Rouergue noir
J’ai rarement lu un livre en
m’interrogeant autant sur le rapport entre son contenu et… sa couverture !
Et pour cause : nous sommes
dans un paysage montagneux et désolé de causses, du côté du Massif Central sans
doute. Ici et là quelques fermes, certaines sont abandonnées, d’autres ne le sont
pas encore mais on sent que c’est pour bientôt, quelques-unes sont transformées
en résidences plus que secondaires.
Restent au pays quelques
agriculteurs qui s’accrochent à leurs bêtes et à leurs terres. Leur travail est
dur : s’occuper des bêtes signifie être disponible 24 heures sur 24, 7
jours sur 7, pas de week-ends, pas de vacances… Et quand l’hiver est là, c’est
encore pire.
Un agriculteur se suicide tous
les deux jours en France : ça doit vouloir dire quelque chose non ?
Bien sûr, les paysages dans ces
coins-là sont magnifiques mais il n’y a pas grand monde pour les admirer. Si,
peut-être Alice, l’assistante sociale, chargée de rendre visite aux fermiers
sur le point de décrocher et de se pendre à la poutre maîtresse de leur étable.
Elle a bien remarqué que le gars Joseph Bonnefille, éleveur de deux cent
quarante brebis, là-haut sur le causse, sans femme ni enfants, ne parlait plus
qu’à ses bêtes, ne mettait plus un pied hors de sa ferme. Cette année, il n’a
pas fané et ses bêtes divaguent. C’est mauvais signe. La mairie a prévenu
Alice. Elle est allée lui rendre visite, pour causer un peu, l’aider dans ses
papiers. Elle sait parler aux agriculteurs. Son père avait une ferme qu’elle a
reprise avec Michel son mari. Elle a toujours baigné là-dedans. Elle n’a pas
franchement eu le choix non plus. Quant à Michel, s’il prenait la femme, il
prenait la ferme, à moins que ce ne soit l’inverse…
Or, depuis quelques jours, on
parle d’une disparition dans le pays. Une femme. Évelyne Ducat. Volatilisée.
L’épouse d’un homme d’affaires originaire de la région. Il est parti puis
revenu. Mais il travaille encore à l’étranger. Alors, comme sa femme se plaît
dans le coin, elle y reste pour respirer un peu. Ça la change de la ville. L’air
pur, ça fait du bien. Alors, elle randonne, elle prend l’air. Le problème,
c’est qu’on a retrouvé sa voiture mais pas elle.
Les gens du coin ont leur petite idée sur la
question, ils savent qui est responsable de tout cela : la tourmente. « La tourmente, c’est le nom qu’on donne
à ce vent d’hiver qui se déchaîne parfois sur les sommets. Un vent qui draine
avec lui des bourrasques de neige violentes, qui façonne les congères derrière
chaque bloc de roche, et qui, disait-on dans le temps, peut tuer plus sûrement
qu’une mauvaise gangrène. »
Il y a déjà quelques années deux
enseignantes avaient péri de froid à cause de cette tourmente. Alors, Évelyne
Ducat, c’est certainement une victime de plus…
Comme j’ai aimé ce livre qui
parle des gens, de ce qu’ils sont, de leur solitude, de leurs angoisses, de
leur folie, de leurs rêves, de leur besoin d’amour pour vivre et être
heureux ! « All you need is
love » chantaient les Beatles… Et ils voyaient juste ! La
tourmente est dans les cœurs et dans les âmes. On assiste à de belles tempêtes
sous un crâne dans cette œuvre.
J’ai trouvé ce roman très juste,
très réaliste : les personnages sont saisissants de vérité. On partage
leurs émotions, leur solitude, leurs craintes. Ils sont touchants, terriblement
humains.
Quant à la construction :
waouh ! Alors là, franchement, BRAVO ! Tout est parfaitement ficelé
jusqu’au bout ! Et on ne voit rien venir. On va de surprise en surprise.
Difficile de poser le livre avant la fin tellement on est happé par l’intrigue.
Vraiment, chapeau ! Un vrai
bon polar comme je les aime. Surtout ne passez pas à côté !
Et puis, au fait, il y a bien un lien entre le roman et sa couverture mais... chut...
Et puis, au fait, il y a bien un lien entre le roman et sa couverture mais... chut...
A lire absolument !
Ton billet me donne vraiment envie de le lire. Je note !
RépondreSupprimerEntièrement d'accord avec ta critique!!!J'ai adoré...
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