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jeudi 19 octobre 2017

David Bowie n'est pas mort de Sonia David


Éditions Robert Laffont
★★★★☆ (J'ai beaucoup aimé)

Il était une fois trois femmes, trois sœurs : Hélène qui joue le rôle de cadette et de narratrice, Émilie, la benjamine et Anne, l'aînée. Trois sœurs et trois façons d'être au monde. Trois caractères, trois personnalités, trois tempéraments et une seule mère ...
Dans cette famille, à une époque lointaine appelée enfance, Anne portait du bleu, Hélène du violet, Émilie du marron. C'était la mère, Édith, qui avait fait ce choix et on ne remettait pas en question l'autorité de celle qui décidait de tout et voulait tout contrôler. On obéissait, on se taisait. 
Les couleurs influencent-elles le caractère ? Oui, pense Hélène qui finalement avec son violet ne s'en était pas trop mal tirée. « Le bleu d'Anne : un gage de raison, de droiture, le sens des responsabilités. » Anne, la cinquantaine comme les trois autres, est effectivement devenue une fille organisée, réfléchie, qui n'embrasse pas, contient toujours ses émotions. 
Émilie, on s'en doutait, a toujours détesté sa couleur (le marron), elle est d'ailleurs maintenant persuadée qu'on ne l'a jamais vraiment aimée (à mon avis, je ne suis pas psy mais le marron doit y être pour quelque chose...), ni tenue dans les bras : elle est fragile, pas très sûre d'elle, ultra sensible et pleure pour un rien : « sa capacité de larmes est très supérieure à la moyenne ».
Et puis, il y a Hélène, la narratrice, qui dit ce qu'elle a à dire et qui a eu elle aussi des moments difficiles (le violet ?), elle qui a eu besoin qu'un psy lui dise, alors qu'elle n'avait que vingt-huit ans, « qu'on n'est pas obligé d'aimer sa mère » ouf, enfin, après cette révélation, elle avait pu vivre et souffler un peu...
Alors, le jour où la mère qui distribuait les couleurs disparaît, les filles se retrouvent. Celle qu'Hélène appelait « sa connasse de mère » n'est plus, celle qu'Hélène pensait « increvable » parce que « la méchanceté conserve » n'existe plus. « Je suis désarçonnée… de découvrir que l'on peut aimer tout de même quelqu'un que l'on n'aime pas. » remarque-t-elle finalement.
Elles se retrouvent toutes les trois dans l'appartement de la mère, un lieu où elles mettaient les pieds le moins souvent possible et elles contemplent ce territoire étranger rempli d'objets choisis méticuleusement un par un, aimés, chéris, plein de mille et une choses qui leur rappellent celle qu'elles ont à la fois tant détestée et tant aimée.
Elles sont là, un peu paumées parmi tout ça, bras ballants devant ce tri insurmontable qu'elles doivent faire et sans elle, la mère, dont la présence se loge dans chaque objet, chaque meuble, chaque tissu. Elles se retrouvent, resserrent les liens un peu distendus de la fratrie et soudain, l'enfance resurgit, intacte, entière, ainsi que le plaisir d'être ensemble, de se retrouver sœurs avant tout, loin des maris et des enfants.
«Nous expérimentons à nouveau l'évidence d'être une famille, chose étrange, dont on ne sait pas très bien s'arranger quand si longtemps nous nous en sommes fichues, chacune occupée à se dépêtrer de l'enfance. »
Chacune fera son deuil à sa façon, deuil qu'elles revivront bien rapidement avec la mort du père un an après.
J'ai beaucoup aimé ce roman, certainement en partie autobiographique, qui met en évidence toute la complexité des liens familiaux, les tensions, les haines et surtout tout l'amour qui est là, toujours présent, même dans les paroles les plus dures, les plus terrifiantes. Un récit très vivant, émouvant, tendre, joyeux (si, si!), des personnages attachants et drôles (ah l'humour décapant d'Hélène la narratrice!)… bref, tout ça est plein d'humanité et j'adore !

Et David Bowie dans tout ça ? Ah, il a sa place, vous verrez… et tant de choses à dire...

2 commentaires:

  1. Mouais.... Très déçue pour ma part ....je n'ai pas supporté le " ma connasse de mère " des premières pages, cela a mis ma lecture sous cette vulgarité initiale ...un livre "dispensable " à mes yeux en tout cas !

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  2. Oui, mais parfois ce que l'on dit dépasse ce que l'on pense... Prononcer ces mots, c'est aussi peut-être se protéger d'une réalité difficile à accepter (le fait que la mère soit morte). Dire cela (même si c'est vulgaire, je comprends ta réaction), c'est encore la faire exister, c'est dire les mots que l'on osait prononcer tant qu'elle était vivante. Et puis, il y a tellement d'amour dans ce livre... Si, si

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