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mardi 20 décembre 2016

Journal d'un vampire en pyjama de Mathias Malzieu


Éditions Albin Michel

Ah ce Mathias, en voilà un que j’aimerais bien compter parmi mes amis… Qu’est ce qu’il est attachant, généreux, drôle, poète… bref, il a toutes les qualités qui me font flancher…
Bon, reprenons, je m’égare. Donc, disais-je, ce Mathias (en plus, je crois qu’il a les yeux verts), ce Mathias, à la tête d’un groupe de rock nommé Dionysos (suis pas très au point là-dessus, faudra que j’aille voir sur You Tube…), ce Mathias tombe malade. Au lieu de faire des bonds de trois mètres lors des concerts, il décolle de cinquante pauvres petits centimètres. Bizarre… « L’homme-volcan », qui a « des toupies électrifiées » en guise de béquilles pour tenir dans la vie, poursuit la tête dans le guidon : il tourne le clip qui accompagnera la sortie de son film Jack et la mécanique du cœur. Il y va à fond même s’il sent qu’ « il a une noisette à la place des poumons ». Il finit le boulot mais le lendemain, une prise de sang s’impose.
Un médecin le rappelle immédiatement : anémie. Les globules rouges sont en chute libre. Une transfusion doit se faire immédiatement : direction l’hôpital le plus proche. C’est une question de vie ou de mort. De mort ? Etrange ce mot. Un myélogramme (ponction de moelle osseuse) suit immédiatement. Le diagnostic finit par tomber : « aplasie médullaire » ou arrêt du fonctionnement de la moelle osseuse. « C’est idiopathique »… ça veut dire qu’ « on n’en connaît pas la cause ». Notre Mathias culpabilise et essaie tout de même d’expliquer ce qui lui arrive : « J’imagine que mes excès de nuggets-crêpes et autres Coca avec un peu de whisky dedans ont quelque chose à voir avec tout ça ». Mais non. « Ça peut arriver à tout le monde et ça n’arrive à presque personne. Une centaine de cas seulement en France. Pour la plupart des enfants ou des personnes âgées. Je suis un collector. »
Lui qui aime les bains de foule, les copains, le ciné, le skate, il faudra passer au « gel antibactérien, bains de bouche et isolement. » Et c’est ainsi qu’il devint un vampire, se nourrissant du sang des autres. « Puisque je suis prisonnier de mon propre corps, je dois plus que jamais apprendre à m’évader par la pensée. Organiser ma résistance en mobilisant les ressources de l’imagination. Je vais travailler dur au rêve de m’en sortir ».
La lutte va être âpre, quotidienne surtout avec Dame Oclès sur les talons, la Belle en noir qui est là dans un coin, le sourire aux lèvres, patiente, présente. Elle guette.
Il faut un donneur de moelle. Il n’y en a pas. Les transfusions s’accélèrent. Heureusement, les nymphirmières sont là et veillent.
Et puis, il y a les copains : deux catégories. Ceux qui s’éloignent parce que la maladie, ça fout la trouille et ceux qui restent, la famille et Rosy, l’amoureuse, la courageuse.
Les globules blancs fondent, le système immunitaire aussi, l’entrée en chambre stérile est inéluctable. Et la lutte commence.
Heureusement, il y a le recueil de poèmes Feuilles d’herbe de Walt Whitman, l’ukulélé, la poésie, l’écriture et la musique. Elle n’aime pas ça Dame Oclès, les gens qui l’oublient, les gens qui créent au lieu de penser à mourir, elle tape du pied, veut attirer l’attention.
Mais Mathias écrit, compose, travaille dans le siège-oeuf  de son appartelier. Tiens, je me dis qu’il y a du Vian chez Malzieu, non ?
Ce livre est un hymne à la vie : Mathias lutte contre la mort en jonglant avec les mots, l’humour, la poésie, la musique. Il est drôle, grand gamin, espèce de Gavroche sous les balles de la maladie, il saute dans tous les sens, ça fuse, ça siffle et lui chante, écrit, joue. Les pires situations deviennent désopilantes, certains passages du livre sont à pleurer de rire. Il est touchant et donne la pêche. Quelle leçon de vie !
Notre Dionysos, comme celui de la mythologie, est né deux fois, il a deux mamans, la première qui l’a mis au monde et la deuxième, celle qui a donné son cordon ombilical : « Qui peut-elle bien être ? s’interroge-t-il, ma voisine ? Une indienne ? Björk ? » Il a mis son T-shirt
Spiderman et s’est transformé en super-héros. Dame Oclès gît, sans vie…
Et c’est reparti : crêpes à gogo, pots de Nutella en veux-tu en voilà, skate et musique ou l’inverse… La fusée a décollé, accrochez-vous ! « Cinquante ans de bonus pour ultra-vivre ! » J’en connais un qui va en profiter…

Et nous, on aura compris qu’il ne faut rien perdre des mille bonheurs du quotidien au cas où on aurait tendance à l’oublier…

                                           

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