Éditions de l'Observatoire
★★★☆☆☆ (un avis mitigé)
La
Haye, Pays-Bas, juin 2017 : un attentat vient d'être perpétré,
à l'heure du déjeuner, dans la cantine d'un établissement
scolaire, le lycée où travaille Alissa Zoubaïeva, professeur de
russe originaire de Tchétchénie.
Très vite, les informations tombent : c'est un gamin de l'école qui a posé la bombe, un Tchétchène. Alissa pense à Kirem Akhmaïev : comment a-t-elle pu ne rien voir, ne rien deviner ? Le frère de Kirem a été arrêté : il s'appelle Oumar et au moment de l'attentat, il se trouvait avec un ami dans un café où, après avoir passé son bac, il a trouvé du travail. Oumar vit une double vie et porte deux noms : pour sa famille, qui l'a rejoint aux Pays-Bas, il est Oumar le Tchétchène mais pour les autres, il est Adam, le Jordanien, celui qui aime les hommes. Si sa famille apprenait quoi que ce soit de cette double vie, ce serait pour lui la mort : être homosexuel en Tchétchénie est une honte absolue et vaut la mort. D'ailleurs, dans ce pays, il n'existe aucun mot pour désigner l'homosexualité sinon une périphrase : stigal basakh vol stag « homme couleur de ciel ». C'est pourquoi Oumar se fait le plus discret possible.
Très vite, les informations tombent : c'est un gamin de l'école qui a posé la bombe, un Tchétchène. Alissa pense à Kirem Akhmaïev : comment a-t-elle pu ne rien voir, ne rien deviner ? Le frère de Kirem a été arrêté : il s'appelle Oumar et au moment de l'attentat, il se trouvait avec un ami dans un café où, après avoir passé son bac, il a trouvé du travail. Oumar vit une double vie et porte deux noms : pour sa famille, qui l'a rejoint aux Pays-Bas, il est Oumar le Tchétchène mais pour les autres, il est Adam, le Jordanien, celui qui aime les hommes. Si sa famille apprenait quoi que ce soit de cette double vie, ce serait pour lui la mort : être homosexuel en Tchétchénie est une honte absolue et vaut la mort. D'ailleurs, dans ce pays, il n'existe aucun mot pour désigner l'homosexualité sinon une périphrase : stigal basakh vol stag « homme couleur de ciel ». C'est pourquoi Oumar se fait le plus discret possible.
Il
est arrêté car la police se demande dans quelle mesure il est
impliqué dans cette affaire…
Nous
suivons alternativement le point de vue d'Alissa et celui d'Oumar, ce
qui nous permet de comprendre de quelle façon ils vivent de
l'intérieur les événements : j'ai trouvé assez intéressante
la réaction d'Alissa lorsqu'elle apprend que son ancien élève
Oumar est homosexuel. En effet, cette femme qui vit depuis plusieurs
années à La Haye a encore du mal à accepter ce fait. On sent chez
elle tout le poids des traditions qui l'empêchent encore de penser
librement.
De
même, on perçoit assez précisément la façon dont Oumar comprend
que s'il sort de prison, il sera assassiné : finalement, dans
son cas, la prison est un lieu terrible mais dans lequel
paradoxalement, il se sent protégé.
Le
roman met bien en évidence le fait qu'il est difficile d'échapper à
sa culture d'origine, bien compliqué de s'intégrer dans un nouveau
pays, quasiment impossible, au fond, d'être soi-même dans un pays
comme la Hollande qui se veut pourtant libre et ouvert.
L'auteur
(actuellement journaliste à Chypre pour l'AFP) a travaillé cinq ans
en Russie et a séjourné en Tchétchénie où elle s'est intéressée
aux persécutions que vivent les homosexuels. Elle connaît donc très
bien le sujet et on le sent à la lecture de ce texte.
