Éditions Viviane Hamy
★★★★☆ (J'ai beaucoup aimé)
Ab
esse ad posse valet, a posse ad esse non valet consequentia.
Je
traduis ? Ah, vous n'aviez pas pris l'option latin au collège
ou vous avez oublié toutes vos déclinaisons ? Bon, allez, pour
une fois, j'accepte de m'y coller : alors, traduction (ou plutôt
résumé) : « De la possibilité d'une chose, on ne doit
pas conclure à son existence. »
Celui
qui exprime ces sages paroles (et tant d'autres, en latin, s'il vous
plaît) est loin d'être professeur au Collège de France, non, il
s'appelle Pierre Timonier, il tient un bar et on les surnomme (lui
et son bar) « Le Grand Sérieux ».
Il
aime discuter de la marche du monde avec un certain inspecteur de la
Brigade criminelle qu'il appelle « commissaire » :
Philippe Andreani. Vingt-deux ans de carrière, une tonne d'enquêtes
menées à bien, des dossiers bossés à fond. Bref, le flic parfait.
Sauf
que, depuis peu, rien ne va plus pour Andreani : dans une
affaire récente, il a sorti son flingue trop vite et a tiré sans
sommation. Une sale histoire de dealer impliqué dans des affaires
sordides et qu'il fallait impérativement coffrer, sinon, il
repartait dans la nature. Faute professionnelle. C'est vrai qu'il a
pris la mauvaise habitude des « raccourcis » ces derniers
temps : faire ce qu'on a à faire, « simplifier la
procédure » sans demander l'autorisation de Pierre ou de Paul,
simplement parce que sa conscience lui dit qu'il faut agir et vite.
« Beatus
homo qui invenit sapientiam… » lui lance Grand Sérieux
en lui servant un verre de vin… accompagné d'une bonne leçon de
bonheur via la sagesse.
Son
chef, le commissaire divisionnaire Berthaud, est maintenant à deux
doigts de le virer. En attendant, il l'a mis sur la touche et lui a
collé sur le dos une psy qui doit juger de sa capacité à rester
dans le métier.
Andreani
n'est pas du genre à attendre gentiment qu'on ait fini de lui poser
des questions. Il sait ce qu'il risque, mais impossible pour lui de
ne pas dire ce qu'il a à dire. Quitte à se réfugier après dans
l'alcool et le jazz, façon à lui de se vider la tête.
Bref,
il est plutôt tendu en ce moment, notre Andreani. Tendu et désoeuvré
puisque tant qu'on ne sait pas s'il est capable d'assumer son boulot,
aucune affaire ne lui sera confiée.
C'est
peut-être pour cela que, lorsque sa fille, Lisa, qui fait son
service civique dans une maison de retraite lui raconte qu'un vieil
homme sans numéro de sécu vient de mourir, ce petit détail retient
toute son attention. Il passe voir le seul type au monde qu'il
supporte et qui le supporte à peu près : son collègue
Couturier. Est-il possible qu'en France, à notre époque, un homme
puisse ne pas avoir de numéro de sécu ? Couturier trouve ça
bizarre lui aussi. Il va soumettre cette question à « sa
théorie du hasard et des phénomènes aléatoires » et
quand il aura une réponse, il rappellera.
Pendant
ce temps, Andreani file à la morgue et demande au légiste Legast (à
l'humour à deux balles) de jeter un petit coup d'oeil sur le cadavre
du vieux. Étrange, ce tatouage qu'il porte sur la nuque : « SO.
3-02. AB+ ».
Et
c'est loin d'être la seule chose étrange que Legast va découvrir…
Ils
sont deux derrière le pseudo Éric Todenne, deux auteurs : Éric
Damien et Teresa Todenhoefer, pour mettre en scène un duo de choc
comme on les aime : Philippe Andreani et Laurent Couturier, deux
flics avec leurs manies, leurs trucs et leurs tocs, leurs sale
caractère, leurs faiblesses et loin de se douter qu'ils mettent les
pieds dans une sale, une très sale affaire qui va les propulser dans
la guerre d'Algérie et la décolonisation. On les prévient, il vaut
mieux renoncer.
Mais
c'est ne pas les connaître…
Il
n'y a plus qu'à souhaiter la bienvenue dans le monde du noir à
Andreani et Couturier. On a déjà hâte de les retrouver !
Et
puis, à la première occas', je file au « Grand Sérieux »
parce que je goûterais bien le carré d'agneau en croûte d'herbes
et moutarde accompagné du petit Pauillac Lacoste Borie 2002… C'eût
été parfait pour le WE de Pâques...
Bonjour, je viens de commencer ce polar, j'aime beaucoup. J'ai appris que sous le nom d'Eric Todenne, il y avait deux personnes qui écrivaient. Bonne journée.
RépondreSupprimerJe viens de finir ce livre que j ai lu en une journée. très captivant . Et surtout beaucoup de souvenirs ...Nancy le grand sérieux ...où mon fils Mehdi allait régulièrement quel hasard ...où peut être pas..j ai adoré ..
RépondreSupprimerSans doute pas. Il n'y a pas de hasard.
SupprimerBien cordialement
Eric Todenne