Éditions Les Presses de la Cité
★★★☆☆ (J'ai bien aimé)
Inscrite
sur le site de lecteurs Babelio, il arrive que je me vois proposer un
livre contre une critique. Parfois, ce livre ne correspond pas tout à
fait à ce que je lis d'habitude mais comme je ne sais pas refuser un
roman parce que l'on n'est jamais à l'abri d'une bonne surprise,
j'accepte. C'est comme cela que je me suis trouvée plongée dans Une
histoire des abeilles, présentée
sur la quatrième de couv' comme « un roman
écologiste ».
Bon,
en matière d'écologie, je ne suis pas au top même si, promis juré,
je trie mes déchets, consomme un peu moins de viande qu'avant, ne
prends jamais l'avion (parce que j'ai la trouille mais n'empêche
que, trouille ou pas, mon empreinte carbone est à ce jour peut-être
nettement plus faible que celle de bon nombre d'écolos …), ne
jette aucun déchet dans la nature et serais prête à bondir sur le
malotru que je verrais agir de la sorte, n'ai pas de piscine dans mon
jardin et n'achète pas des pommes qui viennent d'Afrique du Sud.
(clap, clap, clap, clap…)
Bref,
un roman écolo traduit du norvégien, why not ?
Trois
époques : la Chine en 2098, l'Angleterre en 1851, les
États-Unis (Ohio) en 2007, trois histoires qui se mêlent, comme on
en lit pas mal en ce moment.
En
Chine, nous découvrons une jeune femme, Tao, perchée dans un
arbre : à l'instar de milliers d'autres compatriotes,
elle pollinise à l'aide d'une balayette en plumes de poule chaque
fleur des arbres fruitiers. En Chine, les abeilles n'étant plus là
pour le faire depuis des
années à cause d'une pollution importante et d'insecticides
répandus trop généreusement,
l’État a su s'organiser :
Tao
se coltine donc
le sale boulot et
bientôt, aucun petit Chinois
n'ira plus à l'école car ils devront apprendre très vite les
gestes que la nature accomplissait sans leur aide, auparavant.
C'est l’État qui en a décidé ainsi. Autrement, c'est la famine…
(En
réalité,
la pollinisation manuelle a déjà cours en Chine, pas besoin de se
projeter en 2098: à lire, sur
Internet,
l'article du Monde du
23 avril 2014 Dans
le Sichuan, des « hommes-abeilles »
pollinisent à la main les vergers. Ici,
le lien.)
On
apprend en passant (je vous rappelle qu'on est en 2098)
que
le pire est arrivé : la disparition des insectes pollinisateurs
(j'espère que mon collègue de SVT lira mon article parce que j'ai
du vocabulaire maintenant !), l'élévation du niveau de la mer
liée au réchauffement climatique (décidément, je me spécialise,
mon dernier article portant sur La Fonte des glaces
de Joël Baqué), la
destruction des sols par l'agriculture intensive,
la
multiplication des accidents nucléaires,
l'empoisonnement
des
êtres vivants par
les insecticides et les pesticides...
Pas de quoi rire… Et comme on a fait comme
s'il était peu probable que tout cela nous arrive,
le résultat n'est pas beau à voir… (Mais bon, c'est un roman, une
fiction..., n'empêche que ça fout
un peu les jetons tout ça quand on y pense…)
En
Angleterre, William, père de famille, est alité : manque de
peps, spleen, moral dans les chaussettes jusqu'à ce qu'il redécouvre
un livre posé sur son bureau qui va de nouveau réveiller une
passion endormie : Nouvelles observations sur les abeilles
de François Huber, 1806. William se lève et s'attelle avec toute
l'énergie dont il est capable à la construction d'une ruche
innovante.
Dans
l'Ohio, George est désespéré : son fils ne veut pas reprendre
la ferme, s'occuper des ruches, non, il veut poursuivre ses études
(il n'y a vraiment que dans les romans que les pères râlent parce
que leurs fils veulent poursuivre leurs études!). George vit pour
ses ruches colorées qu'il choie et auxquelles il consacre toute son
énergie. Ce qu'il ne sait pas encore, c'est qu'il sera lui aussi
victime du fameux Colony Collapse Disorder, « syndrome
d'effondrement des colonies d'abeilles »… (Ah, vous ne
connaissez pas…) (Comme disent mes élèves, quand on débat sur
l'intérêt de la lecture, lire permet de se cultiver, d'apprendre…
Ils ne comprennent jamais pourquoi je fais un peu la moue face à ce
genre de réponse...)
Évidemment,
on se demande tout au long du livre quel lien unit ces trois récits,
même si l'on s'en doute un peu…
Alors,
venons-en aux faits : est-ce que j'ai aimé ce livre ? Je
réponds par une litote d'abord qui dira ce qu'elle dira : c'est
une lecture pas désagréable, la langue est fluide, plaisante (je
salue la traductrice dont j'avais déjà remarqué l'excellent
travail mais pour quelle traduction, je ne sais plus…). J'ai appris
plein de choses (que je me suis empressée d'oublier) sur les
abeilles… Les histoires de pollinisation n'ont (presque) plus aucun
mystère pour moi ni le varroa destructor (je vous épate,
hein), un horrible acarien parasite responsable de la varroose (oui,
deux r et deux o, ça fait durer le plaisir) ; quant à la reine
mère, aux faux-bourdons, aux ouvrières non fertiles, au couvain,
aux ruches verticales de Langstroth (j'hésite à rédiger l'article
Wikipédia sur le sujet qui manque encore cruellement à la célèbre
encyclopédie…), à l'essaimage… Tout ça, je connais par
coeur...
Bon,
d'un point de vue formel, ce n'est pas un roman très novateur mais
il demeure agréable à lire, ce n'est déjà pas si mal…
Je le lirais bien celui-là...
RépondreSupprimerDaphné