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mercredi 26 février 2025

Ta promesse de Camille Laurens

Éditions Gallimard
★★★★★
(coup de coeur)

 Celles et ceux qui me connaissent savent que lorsque j’ouvre un roman je ne veux rien savoir à l’avance, ab-so-lu-ment rien, je ne lis jamais les 4es de couv et généralement, je me débrouille pour ne rien dévoiler dans mes chroniques mais là, je n’arrive pas à parler de ce livre sans en dire, me semble-t-il, un peu trop. Donc si vous ne l’avez pas encore lu, sachez que j’ai trouvé ce texte exceptionnel tant par l’écriture que par la construction. Voilà n’allez pas plus loin.

Pour les autres, je continue.

Claire Lancel (double de l’autrice?) est écrivaine. Elle vient de divorcer et n’est pas prête à se remettre en couple après les années de souffrance qu’elle a vécues avec son ex-mari. Elle veut respirer, être tranquille et enfin profiter de la vie. Mais elle va rencontrer Gilles, un spécialiste international de la marionnette. Il est beau, gentil, amoureux, aux petits soins. Comment résister ? Oui, comment résister à l’amour fou, à la passion (surtout à cinquante ans!) ?

Seulement, les premières pages du roman nous indiquent que Claire parle à son avocate. Visiblement, il y a eu un problème. Mais lequel ? (et là je peux vous dire que la révélation finale est assez incroyable et complètement inattendue!) C’est vraiment un intense thriller psychologique que l’on ne peut pas lâcher parce qu’on veut savoir ce qui s’est passé, comment cette femme inoffensive et sensible a pu se retrouver dans une telle situation.

En fait, c’est l’histoire d’une emprise amoureuse suivie d’un travail forcé et violent de désillusion, de déconstruction. En effet, Claire est victime d’un pervers narcissique pur jus, d’un homme qu’elle trouvait au début « complètement débile » et assez « con ». Et ce que je trouve extraordinaire dans ce roman, c’est la façon dont l’autrice décrit la mise en place de l’emprise insidieuse et l’étau qui se resserre progressivement sur la victime qui n’y voit que du feu. « Plus elle s’étiole, mieux tu te portes, moins elle vit, plus tu respires. » Camille Laurens dépeint avec une finesse incroyable les sentiments contradictoires de Claire et l’on voit très bien comment cette femme intelligente, lucide, très cultivée va devenir prisonnière de cet homme dominateur, un glaçant prédateur sous ses airs de playboy, au point de vouloir en mourir. Le sentiment amoureux est vraiment disséqué, analysé dans ses moindres aspects. L’écrivaine met en évidence les mécanismes pervers de la manipulation et du mensonge résumés en trois mots : « Séduire, réduire, détruire. ». Et c’est effrayant de noirceur et de violence. L’écriture de Camille Laurens est vraiment remarquable. Et s’il y a peu de livres récents que je relirai, je sais que je me replongerai rapidement dans ce roman magistral.


 

mercredi 5 février 2025

cinéma: Je suis toujours là de Walter Salles

★★★★★

 Les premières images sont d’une beauté absolue : elles montrent une famille heureuse vivant à Rio de Janeiro dans une grande maison bourgeoise face à la plage. Les gamins vont et viennent, jouent au volley, trouvent un chien sur la plage. On organise des goûters, on danse, on discute, on s’aime. Il y a des amis, des rires, du soleil… Et tout ça est filmé remarquablement, de façon très dynamique. Le réalisateur, Walter Salles, a eu l’idée géniale d’introduire des images prises par la petite caméra Super 8 de Veroca, la fille aînée du couple, ce qui crée un effet de réel saisissant. Et ça tombe bien parce que cette histoire est vraie ! Nous sommes en 1971, chez les Paiva. Le père, Ruben, ex-député du parti travailliste brésilien, a quitté ses fonctions et a repris son travail d’ingénieur. Il adore ses gamins et aime les taquiner… C’est une famille moderne et ouverte : on s’intéresse à la politique, à la littérature, à l’art. Mais cela ne plaît pas à tout le monde... En effet, la dictature militaire est au pouvoir et les convois militaires longent la plage. Ce qui se passe dans le pays est terrible : arrestations arbitraires, enlèvements, tortures etc. Et le pire est à craindre...

Les acteurs sont vraiment exceptionnels. « Je suis toujours là » est une fresque familiale forte et émouvante qui montre les combats de toute une famille contre l’oppression et la terreur.

C’est magnifique !



 






 

dimanche 2 février 2025

Après de Raphaël Meltz

★★★☆☆
Éditions Le Tripode

 Peut-être est-ce parce que j’en avais entendu des critiques très élogieuses… J’ai aimé ce texte mais honnêtement, je ne lui ai rien trouvé d’exceptionnel non plus.

Un père de famille trouve la mort et revient auprès des siens, sa femme et ses enfants, plus ou moins comme fantôme et les regarde évoluer dans une vie quotidienne faite de tristesse et de douleur puisqu’ils doivent dorénavant vivre sans lui. L’écriture est très simple pour dire ce temps du deuil, ce temps de l’après. Un texte sensible et délicat.