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dimanche 1 octobre 2017

Bakhita de Véronique Olmi


Éditions Albin Michel
★★★★★ (J'ai adoré)

Si l'on m'avait dit que lire une histoire de sainte me mettrait dans un tel état, je n'y aurais pas cru. Eh bien, c'est chose faite avec Bakhita qui a littéralement épuisé ma réserve de mouchoirs en papier. Attention, il n'y a aucune ironie dans mes propos et je ne veux pas dire que c'est un livre à l'eau de rose, mélo à souhait, non, pas du tout, Bakhita est tout simplement un texte magnifique, d'une pure beauté, à l'image de la femme dont il peint la destinée. C'est un roman qui m'a complètement transportée, profondément bouleversée grâce à la langue de Véronique Olmi qui a su exprimer à la fois avec beaucoup de puissance et beaucoup de pudeur toutes les souffrances de Bakhita et la terrible et semble-t-il infinie violence des hommes.
Il est d'ailleurs difficile d'imaginer toute la violence que peut subir une jeune esclave enlevée enfant à sa famille habitant un petit village du Darfour, vendue par les uns, achetée par les autres, violée, battue, mal nourrie, assoiffée, obligée de marcher enchaînée sur des kilomètres en plein désert, de dormir au sol piétinée par des bêtes, contrainte d'assister à des scènes insoutenables de torture ou de meurtre et de se séparer toujours des êtres auxquels elle parvient à s'attacher.
Une vie en forme de chemin de croix...
La mort à côté est presque un soulagement, mais de la mort, Bakhita (« la chanceuse » surnommée ainsi par ses ravisseurs musulmans - quelle ironie !) n'en veut pas et toujours, elle s'accroche à la moindre petite étincelle qui la retient à la vie, aussi ténue soit elle.
Ces moments fugaces où elle regarde le ciel, la lune, les étoiles, contemple la beauté du monde, repense à sa famille, celle qui lui a donné un nom maintenant oublié, sont magnifiques et très émouvants. Purs moments de grâce, petites fenêtres qui lui permettent d'échapper par l'esprit, très ponctuellement, à l'enfer de sa vie, à l'inhumanité qui fait son quotidien. Quelle fascinante force mentale...
C'est en visitant l'église Saint-Jean-Baptiste à Langeais, ville près de laquelle Véronique Olmi possède une maison, que cette dernière découvre, à travers quelques photos, Bakhita. 
Elle est littéralement happée par ces portraits au point qu'elle abandonne le livre qu'elle était en train d'écrire et se lance dans des recherches qui vont la conduire à la rédaction de ce très beau roman.
Bakhita née et enlevée au Darfour en 1876 finira par échapper à ses nombreux tortionnaires en étant achetée par le consul italien de Khartoum, Calisto Legnani, qui va l'emmener en Italie où, après moult péripéties (car être noire en Italie, à cette époque, c'est être le diable), elle deviendra religieuse. Elle sera canonisée le 1er octobre 2000 par Jean-Paul II.
Ce roman fait ainsi le portrait d'une femme inoubliable, pleine d'humanité, dévouée corps et âme aux autres, se donnant sans compter jusqu'à la fin de son existence. C'est aussi une femme immensément amoureuse de la vie, ce qui lui a donné cette force extraordinaire, cette capacité de supporter la douleur, la souffrance.
Bakhita est aussi un livre qui nous rappelle que l'esclavage existe encore, que ce qu'a vécu cette femme, certains (es) - et ils/elles sont nombreux(ses) : quarante-six millions de personnes dans le monde ! - le vivent aujourd'hui, ne l'oublions surtout pas.
Enfin, Bakhita est aussi l'histoire d'une époque terrible - finalement, toutes les époques ne le sont-elles pas ?- où se mêlent esclavage, colonialisme, racisme, nazisme, fascisme et la pauvre Bakhita, à peine sortie de l'horreur la plus complète, replonge dans la Seconde Guerre Mondiale et ses conséquences désastreuses. Elle a à peine le temps de respirer un peu que le pire, de nouveau, est là. Quel destin terrible...

Pour moi, tout ça vaut bien un prix Goncourt, non ?

                             

2 commentaires:

  1. Tout le monde en parle, ma Petite Maman vient de l'acheter, elle me le prêtera donc.

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  2. Je pense que tu aimeras.En tout cas, prépare tes mouchoirs!

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