Si
j'ai lu ce roman avec intérêt, j'avoue avoir eu du mal à « entrer
dedans ». J'ai trouvé en effet que certaines situations
sonnaient faux ou n'étaient pas crédibles, par exemple la réaction
des enseignants au moment de l'attentat : je n'imagine pas une
seule seconde des professeurs qui, après un attentat dans leur
établissement, seraient « au meilleur de leur forme,
galvanisés par les circonstances exceptionnelles, grisés d'être au
coeur de l'actualité internationale. » J'avoue même avoir
été un peu choquée par ces phrases ! Je m'étonne aussi de la
naïveté d'une remarque comme celle-ci, toujours au sujet des
enseignants : « La liste des élèves tués fut
commentée abondamment. Certains regards s'embuèrent de larmes,
quand bien même ils s'étaient plaints à chaque cours de l'élève
trop bavard, paresseux, insolent, bruyant... »
Par
ailleurs, la réaction de l'ami d'Alissa, Hendrik , me paraît
tellement stupéfiante que j'ai vraiment eu beaucoup de mal à y
croire, même en partant du postulat que cet homme est un abruti
complet : immédiatement après avoir annoncé l'attentat à son
amie, il lui dit : « N'y pense pas trop… Essaie de
te reposer. Fais-toi un thé. » (!) avant de lui rappeler
qu'ils doivent se retrouver tous les deux le soir même au
restaurant ! (Ben voyons!) Et il l'attend toute une soirée dans
ledit restaurant, visiblement sans bien comprendre pourquoi elle ne
vient pas... Elle va même jusqu'à devoir s'excuser « Pardon,
c'était compliqué hier. » (Ah bon pourquoi ? - Quel
bel euphémisme, s'il en est!!!) Le même personnage, Hendrik, arrive
et découvre la porte de l'appartement de son amie complètement
pulvérisée par la police (je devrais dire l'absence de porte
d'ailleurs) et le voilà demandant à Alissa « -Tu t'es fait
cambrioler ? » Je rêve ! (Si la situation
n'était pas tragique, on aurait envie de rire) Et le même individu,
après avoir dégusté une tarte, interroge la jeune femme : « Qui
de ses élèves était mort ? Étaient-ce ses
préférés ? » J'ai du mal à croire à de telles
réactions. Vous me direz que ce sont des détails mais ils m'ont
vraiment empêchée d'entrer pleinement dans ce texte.
Je
m'interroge aussi beaucoup sur le jugement final : Alissa écope
« d'un an avec sursis, avec interdiction à vie
d'enseigner »… MAIS POURQUOI ??? QU'A-T-ELLE
FAIT ??? QUI PEUT M'EXPLIQUER ??? « La cour avait
estimé que la dernière rédaction de Kirem, si Alissa l'avait lue à
temps, aurait pu éviter le massacre. » (????) Promis, je
corrigerai mes copies dans les temps dorénavant ! Trêve de
plaisanterie, expliquez-moi, je n'ai peut-être pas tout compris,
mais de quelle faute s'est-elle rendue coupable ? De n'avoir pas vu
un de ses élèves se radicaliser ? Est-ce si simple ?
Encore
une fois, ces éléments et d'autres me paraissent tellement
invraisemblables qu'ils m'ont empêchée d'adhérer pleinement à
cette histoire.
Je
n'ai pas non plus senti vraiment l'émotion (et dans une telle
situation elle doit forcément être immense!) des personnages
principaux ou secondaires ou du moins, pas suffisamment.
Bon,
serait-ce que l'enseignante que je suis ne s'y est pas vraiment
retrouvée ? En tout cas, mon impression reste un peu mitigée
sur ce roman. Pour être honnête, je pensais qu'avec la matière
dont disposait l'auteur, sa connaissance de la Tchétchénie et des
persécutions que subit la population homosexuelle, ce texte allait
me toucher, m'émouvoir davantage... Du reste, ce n'est que mon petit
avis parmi une foule de chroniques unanimement élogieuses...
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