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mardi 9 août 2016

Deux gouttes d'eau de Jacques Expert



Ah, la gémellité… sujet qui a fait couler beaucoup d'encre ! Et pour cause : comment ne pas être fasciné par ces deux qui ne sont qu'un, cet « un » qui est double . La mythologie s'est évidemment emparée du sujet : Castor et Pollux, fils de Léda, nés de deux œufs différents, de faux jumeaux donc, Romulus et Rémus, fils de la vestale Rhéa Sylvia et du dieu Mars, vrais ou faux jumeaux, la légende ne le dit pas… Dans certaines civilisations anciennes, les jumeaux seraient des êtres supérieurs car venant sur terre avec leur double immortel, l'un devant tuer l'autre pour subsister. Ailleurs, on pense au contraire qu'ils sont maudits et l'on cherche à s'en débarrasser...
Dans tous les cas et encore aujourd'hui, la gémellité fascine et inquiète. Les termes sont nombreux pour décrire ce que ressentent les jumeaux l'un vis à vis de l'autre : attirance, fusion, mimétisme mais aussi de la rivalité, peut-être même la volonté de dominer l'autre, voire de l'écraser… et les jeunes parents anxieux de se pencher sur les livres de psychologie leur prodiguant quelques conseils pour gérer « le couple paroxystique » selon R. Zazzo, premier psychologue français à avoir publié des articles sur les jumeaux.
Cette situation pour le moins complexe semble avoir fasciné Jacques Expert qui dans son roman Deux gouttes d'eau met en scène deux frères : Antoine, analyste financier et Franck Deloye, des jumeaux monozygotes de vingt-huit ans, conçus par fécondation in vitro.
Or l'un d'eux est un monstrueux assassin : la petite amie d'Antoine, Elodie Favereau, a été retrouvée morte, décapitée. Par chance, le coupable a non seulement laissé ses traces d'ADN mais il s'est laissé piéger par une caméra de surveillance alors qu'il se débarrassait de l'arme du crime. On voit très clairement son visage sur les images de la vidéo surveillance ! Il ne reste plus qu'à aller cueillir Antoine puisque c'est lui et qu'on le reconnaît parfaitement et à le déférer au parquet.
Pour une fois, le commissaire divisionnaire Robert Laforge est d'assez bonne humeur et s'amuse des propos de son adjoint Brunet qui s'exclame : « il s'est fait choper comme un con ! ».
Bref, toute son équipe souffle ! Pour une fois, les gars de Laforge vont pouvoir rentrer chez eux pas trop tard! L'enquête est bouclée avant même d'avoir commencé ! C'est pas génial, ça ? En effet, « A cet instant, Laforge et ses hommes sont convaincus qu'ils tiennent le coupable. »
Sauf que... "Si ce n'est toi, c'est donc ton frère" comme dirait La Fontaine: Antoine a … un frère jumeau, Franck, qu'il accuse d'avoir commis ce terrible meurtre. « Ce n'est pas moi, c'est mon frère, un être mauvais» dira-t-il. « Faux, répondra l'autre, c'est lui le monstre et ça a toujours été. »
« - Putain, même gueule, même ADN et pas d'empreintes ... » hurlera Brunet aux oreilles de Laforge : ils ont en effet aussi tous deux une maladie génétique rare : l'adermatoglyphie. Ils n'ont pas d'empreintes digitales !
On est « dans la merde, Etienne ! » conclut le commissaire, dépité.
Alors dans ce cas, qui est le meurtrier ? Les gars de l'inspecteur Laforge ne sont décidément pas couchés et la tension est plus que palpable !
Impossible de lâcher ce roman policier psychologique avant de l'avoir achevé : qui dit la vérité, Antoine ou Franck ? Qui manipule l'autre depuis l'enfance ? Lequel des deux est un dangereux pervers narcissique prêt à tout pour arriver à ses fins ? Du suspense, des retours en arrière très éclairants sur l'enfance des jumeaux et le désarroi des parents face à ce couple soudé de façon quasi hermétique, un inspecteur comme on les aime : imbuvable, intraitable avec ses collègues et surtout avec lui-même, qui ne lâche rien et résout toujours ses enquêtes mais qui sent que là, ça va coincer, ça va être plus dur que d'habitude… Et si c'était le crime parfait ?

Fascinant !

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