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dimanche 23 avril 2017

Je ne sais pas dire je t'aime de Nicolas Robin


Éditions Anne Carrière

 Je ne sais pas résister à un roman de Nicolas Robin car ce monsieur… me fait rire ! Et ça marche à tous les coups ! Enfin, ce n’est que son second roman après l’inoubliable Roland est mort (si d’aventure vous ne l’aviez pas lu, précipitez-vous chez votre libraire ! En plus, il est en poche maintenant !) J’ai retrouvé avec grand plaisir l’art de la formule qu'affectionne l’auteur pour faire le portrait de notre société. C’est tellement juste, tellement bien vu, tellement humain tout ça qu’on s’y retrouve forcément tous un peu. Quel talent d’observateur ! Quelle perspicacité ! Et surtout, quel humour ! Bon, bien sûr, d’aucuns diront que c’est un peu mélo, pas forcément super crédible mais on s’en f… Ça fait tellement du bien de suivre ces personnages cabossés par l’existence, profondément seuls, bourrés d’anxiolytiques ou de chouquettes et cherchant l’Amour, que ce soit celui d’un compagnon, d’une amie ou d’une maman. Parce que, finalement, qu’est-ce qui compte le plus ? N’est-ce pas d’aimer et d’être aimé ? N’est-ce pas ce que tout le monde cherche au fond ? Évidemment que si !
Que je vous les présente, ces personnages : d’abord, il y a Francine. Au moment de refaire son passeport pour partir en Floride afin de fêter ses quarante ans de mariage avec Henri, elle découvre sur une photocopie du registre d’état civil que sa mère a mis un mois avant de la reconnaître. C’est le choc. Bien sûr, elle savait que son père était un Allemand et que pendant la guerre, sa mère avait couché avec l’ennemi. Des insultes, elle en a entendu. Mais que sa mère avait mis un mois avant de la prendre dans ses bras, non ça, elle ne le savait pas ! Or maintenant qu’il n’y a plus personne pour en parler, il va falloir vivre avec, et Francine est dévastée.
Quant à Juliette, ça ne va pas fort non plus : vendre dans un grand magasin des chaussures de marque allemande, aussi résistantes et confortables soient-elles, non vraiment, ça ne la rend pas heureuse. Entre des clients qui puent des pieds et une collègue complètement cinglée, elle a de plus en plus de mal à assumer une solitude pesante et un traumatisme passé qui ne passe pas. Bref, pour Juliette, autant dire que ce n’est pas top.
Et puis, il y a Joachim, le beau sportif au monosourcil, convoqué par sa chérie sur un plateau de télé : le gros naïf y va et… se fait larguer en direct. C’est chouette la télé-réalité, on voit les gens se ramasser des gamelles et visiblement, la souffrance des autres divertit la terre entière. Inutile de vous dire dans quel état le bel athlète va regagner ses pénates…
Enfin, vous ferez la connaissance de Ben qui trouve que son compagnon est de plus en plus absent, taiseux, ailleurs quoi, et Ben sent que la rupture n’est pas loin… Sa mère l’appelle régulièrement pour le pousser à aller participer à la Gay Pride : de la couleur, de la musique et de la danse, ça ne peut pas faire de mal et puis, il faut revendiquer son droit à la différence ! Ah, pour ça, elle en veut la mère, elle est prête à se battre ! Mais Ben, quant à lui, revendiquerait plutôt son droit à l’indifférence… Qu’on le laisse tranquille ! Il n’aime pas trop ce genre de manifestations et aimerait mieux vivre une soirée romantique avec son amoureux loin de toute cette agitation, si seulement c’était possible…
Et, en cette période pré-électorale (si, si, dans l’histoire !), les belles promesses de changement des candidats semblent passer un peu loin de la souffrance intime et profonde d'êtres désemparés à la recherche d’un peu de tendresse et de douceur. Cela dit, ils iront tous voter mais leur cœur sera peut-être ailleurs…
Un roman délicieux : impossible de lâcher les personnages, impossible de ne pas verser une larme, impossible de garder son sérieux devant des situations complètement absurdes, reflet terriblement exact de notre société. Et encore une fois, un art de la formule absolument irrésistible !

Parlez-nous encore et toujours de ce que nous sommes, Monsieur Robin, vous le faites à merveille…

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