qui prennent racine et qui
vont bientôt produire l'inimaginable.
Heureux
ceux qui n'ont pas encore lu cet ouvrage ! Comme je vous envie !
Quant
à moi, il me reste à attendre le prochain… Que le temps va me
sembler long avant la parution du tome III !
Et pourquoi ne pas lire le premier en attendant le troisième ? Ne pas le faire c'est se priver d'un grand plaisir !
RépondreSupprimerNe t'inquiète pas, Mary, j'en ai bien l'intention! Je ne vais effectivement pas me priver de ce plaisir!
RépondreSupprimerJ'ai préféré de loin "Au revoir là-haut". Assurément un bon moment de lecture avec les personnages de Paul et de la cantatrice qui me sont les plus sympathiques. Moins marquant donc que le premier.
RépondreSupprimerJe prends note, Nono.
RépondreSupprimerJ'ai jubilé moi aussi, dès la première scène d'anthologie ... Ah ça, il sait vous attraper le Lemaitre ! et jusqu'aux dernier personnage secondaire : l'aarivée de Vladi, très drôle et du pur romanesque, jusqu'au bout ...
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