Éditions Rivages
★★★★☆ (J'ai beaucoup aimé)
Alors,
ce dernier Minard ? Eh bien, pour déménager, ça déménage !
Entrée in medias res, comme on dit : comprenez que la panique est totale, paroxystique : tout le monde est sur les dents et on n'est pas loin d'une atmosphère de quasi-fin du monde. Trois nanas aussi survoltées que déjantées se sont emparées de la cave à vins la plus sécurisée de Hong Kong, la « plus grande forteresse des vins d'Asie du Sud-Est » : douze bunkers enterrés à plus de vingt mètres du sol, portes blindées qui résisteraient à des obus, système d'ouverture par reconnaissance faciale, caméras de surveillance. Bref, la totale.
Entrée in medias res, comme on dit : comprenez que la panique est totale, paroxystique : tout le monde est sur les dents et on n'est pas loin d'une atmosphère de quasi-fin du monde. Trois nanas aussi survoltées que déjantées se sont emparées de la cave à vins la plus sécurisée de Hong Kong, la « plus grande forteresse des vins d'Asie du Sud-Est » : douze bunkers enterrés à plus de vingt mètres du sol, portes blindées qui résisteraient à des obus, système d'ouverture par reconnaissance faciale, caméras de surveillance. Bref, la totale.
Et
elles, les filles, elles sont tranquillement installées à
l'intérieur et s'amusent à faire péter les bouchons ou à jouer
aux quilles avec quelque Chambolle-Musigny premier cru ou un petit
Romanée-Conti de 1969… Je vous vois tourner de l'oeil… Et il y
a de quoi…
Ethan Coetzer, l'homme chargé de veiller sur ces bouteilles d'exception d'une valeur de trois cent cinquante millions de dollars, est à deux doigts de faire un arrêt cardiaque : tous les grands de ce monde lui ont confié leur inestimable liqueur tandis qu'il leur a assuré l'invulnérabilité absolue de son bunker ultra- moderne et ultra-sécurisé et évidemment imprenable.
Ethan Coetzer, l'homme chargé de veiller sur ces bouteilles d'exception d'une valeur de trois cent cinquante millions de dollars, est à deux doigts de faire un arrêt cardiaque : tous les grands de ce monde lui ont confié leur inestimable liqueur tandis qu'il leur a assuré l'invulnérabilité absolue de son bunker ultra- moderne et ultra-sécurisé et évidemment imprenable.
Et
elles sont là, ces trois folles échevelées, hurlantes et
tourbillonnantes sur leurs talons aiguilles, la Bombe, la Brune et la
Clown, maquillage outrancier, vêtements bigarrés, gestes
désordonnés et un brin obscènes… des Zébulon en pleine crise
d'hystérie... accompagnées d'un certain Illiad que je vous laisse
la joie de découvrir.
Mais
qui sont ces trois braqueuses sorties tout droit d'un carnaval de
cinglés ? Comment sont-elles entrées là ? Et SURTOUT,
que veulent-elles ? « Pour la brigade d'intervention,
(la question) la plus importante est « comment ». Pour
Jackie et pour le négociateur, c'est « qui ». Pour Ethan
Coetzer, c'est « pourquoi » Personne ne comprend rien
à ce truc de fou.
« Le
fait est qu'on ne peut pas dire si ce sont trois cinglées qui se
sont lancées dans un truc qui les dépasse complètement ou si ce
sont trois cinglées qui savent très bien ce qu'elles font. Et je ne
sais même pas ce qui serait préférable. » conclut Jackie
Thran, la cheffe de brigade, prête à lancer son équipe à l'assaut
de ces trois furies mais il faut d'abord tenter d'entrer en contact,
de négocier…
Il
y a bien un moyen de leur faire entendre raison…
Ajoutez
à cela un typhon imminent et vous imaginerez un peu mieux l'ambiance
électrique qui règne autour de ce fameux bunker !
Une
demande finit par arriver… Vous ne devinerez JAMAIS laquelle !!!
Règle
number one : lire ce texte d'UNE TRAITE. Impossible d'envisager
la chose autrement. Il s'avale d'un coup. Cul sec. De toute façon,
le présent de l'écriture vous happe littéralement tandis que le
suspense et le rythme frénétique vous scotcheront à votre siège.
C'est ultra-cinématographique. Hyper-visuel. Donc, pas de pause, ce
serait un contresens.
De
deux : n'oubliez pas que Bacchantes n'est pas
qu'un roman noir de braquage. Je pense plutôt que Céline Minard est
du genre à aimer mélanger les genres, détourner les codes et les
règles, lancer son lecteur sur de vraies-fausses pistes, des leurres
qui n'en sont pas tant que ça, au fond...
Je
crois que ce texte va bien au-delà de ce qu'il nous donne à voir et
que tout son sens est à chercher plutôt à la fois du côté de
l'esthétique, de la philosophie et pour ma part, je pense notamment
à la notion de divertissement - au sens pascalien du terme… Il me
semble qu'il est ici question de la nécessité que l'on peut
ressentir, à un moment donné de l'existence, de se détourner des
misères de la vie, de la pensée de la mort et ce, en faisant un
coup d'éclat qui soit aussi beau qu'un feu d'artifice...
J'y
vois aussi la volonté chez ces femmes de retrouver la vraie valeur
des choses (bien loin des notions d'argent, de placement, de
collection, synonymes de mort d'une certaine façon…)
Un
vin, ça se boit, point barre. Le reste, c'est de la foutaise.
Et
elles l'ont bien compris, les filles.
Ajoutons
à cela (mais tout est lié) une certaine recherche de la beauté
(une forme de contemplation) et un désir profond de jouissance
absolue (nécessaire pour que la vie vaille d'être vécue) et nous y
sommes.
En
deux mots : ces filles sont des philosophes qui passent à
l'action.
Parce
qu'il est temps (elles ne sont plus toutes jeunes), et qu'il faut
bien le faire un jour.
Lâchez-tout !
Et que ce soit grandiose !
Vous
tiendrez peut-être là le sens même de l'oeuvre...
Pertinente lecture d'un texte qui en effet va bien au-delà de la parodie du film de braquage, et le clin d'oeil à Euripide, notamment, ne m'a personnellement pas semblé innocent ...
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