Ah,
la gémellité… sujet qui a fait couler beaucoup d'encre ! Et
pour cause : comment ne pas être fasciné par ces deux qui ne
sont qu'un, cet « un » qui est double . La
mythologie s'est évidemment emparée du sujet : Castor et
Pollux, fils de Léda, nés de deux œufs différents, de faux
jumeaux donc, Romulus et Rémus, fils de la vestale Rhéa Sylvia et
du dieu Mars, vrais ou faux jumeaux, la légende ne le dit pas…
Dans certaines civilisations anciennes, les jumeaux seraient des
êtres supérieurs car venant sur terre avec leur double immortel,
l'un devant tuer l'autre pour subsister. Ailleurs, on pense au
contraire qu'ils sont maudits et l'on cherche à s'en débarrasser...
Dans
tous les cas et encore aujourd'hui, la gémellité fascine et
inquiète. Les termes sont nombreux pour décrire ce que ressentent
les jumeaux l'un vis à vis de l'autre : attirance, fusion,
mimétisme mais aussi de la rivalité, peut-être même la volonté
de dominer l'autre, voire de l'écraser… et les jeunes parents
anxieux de se pencher sur les livres de psychologie leur prodiguant
quelques conseils pour gérer « le couple paroxystique »
selon R. Zazzo, premier psychologue français à avoir publié des
articles sur les jumeaux.
Cette
situation pour le moins complexe semble avoir fasciné Jacques Expert
qui dans son roman Deux gouttes d'eau met en scène
deux frères : Antoine, analyste financier et Franck Deloye, des
jumeaux monozygotes de vingt-huit ans, conçus par fécondation in
vitro.
Or
l'un d'eux est un monstrueux assassin : la petite amie
d'Antoine, Elodie Favereau, a été retrouvée morte, décapitée.
Par chance, le coupable a non seulement laissé ses traces d'ADN mais
il s'est laissé piéger par une caméra de surveillance alors qu'il
se débarrassait de l'arme du crime. On voit très clairement son
visage sur les images de la vidéo surveillance ! Il ne reste
plus qu'à aller cueillir Antoine puisque c'est lui et qu'on le
reconnaît parfaitement et à le déférer au parquet.
Pour
une fois, le commissaire divisionnaire Robert Laforge est d'assez
bonne humeur et s'amuse des propos de son adjoint Brunet qui
s'exclame : « il s'est fait choper comme un con ! ».
Bref,
toute son équipe souffle ! Pour une fois, les gars de Laforge
vont pouvoir rentrer chez eux pas trop tard! L'enquête est bouclée
avant même d'avoir commencé ! C'est pas génial, ça ? En
effet, « A cet instant, Laforge et ses hommes sont convaincus
qu'ils tiennent le coupable. »
Sauf
que... "Si ce n'est toi, c'est donc ton frère" comme dirait La Fontaine: Antoine a … un frère jumeau, Franck, qu'il accuse d'avoir
commis ce terrible meurtre. « Ce n'est pas moi, c'est mon
frère, un être mauvais» dira-t-il. « Faux, répondra
l'autre, c'est lui le monstre et ça a toujours été. »
« -
Putain, même gueule, même ADN et pas d'empreintes ... »
hurlera Brunet aux oreilles de Laforge : ils ont en effet aussi
tous deux une maladie génétique rare : l'adermatoglyphie. Ils
n'ont pas d'empreintes digitales !
On
est « dans la merde, Etienne ! » conclut le
commissaire, dépité.
Alors
dans ce cas, qui est le meurtrier ? Les gars de l'inspecteur
Laforge ne sont décidément pas couchés et la tension est plus que
palpable !
Impossible
de lâcher ce roman policier psychologique avant de l'avoir achevé :
qui dit la vérité, Antoine ou Franck ? Qui manipule l'autre
depuis l'enfance ? Lequel des deux est un dangereux pervers
narcissique prêt à tout pour arriver à ses fins ? Du
suspense, des retours en arrière très éclairants sur l'enfance des
jumeaux et le désarroi des parents face à ce couple soudé de façon
quasi hermétique, un inspecteur comme on les aime : imbuvable,
intraitable avec ses collègues et surtout avec lui-même, qui ne
lâche rien et résout toujours ses enquêtes mais qui sent que là,
ça va coincer, ça va être plus dur que d'habitude… Et si c'était
le crime parfait ?
Fascinant !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire