Editions Luce Wilquin
J’ai tellement aimé ma grand-mère que toutes les histoires de grand-mère me font pleurer (je pense notamment à La grand-mère de Jade qui m’avait mise dans un état épouvantable).
Retour à Domme est avant tout l’histoire d’un homme qui, à
un moment de sa vie, part à la rencontre de sa grand-mère désormais disparue.
Il se souvient qu’enfant, alors
qu’elle lui lisait un livre, il entendit un choc contre la baie vitrée de la
véranda : c’était un rouge-gorge, mort. Immédiatement, elle lui mentit :
non, il est juste assommé, on va le mettre dans une petite boîte et il va
repartir tout seul. L’enfant se réveille après sa sieste, l’oiseau n’est plus
là. Regarde, il est retourné dans son nid tout en haut du cerisier, lui dit sa
grand-mère Si l’on est attentif, on peut même l’entendre chanter. L’enfant fit
semblant de croire aux belles histoires mais il ne fut pas dupe et se cacha
pour pleurer…
Et puis, un jour, c’est au tour
de la grand-mère de prendre son envol. Avant de mourir, elle raconte à son
petit-fils devenu grand qu’autrefois, elle a été une aventurière, une fugueuse,
elle avait un amant dans le Périgord, une région qu’elle aime tant. C’était une
femme libre. Mais l’amant est mort depuis longtemps et maintenant, c’est son
tour à elle d’aller, comme elle le dit, « siffler sur la plus basse
branche du cerisier ».
Alors, des années plus tard,
quand Oscar reprend conscience sur une petite route de campagne périgourdine,
il ne comprend pas ce qui s’est passé. Il semble avoir perdu connaissance, mais
pourquoi ? Quel choc a-t-il subi ? A-t-il causé un accident, renversé
quelqu’un ?
« Eh ben, Garçon, faudrait
quand même bouger d’ici » entend-il, découvrant un vieil homme, Jeanloup,
qui lui propose d’aller boire un café à La
Renardière. Encore hébété, il le suit et découvre un hameau au milieu de
nulle part, un « trou perdu qui se remplit de vide et de silence ».
D’ailleurs, « qui serait assez insensé ou farfelu pour décider de venir
vivre ici en totale immersion dans le rien, l’immense, le silence du ciel et
des hommes ? »
Le paysage est merveilleux, le vin n’en
parlons pas (Bergerac, Rosette, Pécharmant, Monbazillac…), quant à Emilia et
son mari, c’est comme s’ils l’avaient adopté !
Alors, il reste.
Un soir, il leur montre une photo
de sa grand-mère. Le paysage, derrière, « c’est Domme ! »
s’exclame Jeanloup. Quant à Emilia, elle remarque des vers inscrits au dos de
la photo: « Je n’étais
qu’un regard parmi ceux des oiseaux dans la paix de la nuit ».
Etrange, il est encore question
d’oiseau… Pure coïncidence ? Peut-être pas… Oscar se dit que ce sont des
signes, qu’il faut les suivre, ils mèneront bien quelque part, c’est certain…
Mais où cela va-t-il
l’entraîner ?
Des fils se tissent entre présent
et passé.
Qui était sa grand-mère, cette
femme qui a osé mépriser les convenances pour rejoindre l’homme qu’elle aimait,
qui s’est envolée vers lui et vers une terre qu’elle admirait et qu’elle avait
faite sienne ? Qui l’a connue ? Qui pourrait lui en parler ?
Qui sont Emilia et Jeanloup, ces
gens dont il a croisé le chemin, qui l’ont si généreusement accueilli et qui
semblent vouloir étouffer leurs souffrances, leurs mystères enfouis ?
Que cachent-ils ?
Et lui, Oscar, qui est-il
vraiment ce « solitaire maniaque, cet amoureux occasionnel » qui ne
s’attache à personne et meurt à petit feu dans son entreprise de logistique
internationale ?
Un très beau texte poétique dans
lequel pullulent les « bruyères mauves » et les « vieux
prunelliers fourmillant d’insectes assoiffés » et, la nuit,
dans « la parfaite immobilité du monde…, une chouette effraie
traverse le silence. » Fermons les yeux et laissons-nous porter…
Alors, comme par magie, les mots
de la grand-mère prendront tout leur sens…
Ecoutons-les, ayons confiance et
voyons où ils vont nous mener…
oh oh , tu titilles mon envie !
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